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Par Aziz Boucetta
Un discours qui met du baume au cœur ! Cela fait toujours plaisir de savoir qu’on a gagné, ou qu’on est en bonne voie pour. Dans son discours d’ouverture de la session d’automne du parlement, le roi Mohammed VI ne dit pas autre chose, et il appelle à maintenir le front intérieur, dense et compact, pour emporter les dernières phases de cette longue guerre diplomatico-juridique qu’est la question du Sahara.
Le discours est entièrement orienté « provinces du Sud ». Contrairement à l’habitude royale qui consiste à réserver le Sahara au discours de la Marche Verte et l’ouverture de la saison politique au discours d’ouverture du parlement. Mais cette prise de parole royale est la première après la très importante reconnaissance française de la marocanité des provinces sahariennes, très importante car, dit le roi, cette reconnaissance est « portée par un grand pays, doté du statut de membre permanent au Conseil de Sécurité, (…) reconnu comme un acteur influent de la scène internationale [et possédant] une connaissance pointue de la nature et des soubassements de ce conflit régional ». Reconnaissance très importante car la France sait et que les autres pays, sachant qu’elle sait, scrutaient sa position.
Pour rappel, le 30 juillet, Emmanuel Macron avait adressé au roi un message dans lequel il considère que « le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », ce à quoi le souverain avait répondu en indiquant que la France est « un intime connaisseur du passé et du présent de l’Afrique du Nord et témoin privilégié de l’évolution de ce différend régional ». Il est vrai. Et voilà raccordés le passé, le présent et l’avenir du Sahara.
Avec le soutien explicite de l’Espagne au plan d’autonomie marocain, l’Espagne étant l’ancienne puissance coloniale, elle aussi « intime connaisseuse du passé et du présent de l’Afrique du Nord », la légitimité de ce que les Marocains revendiquent depuis un demi-siècle est de plus en plus affirmée. Et quand on sait la reconnaissance américaine (malgré les sinuosités du duo Biden/Blinken) et les accords de pêche conclus avec la Russie et incluant le large du Sahara, on peut dire que l’affaire est conclue.
Tout cela, en plus des adhésions arabes, africaines, européennes, et autres à la légitimité marocaine, n’est aucunement le fruit du hasard. C’est le résultat, l’aboutissement, comme le dit le roi, d’une politique, sereine certes mais alliant proactivité, fermeté et constance. Parfois même agacement, pourrait-on ajouter, comme l’indique l’instauration du fameux prisme pour que s’y inscrive qui veut, et s’en exclue qui veut.
Il faut reconnaître et dire que ce prisme, défini par Mohammed VI en août 2022, a porté ses effets de la manière la plus éclatante qui soit. Et c’était destiné essentiellement à la France, en raison de son rôle historique dans l’affaire du Sahara, de sa position permanente et influente au Conseil de sécurité et dans la région et de l’opacité qui a entouré sa position tout au long des 50 dernières années, bien que les Français – ce sur quoi ils insistent lourdement – aient toujours soutenu le Maroc dans les aréopages internationaux…
Avec cette reconnaissance française, nous y sommes presque, donc… mais il reste cependant un dernier effort, dit le roi aux parlementaires et, à travers eux, à l’ensemble des Marocains : « la prochaine étape exige de tous un surcroît de mobilisation et de vigilance pour conforter durablement la position de notre pays, et il importe de continuer à plaider la justesse de notre Cause et à contrecarrer les manœuvres des adversaires. (…) Cette démarche exige de mutualiser les efforts de toutes les institutions et les instances nationales officielles, partisanes et civiles ».
Pour cela, le souverain demande aux parlementaires de mieux s’organiser, de davantage s’impliquer, de plus correctement se coordonner, et surtout de construire des « structures internes adaptées, dotées de profils qualifiés et en appliquant les critères de compétence et de spécialisation dans le choix des délégations » à l’étranger. Les voyages pour les voyages, c’est fini ; les copinages et autres parachutages, c’est aussi fini ! Les compétences parlementaires doivent être mobilisées et la diplomatie doit apprendre à mutualiser son action à tous, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui.
Mais en remerciant l’ensemble des Marocains, le roi Mohammed VI confirme et affirme l’adhésion, la belle et admirable adhésion des Marocains à leur cause nationale, par le discours et par l’humour, par la persuasion et l’engagement, par les contre-attaques et les mobilisations, sur les réseaux ou à la plage, dans les médias ou dans les salons, partout, par tous, tout le temps. C’est remarquable et le roi l’a remarqué.
La diplomatie marocaine doit également s’ouvrir sur cette frange de la société qui soutient son action, qui lui sert de filet et de support, qui lui offre sa légitimité et lui permet son efficacité. Les livres pleuvent sur le Sahara et la légitimité de la position marocaine, d'Abdallah Laroui à Samir Bennis, en passant par Ali Achour ou Rahal Benbri, les médias sont en rang serré, les universitaires font bloc. Il appartient à la diplomatie marocaine de considérer tout cela et tous ceux-là, car ce nest pas le cas.
Les Marocains, partis, associations, simples citoyens, grands et petits, instruits ou pas, sont depuis plusieurs années sur le qui-vive, sur le pied de guerre pour favoriser la paix. Mais il faut les impliquer leur expliquer, communiquer… Ce n’est pas le tempérament de la diplomatie actuelle, et il faudrait qu’il le devienne.
« Allez, un dernier effort ! », dit en substance le souverain. Nous y sommes tous prêts !
Aziz Boucetta / (Billet 1074) – Mohammed VI : ''Pour notre Sahara, allez, la dernière ligne droite !'' (panorapost.com)
Le discours est entièrement orienté « provinces du Sud ». Contrairement à l’habitude royale qui consiste à réserver le Sahara au discours de la Marche Verte et l’ouverture de la saison politique au discours d’ouverture du parlement. Mais cette prise de parole royale est la première après la très importante reconnaissance française de la marocanité des provinces sahariennes, très importante car, dit le roi, cette reconnaissance est « portée par un grand pays, doté du statut de membre permanent au Conseil de Sécurité, (…) reconnu comme un acteur influent de la scène internationale [et possédant] une connaissance pointue de la nature et des soubassements de ce conflit régional ». Reconnaissance très importante car la France sait et que les autres pays, sachant qu’elle sait, scrutaient sa position.
Pour rappel, le 30 juillet, Emmanuel Macron avait adressé au roi un message dans lequel il considère que « le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », ce à quoi le souverain avait répondu en indiquant que la France est « un intime connaisseur du passé et du présent de l’Afrique du Nord et témoin privilégié de l’évolution de ce différend régional ». Il est vrai. Et voilà raccordés le passé, le présent et l’avenir du Sahara.
Avec le soutien explicite de l’Espagne au plan d’autonomie marocain, l’Espagne étant l’ancienne puissance coloniale, elle aussi « intime connaisseuse du passé et du présent de l’Afrique du Nord », la légitimité de ce que les Marocains revendiquent depuis un demi-siècle est de plus en plus affirmée. Et quand on sait la reconnaissance américaine (malgré les sinuosités du duo Biden/Blinken) et les accords de pêche conclus avec la Russie et incluant le large du Sahara, on peut dire que l’affaire est conclue.
Tout cela, en plus des adhésions arabes, africaines, européennes, et autres à la légitimité marocaine, n’est aucunement le fruit du hasard. C’est le résultat, l’aboutissement, comme le dit le roi, d’une politique, sereine certes mais alliant proactivité, fermeté et constance. Parfois même agacement, pourrait-on ajouter, comme l’indique l’instauration du fameux prisme pour que s’y inscrive qui veut, et s’en exclue qui veut.
Il faut reconnaître et dire que ce prisme, défini par Mohammed VI en août 2022, a porté ses effets de la manière la plus éclatante qui soit. Et c’était destiné essentiellement à la France, en raison de son rôle historique dans l’affaire du Sahara, de sa position permanente et influente au Conseil de sécurité et dans la région et de l’opacité qui a entouré sa position tout au long des 50 dernières années, bien que les Français – ce sur quoi ils insistent lourdement – aient toujours soutenu le Maroc dans les aréopages internationaux…
Avec cette reconnaissance française, nous y sommes presque, donc… mais il reste cependant un dernier effort, dit le roi aux parlementaires et, à travers eux, à l’ensemble des Marocains : « la prochaine étape exige de tous un surcroît de mobilisation et de vigilance pour conforter durablement la position de notre pays, et il importe de continuer à plaider la justesse de notre Cause et à contrecarrer les manœuvres des adversaires. (…) Cette démarche exige de mutualiser les efforts de toutes les institutions et les instances nationales officielles, partisanes et civiles ».
Pour cela, le souverain demande aux parlementaires de mieux s’organiser, de davantage s’impliquer, de plus correctement se coordonner, et surtout de construire des « structures internes adaptées, dotées de profils qualifiés et en appliquant les critères de compétence et de spécialisation dans le choix des délégations » à l’étranger. Les voyages pour les voyages, c’est fini ; les copinages et autres parachutages, c’est aussi fini ! Les compétences parlementaires doivent être mobilisées et la diplomatie doit apprendre à mutualiser son action à tous, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui.
Mais en remerciant l’ensemble des Marocains, le roi Mohammed VI confirme et affirme l’adhésion, la belle et admirable adhésion des Marocains à leur cause nationale, par le discours et par l’humour, par la persuasion et l’engagement, par les contre-attaques et les mobilisations, sur les réseaux ou à la plage, dans les médias ou dans les salons, partout, par tous, tout le temps. C’est remarquable et le roi l’a remarqué.
La diplomatie marocaine doit également s’ouvrir sur cette frange de la société qui soutient son action, qui lui sert de filet et de support, qui lui offre sa légitimité et lui permet son efficacité. Les livres pleuvent sur le Sahara et la légitimité de la position marocaine, d'Abdallah Laroui à Samir Bennis, en passant par Ali Achour ou Rahal Benbri, les médias sont en rang serré, les universitaires font bloc. Il appartient à la diplomatie marocaine de considérer tout cela et tous ceux-là, car ce nest pas le cas.
Les Marocains, partis, associations, simples citoyens, grands et petits, instruits ou pas, sont depuis plusieurs années sur le qui-vive, sur le pied de guerre pour favoriser la paix. Mais il faut les impliquer leur expliquer, communiquer… Ce n’est pas le tempérament de la diplomatie actuelle, et il faudrait qu’il le devienne.
« Allez, un dernier effort ! », dit en substance le souverain. Nous y sommes tous prêts !
Aziz Boucetta / (Billet 1074) – Mohammed VI : ''Pour notre Sahara, allez, la dernière ligne droite !'' (panorapost.com)