Ils arrivent souvent à vélo, parlent de compost avec passion, citent Vandana Shiva et boivent des infusions maison. Qui sont-ils ? Les nouveaux prêtres verts du monde rural : les agroécologues. Et cette année, ils ont une scène au SIAM 2025. Mieux : un programme entier rien que pour eux — IHYAE, ça sonne comme une incantation, et ça tombe bien. L’agroécologie est presque une magie : elle transforme le fumier en fertilité, les feuilles mortes en espoir.

Mais derrière les sourires barbus et les semis manuels, il y a un vrai projet politique : reprendre le contrôle sur les pratiques agricoles, reconnecter la terre avec le vivant, et replacer le paysan au cœur du système. Finis les bidons d’engrais chimiques, place aux extraits de plantes et aux rotations de cultures. L’agroécologie ne veut pas nourrir le monde, elle veut le soigner.

Et voilà que l’agroécologie croise l’entrepreneuriat rural. Deux mondes que tout oppose, mais que le Maroc tente de marier. L’un parle résilience, l’autre parle business plan. L’un parle micro-organismes, l’autre ROI. Et pourtant… ça fonctionne parfois. Les jeunes ruraux qui refusent l’exode inventent de nouveaux modèles : microfermes, transformation locale, circuits courts, vente directe. Ça sent bon le basilic, mais aussi le courage.

Le SIAM 2025 les met en lumière. Mais attention : ce n’est pas un conte de fées. Les freins sont nombreux. Accès au foncier ? Compliqué. Aides publiques ? Encore trop rares. Regard de l’administration ? Parfois méfiant. L’agroécologie reste une résistance silencieuse. Et l’entrepreneuriat rural, un oxymore tant que les infrastructures de base sont absentes.

L’agroécologie a bon dos. Elle fait bien sur les affiches, dans les discours, dans les labos. Mais qui la pratique vraiment ? Une minorité. Une élite parfois, formée, connectée, soutenue par des ONG ou des appels à projets. Pendant ce temps, la majorité des agriculteurs reste coincée entre endettement, désenchantement et dépendance aux intrants. L’agroécologie risque alors de devenir… un entre-soi. Une bulle verte qui parle d’insectes auxiliaires, pendant que d’autres parlent simplement de survie. Pour que l’agroécologie change le monde rural, il faut qu’elle sorte de sa niche. Et qu’on accepte que parfois, elle commence par des choses très simples… et très peu sexy.

Et que serait l’agroécologie sans ses graines ? Pour comprendre le présent agricole, il faut creuser dans le passé génétique. Direction : les semences. Là où se joue la véritable souveraineté du sol.