Par Naim Kamal
Vendredi 8 septembre 2023, 23h 11’. La terre a tremblé, les fenêtres ont vibré, mais, depuis Rabat, une fois passé les interminables 20 ou 30 secondes qu’a duré la secousse tellurique, on étaient beaucoup à croire que c’était une alerte comme les autres.
Plus de peur que de mal. De mémoire d’homme, la mienne, la plus marquante est celle de 1969 en pleine ‘’Fête du mouton’’. La première que j’ai connue. Depuis, il y a eu à intervalle plus ou moins régulier, deux ou trois secousses de la même magnitude.
Je suis de ceux qui sont donc revenus dormir, sûrs que la vie va reprendre son cours normal. Le lendemain au réveil, le réflexe est de consulter les informations. L’étonnement est la première réaction à ce bilan qui fait état de 296 morts dans une région que l’on ne croyait pas, allez savoir pourquoi, exposée aux séismes.
Deux ou trois heures plus tard, à l’étonnement succède l’effarement à la vue du deuxième bilan : 820 morts, 672 blessés, dont 205 dans un état grave. Candidat donc à l’alourdissement. On commence à imaginer le pire quand le troisième bilan tombe : 1305 décès, 1.832 blessés, dont 1220 dans un état grave. Le pire n’est plus à imaginer, il est là, accompagné de son lot d’images et de vidéos sur les réseaux sociaux. Il ne s’arrêtera plus tout au long des trois jours qui suivent et continueront pour longtemps encore.
Commence le tour du monde en zapping. Partout, le Maroc est L’actualité. Comme en raffolent les chaines de l’information en continu. Celle qui de sang nourrit l’audimat. C’est comme ça et pas autrement. Un bémol, l’information bien sûr, les témoignages d’amitiés, les messages de sympathie et les propositions d’aide et de soutien qui affluent de toute part.
On seraient presque heureux d’être ainsi devenus le centre du monde. On a l’impression d’être aimés. Pour quelque temps. Forcément.
La vérité est que vite la sidération se substitue à l’effarement. Après trois ans de Covid émaillés de confinements, face à une sécheresse tenace, dans l’engrenage de la crise mondiale provoquée par la guerre d’Ukraine, on n’avaient vraiment pas besoin de ça.
Mais comme le répètent ceux qui sont aux prises directes avec les effets dévastateurs du séisme, Hamdou allah, Dieu en a voulu ainsi. A Lui nous sommes et à Lui nous retournons. Puis crâneurs : on en a vu d’autres.
Une douleur engourdissante s’empare du pays. Qui se ressaisit rapidement dans un élan de solidarité et de générosité comme on en a vu aussi.
Le tour des médias nationaux et internationaux continue de nous renvoyer en instantané les images de notre drame national. Le Roi est en train de rentrer et, oui, n’en déplaise à des médias français, on l’attend, on est suspendu à ce qu’il va faire et non pas à ce qu’il va twiter, et c’est du Roi qu’on a besoin aujourd’hui.
Vous ne l’avez pas compris quand vos forces d’occupation ont exilé son grand-père, Mohammed V, vous ne le comprendrez pas plus aujourd’hui.
On mélange les torchons et les serviettes, la reconnaissance de la marocanité du Sahara et l’acceptation de l’aide, on trouve même le moyen de repérer un dénominateur commun aux pays dont le Maroc a déjà autorisé à lui apporter leur soutien : ils seraient tous des monarchies. Heureusement pour ces savants commentateurs, le ridicule n’a pas les mêmes effets que le séisme d’Al Haouz marocain.
Pourtant, la couverture que font les médias français du dramatique évènement nous surprend presque au début. Tiens, ils sont tout de même capables d’empathie. On a presque envie de les palper pour vérifier que ce n’est pas un fake fabriqué à l’aide de l’intelligence artificielle.
Trop beau... L’aphorisme est du romain Horace, mais dans sa version française, il donne : chassez le naturel, il revient au galop. Rapidement, l’empathie initiale se transforme en voyeurisme charognard.
Comment ça, Le Petit Marocain -(ainsi s’appelait un journal colonial au Maroc) - ne se précipite pas sur la proposition d’aide française ? Non, mais …
Ils vont voir ce qu’ils vont voir et on va leur en faire voir.
Plus de peur que de mal. De mémoire d’homme, la mienne, la plus marquante est celle de 1969 en pleine ‘’Fête du mouton’’. La première que j’ai connue. Depuis, il y a eu à intervalle plus ou moins régulier, deux ou trois secousses de la même magnitude.
Je suis de ceux qui sont donc revenus dormir, sûrs que la vie va reprendre son cours normal. Le lendemain au réveil, le réflexe est de consulter les informations. L’étonnement est la première réaction à ce bilan qui fait état de 296 morts dans une région que l’on ne croyait pas, allez savoir pourquoi, exposée aux séismes.
Deux ou trois heures plus tard, à l’étonnement succède l’effarement à la vue du deuxième bilan : 820 morts, 672 blessés, dont 205 dans un état grave. Candidat donc à l’alourdissement. On commence à imaginer le pire quand le troisième bilan tombe : 1305 décès, 1.832 blessés, dont 1220 dans un état grave. Le pire n’est plus à imaginer, il est là, accompagné de son lot d’images et de vidéos sur les réseaux sociaux. Il ne s’arrêtera plus tout au long des trois jours qui suivent et continueront pour longtemps encore.
Commence le tour du monde en zapping. Partout, le Maroc est L’actualité. Comme en raffolent les chaines de l’information en continu. Celle qui de sang nourrit l’audimat. C’est comme ça et pas autrement. Un bémol, l’information bien sûr, les témoignages d’amitiés, les messages de sympathie et les propositions d’aide et de soutien qui affluent de toute part.
On seraient presque heureux d’être ainsi devenus le centre du monde. On a l’impression d’être aimés. Pour quelque temps. Forcément.
La vérité est que vite la sidération se substitue à l’effarement. Après trois ans de Covid émaillés de confinements, face à une sécheresse tenace, dans l’engrenage de la crise mondiale provoquée par la guerre d’Ukraine, on n’avaient vraiment pas besoin de ça.
Mais comme le répètent ceux qui sont aux prises directes avec les effets dévastateurs du séisme, Hamdou allah, Dieu en a voulu ainsi. A Lui nous sommes et à Lui nous retournons. Puis crâneurs : on en a vu d’autres.
Une douleur engourdissante s’empare du pays. Qui se ressaisit rapidement dans un élan de solidarité et de générosité comme on en a vu aussi.
Le tour des médias nationaux et internationaux continue de nous renvoyer en instantané les images de notre drame national. Le Roi est en train de rentrer et, oui, n’en déplaise à des médias français, on l’attend, on est suspendu à ce qu’il va faire et non pas à ce qu’il va twiter, et c’est du Roi qu’on a besoin aujourd’hui.
Vous ne l’avez pas compris quand vos forces d’occupation ont exilé son grand-père, Mohammed V, vous ne le comprendrez pas plus aujourd’hui.
On mélange les torchons et les serviettes, la reconnaissance de la marocanité du Sahara et l’acceptation de l’aide, on trouve même le moyen de repérer un dénominateur commun aux pays dont le Maroc a déjà autorisé à lui apporter leur soutien : ils seraient tous des monarchies. Heureusement pour ces savants commentateurs, le ridicule n’a pas les mêmes effets que le séisme d’Al Haouz marocain.
Pourtant, la couverture que font les médias français du dramatique évènement nous surprend presque au début. Tiens, ils sont tout de même capables d’empathie. On a presque envie de les palper pour vérifier que ce n’est pas un fake fabriqué à l’aide de l’intelligence artificielle.
Trop beau... L’aphorisme est du romain Horace, mais dans sa version française, il donne : chassez le naturel, il revient au galop. Rapidement, l’empathie initiale se transforme en voyeurisme charognard.
Comment ça, Le Petit Marocain -(ainsi s’appelait un journal colonial au Maroc) - ne se précipite pas sur la proposition d’aide française ? Non, mais …
Ils vont voir ce qu’ils vont voir et on va leur en faire voir.
De retour sur ce terrain familier, nos amis les médias français et le gotha parisien se donnent à cœur joie. Peu leur importe le deuil du Le Petit Marocain. Ils n’ont que faire de la complexité et de la nature du terrain montagneux de la région victime et de l’éparpillement des hameaux du drame sur des kilomètres de distance. Rien à cirer non plus si on est à peine à moins de vingt-quatre heures de la secousse.
Comme leur sont égales les vastes actions de solidarité qui se sont mises en mouvement au Royaume chérifien et les dispositions prises par les autorités. Et c’est du pareil au même si les Forces Armées Royales, habitués des scènes de drame un peu partout dans le monde, étaient en train de se déployer.
Une chose, une seule, les préoccupe : Pourquoi le Maroc de Mohammed VI ne s’est pas jeté sur la proposition d’aide de Sa Majesté la France ?! Un lèse.
La Une de Libé, l’ex-journal des gauchos, est à la dé-mesure de la blessure de l’amour propre. Elle crève le mur de l’infamie. Et pour ne rien changer, le journal Le Monde n’est pas du reste. Il s’étonne presque que Marrakech renoue sans attendre avec la vie. A coté d’un article qui part à la charge au bulldozer contre le Roi Mohammed VI, ce qu’il écrit dans un autre est un morceau d’anthologie à porter aux annales du journalisme : « Il flotte dans la ville de Marrakech un étrange parfum d’insouciance.
Deux jours après le séisme de magnitude 7 qui a frappé la ville et sa région, les terrasses sont bondées, les calèches vertes, emblèmes de la cité, circulent avec leur lot de touristes à bord, et les grands hôtels affichent quasiment complet(*). En ce mois de septembre, la première ville touristique du Maroc commence à vivre sa haute saison, synonyme de pic de fréquentation. Presque comme si de rien n’était. »
Presque comme si de rien n’était. Eh oui, c’est ça le Maroc. Et il va bien falloir qu’un jour la France s’y fasse. Et pour l’amour de ciel – ou plutôt pas le ciel, ce n’est pas votre truc, le ciel – pour l’amour de ce que vous voulez, TAI - SEZ – VOUS !
Rédigé par Naim Kamal sur Quid
Comme leur sont égales les vastes actions de solidarité qui se sont mises en mouvement au Royaume chérifien et les dispositions prises par les autorités. Et c’est du pareil au même si les Forces Armées Royales, habitués des scènes de drame un peu partout dans le monde, étaient en train de se déployer.
Une chose, une seule, les préoccupe : Pourquoi le Maroc de Mohammed VI ne s’est pas jeté sur la proposition d’aide de Sa Majesté la France ?! Un lèse.
La Une de Libé, l’ex-journal des gauchos, est à la dé-mesure de la blessure de l’amour propre. Elle crève le mur de l’infamie. Et pour ne rien changer, le journal Le Monde n’est pas du reste. Il s’étonne presque que Marrakech renoue sans attendre avec la vie. A coté d’un article qui part à la charge au bulldozer contre le Roi Mohammed VI, ce qu’il écrit dans un autre est un morceau d’anthologie à porter aux annales du journalisme : « Il flotte dans la ville de Marrakech un étrange parfum d’insouciance.
Deux jours après le séisme de magnitude 7 qui a frappé la ville et sa région, les terrasses sont bondées, les calèches vertes, emblèmes de la cité, circulent avec leur lot de touristes à bord, et les grands hôtels affichent quasiment complet(*). En ce mois de septembre, la première ville touristique du Maroc commence à vivre sa haute saison, synonyme de pic de fréquentation. Presque comme si de rien n’était. »
Presque comme si de rien n’était. Eh oui, c’est ça le Maroc. Et il va bien falloir qu’un jour la France s’y fasse. Et pour l’amour de ciel – ou plutôt pas le ciel, ce n’est pas votre truc, le ciel – pour l’amour de ce que vous voulez, TAI - SEZ – VOUS !
Rédigé par Naim Kamal sur Quid