Les pharmaciens du Maroc devraient en principe organiser leurs élections ordinales en juillet 2021. Mais il semblerait que des barrages sont mis en place pour ne pas respecter cette échéance. Cela même a poussé le ministre de la santé et le Secrétariat Général du Gouvernement (SGG) a interpellé cette instance à respecter la loi qui régit cette profession. Pour en savoir plus sur cette question, lodj a rencontré Dr Abderrahim DERRAJI, docteur en pharmacie, qui suit depuis des décennies le secteur de la pharmacie, notamment à travers son site pharmacie.ma ainsi qu’à travers sa newsletter PharmaNEWS qui est à son 577 ème numéro.
Dr Anwar CHERKAOUI : on observe ces derniers temps des soubresauts au sein de la communauté des pharmaciens. De quoi s'agit-il ?
Dr Abderrahim DERRAJI : Le 29 mars dernier, le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb a adressé au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et aux deux présidents des conseils régionaux des pharmaciens d’officine un courrier par lequel il leur a demandé d’organiser les élections au plus tard au mois de juillet prochain. La correspondance de la tutelle va dans le même sens que le courrier du secrétaire général du Gouvernement (SGG) qui a également demandé aux présidents des conseils d’organiser les élections, sachant que le ministre de l’Intérieur ne voit pas d’inconvénient à ce que celles-ci puissent avoir lieu. La seule condition qu’il a posée est le respect des mesures sanitaires dictées par la pandémie.
Dr Anwar CHERKAOUI : Pourquoi donc ces élections ne se sont elles pas programmées dans les délais impartis ?
Dr Abderrahim DERRAJI: Les élections de mi-mandat des deux conseils régionaux auraient dû en principe être organisées au mois d’août 2017, mais le fameux «yomkino», une erreur de traduction des textes entre le français et l'arabe, a été exploitée pour ne pas organiser les élections. Pire, même les élections de fin de mandat qui aurait dû avoir lieu au mois d’août 2019 ont été reportées, soi-disant pour attendre la régionalisation, sachant que la mise en place d’un tel projet, va probablement demander plusieurs mois, si ce n'est pas une année ou deux !
Et j’espère que la réaction du ministre de la Santé va mettre fin à la situation d’illégalité que connaissent nos instances dans une période de tumultes où les pharmaciens n’ont jamais eu autant besoin d’instances légitimes, crédibles et efficaces.
Dr Anwar CHERKAOUI : on sent qu’il y a des nuages qui obscurcissent le ciel des pharmaciens au Maroc ?
Dr Abderrahim DERRAJI : Il faut dire que nos instances ne sont pas à leur première irrégularité. On se rappelle tous du vote par correspondance et des opérations de trocs qui l’accompagnaient. Plusieurs plaintes avaient été déposées à ce sujet, notamment au SGG pour dénoncer le détournement de la notion du «vote par correspondance». Jusqu'en 2015, cette dérogation a privé la profession de pharmaciens compétents et éthique au dépens d’experts en «ramassage d’enveloppes vierges» qui donnaient une piètre image des représentants censés défendre l’éthique et réguler la profession. Les élections avaient même été bloquées pendant plusieurs années, et il a fallu que El houssaine Louardi, ministre de la Santé de l’époque procède à la dissolution des conseils pour que ces derniers puissent enfin être dotés de nouveaux bureaux. Ironie du sort, certains conseillers qui prêchaient pour le respect strict des échéances électorales, ont reproduit aujourd’hui le même schéma. Une fois de plus, les officinaux ont été incapables d’organiser leurs élections sans l’intervention de l’administration.
Dr Anwar CHERKAOUI: A quoi ou à qui incombe ce blocage ?
Dr Abderrahim DERRAJI : Bien qu’on ne puisse mettre en doute l’abnégation de certains conseillers qui sont animés par la volonté de servir la profession et la défendre, force est de constaté que nos conseils ont failli à leurs missions. Les éternelles chamailleries ont causé beaucoup de torts à nos instances et accentué nos divisions. La balkanisation qui est devenue structurelle va, à coup sûr, hypothéquer l’émergence d’équipes en mesure de fédérer toutes les composantes de la profession.
Dr Anwar CHERKAOUI : En conclusion ?
Dr Abderrahim DERRAJI : On espère que les pharmaciens aient conscience de la gravité de la situation et de l’importance des prochaines élections pour remettre la profession sur les rails. On espère aussi que notre tutelle, qui va piloter ces élections, mette les garde-fous nécessaires pour qu'elles se déroulent dans la transparence totale et garantissent les mêmes chances à tous les candidats qui souhaitent siéger aux instances ordinales. La mise en place d’une commission formée de pharmaciens connus pour leur sens de l’éthique et non impliqués dans les prochaines élections semble une option qui pourrait garantir les règles élémentaires de démocratie et pour éviter certains dérapages qui avaient terni les dernières élections.
Dr Anwar CHERKAOUI : on observe ces derniers temps des soubresauts au sein de la communauté des pharmaciens. De quoi s'agit-il ?
Dr Abderrahim DERRAJI : Le 29 mars dernier, le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb a adressé au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et aux deux présidents des conseils régionaux des pharmaciens d’officine un courrier par lequel il leur a demandé d’organiser les élections au plus tard au mois de juillet prochain. La correspondance de la tutelle va dans le même sens que le courrier du secrétaire général du Gouvernement (SGG) qui a également demandé aux présidents des conseils d’organiser les élections, sachant que le ministre de l’Intérieur ne voit pas d’inconvénient à ce que celles-ci puissent avoir lieu. La seule condition qu’il a posée est le respect des mesures sanitaires dictées par la pandémie.
Dr Anwar CHERKAOUI : Pourquoi donc ces élections ne se sont elles pas programmées dans les délais impartis ?
Dr Abderrahim DERRAJI: Les élections de mi-mandat des deux conseils régionaux auraient dû en principe être organisées au mois d’août 2017, mais le fameux «yomkino», une erreur de traduction des textes entre le français et l'arabe, a été exploitée pour ne pas organiser les élections. Pire, même les élections de fin de mandat qui aurait dû avoir lieu au mois d’août 2019 ont été reportées, soi-disant pour attendre la régionalisation, sachant que la mise en place d’un tel projet, va probablement demander plusieurs mois, si ce n'est pas une année ou deux !
Et j’espère que la réaction du ministre de la Santé va mettre fin à la situation d’illégalité que connaissent nos instances dans une période de tumultes où les pharmaciens n’ont jamais eu autant besoin d’instances légitimes, crédibles et efficaces.
Dr Anwar CHERKAOUI : on sent qu’il y a des nuages qui obscurcissent le ciel des pharmaciens au Maroc ?
Dr Abderrahim DERRAJI : Il faut dire que nos instances ne sont pas à leur première irrégularité. On se rappelle tous du vote par correspondance et des opérations de trocs qui l’accompagnaient. Plusieurs plaintes avaient été déposées à ce sujet, notamment au SGG pour dénoncer le détournement de la notion du «vote par correspondance». Jusqu'en 2015, cette dérogation a privé la profession de pharmaciens compétents et éthique au dépens d’experts en «ramassage d’enveloppes vierges» qui donnaient une piètre image des représentants censés défendre l’éthique et réguler la profession. Les élections avaient même été bloquées pendant plusieurs années, et il a fallu que El houssaine Louardi, ministre de la Santé de l’époque procède à la dissolution des conseils pour que ces derniers puissent enfin être dotés de nouveaux bureaux. Ironie du sort, certains conseillers qui prêchaient pour le respect strict des échéances électorales, ont reproduit aujourd’hui le même schéma. Une fois de plus, les officinaux ont été incapables d’organiser leurs élections sans l’intervention de l’administration.
Dr Anwar CHERKAOUI: A quoi ou à qui incombe ce blocage ?
Dr Abderrahim DERRAJI : Bien qu’on ne puisse mettre en doute l’abnégation de certains conseillers qui sont animés par la volonté de servir la profession et la défendre, force est de constaté que nos conseils ont failli à leurs missions. Les éternelles chamailleries ont causé beaucoup de torts à nos instances et accentué nos divisions. La balkanisation qui est devenue structurelle va, à coup sûr, hypothéquer l’émergence d’équipes en mesure de fédérer toutes les composantes de la profession.
Dr Anwar CHERKAOUI : En conclusion ?
Dr Abderrahim DERRAJI : On espère que les pharmaciens aient conscience de la gravité de la situation et de l’importance des prochaines élections pour remettre la profession sur les rails. On espère aussi que notre tutelle, qui va piloter ces élections, mette les garde-fous nécessaires pour qu'elles se déroulent dans la transparence totale et garantissent les mêmes chances à tous les candidats qui souhaitent siéger aux instances ordinales. La mise en place d’une commission formée de pharmaciens connus pour leur sens de l’éthique et non impliqués dans les prochaines élections semble une option qui pourrait garantir les règles élémentaires de démocratie et pour éviter certains dérapages qui avaient terni les dernières élections.