Par El Montacir Bensaid.
Je rêve de rêver à mon ancien, monde, celui dont je n'étais pas satisfait, celui que je n'ai pas accepté avec humilité.
Je rêve de rêver ne serait-ce que d'un monde sans bavette qui m'étouffe et sans désinfectant qui use mes mains.
Je rêve de rêver que lorsque la pandémie ne sera plus qu'un souvenir douloureux, la nature que nous avons été obligé, par la force du confinement, d'épargner de notre vandalisme, de nos agressions, de la tuerie de nos animaux ,de la pollution de nos rivières lacs et océans, de la dégradation de nos forêts et de nos prairies, pourra continuer à couler des jours heureux.
Je rêve de rêver que nos plages désertées par les nouveaux barbares, puissent rester propres, après leur retour.
L'année écoulée a vu bourgeonner des fleurs sauvages oubliées.
Elle a invité sur le rebord de nos fenêtres, à la cime des arbres, dans le ciel azuré, des oiseaux qu'on avait occulté de notre mémoire. Ils chantaient leur résurrection suite à l'arrêt des fumées de cheminées d'usines qui n'en finissaient pas de leur empoisonner l'air.
Je rêve de rêver que la solidarité qui a prévalu entre nous dans ce monde menaçant, précaire, parfois désespérant, ne s'arrêtera pas avec la vaccination.
Oui ,j'ai la nostalgie de mon ancien monde, mais j'aimerais le retrouver plus riche qu'avant de cette expérience, de ce que nous avons risqué de perdre, de nos agissements dévoyés envers notre terre et conscients de notre petitesse, petits atomes insignifiants que nous sommes, complètement désarmés devant un misérable virus.
Je rêve de rêver que nous avons compris et que plus rien ne sera comme avant.
El Montacir Bensaid.