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Résultats du programme « Femmes Partenaires du Progrès »


Rédigé par La rédaction le Dimanche 6 Décembre 2020

Le webinaire organisé par l’association Jossour Forum des Femmes Marocaines, a été l’étape de partage des résultats déduits de tout un programme de deux ans (2017-2019) : « Les Femmes Partenaires du Progrès » dans ses phases I et II (WPPI, II).

Une opportunité, en matière d’apprentissage pour les femmes, conféré par une équipe chevronnée, en étroite collaboration avec la Chaire Gibran Khalil Gibran de l’Université de Maryland, et avec le soutien financier de la Middle East Partnership Initiative (MEPI).



Renforcer le Leadership et contribuer à la lutte contre les violences faites aux femmes

Après la réussite des deux phases, l’association Jossour FFM et ses partenaires ont opté pour une continuité des actions et ont choisi 4 axes d’activité, au niveau de 5 régions : Rabat-Salé-Kenitra, l’Oriental, Fès-Meknès, Khénifra-Beni Mellal et, Sous-Massa.

Le premier axe a ciblé la violence, à travers des échanges et rencontres régionales entre 8 pays arabes, l’une sur l’application des lois et jurisprudence pour ce qui est de la Violence à l’Egard des Femmes(VEF) et l’autre sur la VEF pendant la pandémie de la Covid 19.
Le second axe a ciblé l’université, avec le lancement de deux concours de plaidoirie juridique ainsi qu’une rencontre dans l’enceinte académique et scientifique : l’Université des Sciences Humaines de Rabat, pour conscientiser sur les inégalités Hommes-Femmes, les Droits et les violences.

Le programme ne pouvait ignorer le digital ni les jeunes. Le plaidoyer numérique est un créneau très important. Les nouvelles technologies et la créativité artistique font mieux passer les messages, la culture de Droits humains et universels ainsi que les valeurs de citoyenneté.

L’axe « jeune » avait pour objectif de leur permettre d’assimiler et de s’approprier les concepts d’égalité, de droits, de justice et ainsi, de prendre conscience de l’importance d’une société égalitaire, composée de citoyens et citoyennes bénéficiant des mêmes droits et ayant les mêmes devoirs.

Le webinaire a connu l’intervention de Dr Omayma Achour, Présidente de Jossour FFM ; de Dr May Rihani, Directeur de La Chaire Khalil Gibran pour les valeurs et la paix, Collège des Sciences du Comportement Sociales ; Université du Maryland.
La conférence virtuelle a été programmée, en marge des 16 jours d’activisme lancés par les Nations Unis ayant pour thème : « Orangez le monde : Financez, intervenez, prévenez, collectez !  ». Une campagne qui se tient dans un contexte particulier de crise sanitaire, impactant tous les volets socio-économiques.

Entretien avec Rhizlaine Benachir, Membre Fondateur de Jossour FFM et Coordinatrice du Projet WPP Maroc

Que pouvez-vous dire de la campagne en période de crise sanitaire ?
Cette année, cette campagne se tient dans le contexte de pandémie COVID 19 qui a provoqué un « séisme » mondial sanitaire et impacté la situation économique de tous les pays y compris le Maroc. Nous ne pensions pas qu’aujourd’hui, avec les différentes avancées mondiales, du point de vue technologique, les progrès médicaux, le développement économique, social et éducatif, nous connaîtrons une situation pareille, que nous pensions révoquée.
Cette situation a engendré des conséquences sur toutes les catégories sociales.
Au Maroc, nous n’échappons pas à la règle. Les femmes et les jeunes filles, plus vulnérables que jamais, ont été les plus impactées, à tous les niveaux, surtout pendant le confinement.
La violence à leur égard a été à son point culminant. L’état d’urgence et le confinement provoqués par la COVID 19 ont conduit à un isolement et à différentes restrictions de mouvement. Face à cet état de fait, le risque de VEF s’est considérablement accru.
Cet isolement se fait dans des conditions alarmantes puisque l’exiguïté des espaces à domicile et la proximité avec l’agresseur provoque, sans aucun doute, un état de stress, accentué par le manque de contacts et de communication avec l’extérieur (pas d’internet, pas de téléphone, pas de réseau wifi…), ajouté à cela la menace du chômage et le manque de ressources financières.
La violence est souvent utilisée par les maris comme un moyen de pression sur leurs épouses économiquement vulnérables et dépendantes. On peut citer la privation de nourriture et de médicaments ; le refus de verser les pensions alimentaires des enfants; le vol par le mari des économies de sa femme pour contribuer aux dépenses du ménage; la privation des aides financières reçues par le gouvernement.
 
Y-a-t-il des chiffres représentatifs ?
Avant la pandémie, d’après l’étude publiée en 2019 par le HCP, sur 13,4 millions de femmes âgées de 15 à 74 ans, 7,6 millions entre elles ont subi au moins un acte de violence, soit 57 % de la population féminine, avec un taux de dénonciation faible. En effet, seulement 10,5 % ont déposé plainte auprès de la police ou d’une autre autorité compétente.
Pendant le confinement le phénomène de violence a pris plus d’ampleur. Toujours selon le HCP, les formes de violence identifiées pendant le confinement sont respectivement, la violence psychologique, en tête avec 49,1%, ensuite la violence économique : 16,7%, physique : 15,9% et sexuelle : 14,3%.
Les femmes cheffes de ménages en état de pauvreté ont augmenté. 7 femmes cheffes de ménage sur 10 sont veuves ou divorcées et 65,6% parmi elles sont analphabètes. La majorité (75%) est inactive.
 
Pourquoi une telle ampleur de la violence économique ?

Pendant le confinement, les femmes et filles ont été soumises à toutes les formes de violence à leur domicile mais aussi à l’extérieur, sachant que la violence économique a une incidence aussi bien sur l’espace public que privé.

Les violences économiques ont été exercées par l’employeur, par le Gouvernement, ou/et par l’époux (et l’ex mari).
Les plus touchées par les violences économiques sont les femmes, elles sont nombreuses à avoir un statut de travailleuse indépendante et d'aide familiale, d'après les statistiques du HCP relatives au secteur informel. Elles ne sont pas considérées comme des femmes actives dans le secteur formel, mais bénéficient d’un statut de travailleuse à domicile, ce qui aggrave leur situation vulnérable et précaire et les soumet à une violence économique sans précédent.
 
Et pourtant, il y avait plusieurs mesures pour réduire l’impact économique
Certes, plusieurs mesures préventives ont été prises pour pallier à cette grande problématique. Seulement, plusieurs secteurs économiques ont été touchés lors du confinement. Les secteurs du transport, du tourisme et le secteur industriel ont vu une perte considérable d’emplois, une diminution ou privation de salaire et la faillite de certaines entreprises.
Si des aides financières octroyées par l’Etat marocain ont été prévues au profit des employeurs, pour leurs salariés. Cependant, le Code du travail n’est pas clair quant il s’agit des mesures à prendre pendant les périodes de crise, et, les clauses du télétravail n’existent pas. Il y manque tout ce qui est relatif à la protection du salarié face à la pandémie, aux mesures d’hygiène et de sécurité. En effet, même si le Code de travail prévoit, dans ses articles 281 et suivants, un ensemble de mesures d’hygiène et de sécurité pour garantir la protection de l’employé, il ne donne pas de précisions quand le salarié refuse de travailler si les mesures d’hygiènes et de sécurité ne sont pas garanties.
D’ailleurs, plusieurs foyers de contamination ont été déclarés, faute aux mesures de protections et d’hygiène.
A titre d’exemple, la problématique sanitaire des ouvrières des unités de conditionnement et d’emballage de fruits rouges, dans la commune de Lalla Mimouna, près de Moulay Bousselham, Province de Kénitra.
La vague de contamination est le résultat de l’absence de mesures de protection de la part de l’employeur. D’autant plus qu’elles sont, pour la plupart, analphabètes et de surcroit, pauvres et précaires.

Y-a-t-il d’autres problématiques à soulever ?
Dans un premier temps, les indemnités COVID-19 ont été́ versées aux travailleurs et travailleuses inscrits à la Caisse nationale de Sécurité́ Sociale (CNSS) sachant que les femmes s’y enregistrent moins.
Dans un deuxième temps, des indemnités COVID-19 ont été́ versées à des personnes non inscrites à la CNSS, mais disposant d'une carte « Ramed » dans le cadre du régime d'assistance médicale aux personnes économiquement défavorisées. Seulement, ces cartes sont attribuées au ménage, donc généralement au nom du mari.
C’est une discrimination pour les femmes célibataires, les femmes divorcées et les veuves qui doivent apporter certaines preuves afin d'obtenir la carte « Ramed ». Beaucoup se sont vues refuser ladite carte.
Sans parler des femmes travaillant dans le secteur formel (employées des bains maures, salons de coiffure, vendeuses…) non déclarées par leurs employeurs. Sans carte RAMED, elles étaient exclues de l’aide financière apportée par l’Etat pendant le confinement. Ni aussi, de celles licenciées par leurs employeurs, d’autant plus que, les procédures pour bénéficier de ces aides sont compliquées et que, vu leur niveau d’instruction faible, elles ne savaient remplir ni demande, ni répondre aux questions.

Propos recueillis par :
Bouteina BENNANI / Arrissala / L'ODJ





Dimanche 6 Décembre 2020

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