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Requiem pour la démocratie en Roumanie


Rédigé par le Lundi 17 Mars 2025

En Roumanie, le premier tour des élections présidentielles du 24 novembre 2024 a été annulé et le candidat venu en tête, Călin Georgescu, a été empêché, le 9 mars, de se présenter au scrutin prévu en mai. La démocratie n’a plus cours quand elle s’oppose à la volonté de l’Ue.



Les médias européens l’ont surnommé « le Messie Tiktok », en raison de sa popularité sur ce réseau social, qui lui a permis de remporter le premier tour des élections présidentielles en Roumanie, dont le premier tour s’est déroulé le 24 novembre 2024, avant que la Cour constitutionnelle de ce pays d’Europe centrale n’annule le scrutin.

Călin Georgescu, 62 ans, ingénieur agronome et professeur universitaire, était, en effet, un parfait inconnu sur la scène politique roumaine, avant de se présenter en candidat indépendant aux élections présidentielles et d’obtenir, au premier tour, la première place.

Selon tous les sondages réalisés, Georgescu allait immanquablement rafler la mise lors du second tour du scrutin présidentiel, prévu le 8 décembre 2024, qui a, par la suite, été annulé.  

Impardonnable sympathies « prorusse »

Les médias européens l’ont étiqueté d’extrême droite et, pire encore, de « pro-russe », considéré actuellement comme le crime suprême au sein de l’Union européenne. 

C’est, d’ailleurs, sous le motif avancé d’une manipulation fomentée par la Russie en faveur de Georgescu, à travers les réseaux sociaux, que la Cour institutionnelle a invalidé le résultat du scrutin.

En raison de la popularité de Călin Georgescu auprès de d’une large frange de ses concitoyens, le parti au pouvoir à Bucarest, avec le soutien implicite des eurocrates non-élus de Bruxelles, a décidé de parer à toute éventualité. 

Georgescu a été inculpé, arrêté par la police et placé sous contrôle judiciaire, le 26 février, sous l’accusation de « fausses déclarations » concernant le financement de sa campagne électorale et, le 9 mars, la commission électorale roumaine a rejeté sa candidature au scrutin présidentiel, qu’il avait pourtant obtenu auparavant.

Pour faire bonne mesure, Diana Sosoaca, avocate de 49 ans, ex-sénatrice et députée au parlement européen sous la bannière du parti SOS Roumanie, également accusée d’appartenance à l’extrême droite et de sympathies pro-russe, a aussi vu sa candidature au scrutin présidentiel rejetée par la Cour constitutionnelle roumaine.

Limitrophe de la Mer Noire

De toute évidence, une nouvelle norme est venue restreindre la libre expression démocratique de la volonté populaire dans les pays de l’Union européenne : le faible enthousiasme au soutien de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie.

Le vice-président des Etats-Unis, JD Vance, n’a, d’ailleurs, pas manqué de donner une leçon de démocratie aux pays européens, lors de son discours à la conférence sur la sécurité de Munich, fin février.

La Roumanie est un pays membre de l’Otan, depuis 2004, et de l’Union européenne, depuis 2007.

Limitrophe de la Mer Noire, dont le contrôle est âprement disputé entre la Russie et la Grande Bretagne, à travers le proxy ukrainien, la Roumanie est, de ce fait, considérée comme une position stratégique sur l’échiquier du Grand Jeu géopolitique en Eurasie.

Jusqu’à présent, les tenants du pouvoir successifs à Bucarest se sont montrés de fidèles atlantistes, ne cachant pas leur hostilité envers la Russie.

Pas de démocratie pour les « hérétiques »

Une majorité du peuple roumain ne trouve, apparemment, plus à son goût la politique antirusse de ses dirigeants et a décidé de se doter de nouveaux leaders politiques, plus soucieux de son quotidien que de la couteuse et vaine confrontation avec la Russie.

C’était sans tenir compte de la nouvelle définition de la démocratie au sein de l’Union européenne, qui est de ne pas s’écarter d’un iota de la ligne tracée par les eurocrates non-élus de Bruxelles.

Le risque pour ces derniers et de voir d’autres peuples d’Europe prendre leur aise aux élections et de choisir des dirigeants « hérétiques » cherchant à prendre leur distance par rapport à la doxa de Bruxelles.

Des manifestations sporadiques éclatent à Bucarest pour dénoncer l’annulation du scrutin présidentiel et exprimer le soutien à l’excommunié Călin Georgescu. 

Quand un peuple ne se montre pas à la hauteur des attentes de ses élites, ces derniers pourraient bien être amenés à « l’abroger », et ce en défense de la démocratie.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Lundi 17 Mars 2025

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