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Par Mohammed Khalil Associate Professor | AI & Digital Transformation
Depuis le lancement de ChatGPT, les écoles et les universités sont en pleine discussion envers cette intelligence artificielle (IA) qui est en train de bouleverser le domaine de l’éducation. Les réactions varient entre des réceptions enthousiastes qui voient dans cette IA une opportunité prometteuse pour l’inclure dans la pédagogie, et des oppositions tenaces qui expriment leurs inquiétudes quant au rôle de l'enseignant ainsi qu'à la motivation des apprenants.
Mais ChatGPT ne représente qu’une forme de l’IA parmi plusieurs autres qui peuvent complètement impacter la façon dont nous apprenons et enseignons. Ces avancées technologiques nous conduisent à nous poser de nombreuses questions relatives à l’éducation: Que signifie l'intégration de l'IA dans l'éducation? doit-on réinventer notre système éducatif à l’ère de l'IA? et quel avenir pour l'éducation dans ce nouveau contexte ?
De l’écriture à l’IA: un très court voyage dans l’histoire de l’éducation
L'histoire de l'éducation est riche d’événements majeurs qui ont marqué son évolution, de l'invention du papier à celle de l'imprimerie, jusqu'à l'arrivée de l'Internet et des nouvelles technologies numériques. Toutes ces inventions ont contribué successivement à repenser l'éducation ainsi que les modèles d’apprentissage.
Au début, l’apprentissage se faisait par le biais de la transmission orale des connaissances. Mais cette pratique a été rapidement transformée après l’apparition de l’écriture en Mésopotamie et en Égypte il y a environ 5000 ans. L'invention du papier en Chine a permis ensuite de diffuser largement les connaissances, permettant ainsi une éducation plus structurée et formalisée.
Plus tard, l'invention de l'imprimerie par Johannes Gutenberg en 1440 a connu un tournant important dans l'histoire de l'éducation. En effet, l’impression des livres a permis un partage plus rapide des idées et des cultures partout dans le monde. Cela a conduit à une plus grande démocratisation de l'éducation et a offert la possibilité d'acquérir des connaissances qu’on n'aurait jamais pu obtenir autrement.
Les technologies numériques ont donné naissance à une nouvelle révolution éducative, surtout avec l'émergence de l'Internet. Les étudiants et les enseignants ont pu accéder à plusieurs ressources éducatives à distance. Les cours en ligne, les webinaires et les plateformes de partage de documents ont également favorisé une collaboration plus simple entre tuteurs et apprenants, ainsi qu'une plus grande accessibilité à l'enseignement à distance.
Avec l’arrivée récente de ChatGPT, l'IA est maintenant en train de devenir la prochaine grande innovation, avec des implications qui pourraient être tout aussi importantes que les inventions précédentes.
L’IA: ami(e) ou ennemi(e) de l'éducation ?
L’intégration de l’IA dans l'éducation continue à provoquer un débat de fond dans les milieux académiques. En particulier, l’apparition de ChatGPT a même conduit certains établissements à l’interdire par crainte que les apprenants deviennent dépendant de la technologie limitant ainsi leur développement intellectuel.
Même si cette inquiétude peut paraître nouvelle, elle n’est qu’une version moderne de plusieurs débats classiques qui se produisent à chaque fois qu’une invention surgit. Vous avez certainement entendu parler des enseignants de mathématiques qui ont protesté contre l'utilisation des calculatrices quelques années auparavant, ou encore des mouvements d'opposition qui ont eu lieu au 15ème siècle contre l'utilisation de l'imprimerie.
Même bien avant ces dates, Platon a souligné les effets négatifs de l’écriture sur la mémoire, prétendant que la sagesse ne peut se transmettre qu’à travers le biais de la dialectique.
Le point commun entre tous ces faits historiques réside principalement dans la peur de l’inconnu. En effet, l’humain est par sa nature ennemi de ce qu'il ignore et lorsqu’il y a de nouvelles innovations qui s’introduisent, quelques gens ont souvent tendance à les rejeter simplement parce qu'ils ne les maîtrisent pas encore. ChatGPT ne constitue pas une exception, et les conséquences de cette IA générative reste encore méconnue à la fois du grand public ou encore des spécialistes.
Mais ChatGPT n’est qu’une forme de l’IA parmi plusieurs autres technologies intelligentes qui pourraient être très utiles dans le progrès de l’éducation. Grâce aux parcours personnalisés offerts par l'IA, les apprenants peuvent apprendre en fonction de leur compétence et à leur propre rythme produisant ainsi une expérience d'apprentissage plus efficace et satisfaisante.
Cette automatisation du parcours d’apprentissage a conduit certains à penser que l’éducation deviendra obsolète constituant alors une menace pour les enseignants. Néanmoins, l'IA ne peut pas substituer complètement l'interaction humaine dans le processus éducatif. Au lieu de craindre le développement des technologies, il serait plus judicieux de saisir l’occasion pour accompagner les enseignants à bien les utiliser. Encore plus, les enseignants doivent revoir certaines de leurs pratiques et trouver le juste équilibre entre l'usage de l’IA et l'interaction sociale avec les apprenants.
L’éducation à l’ère de l’IA: un changement de paradigme inévitable
La tentation d'interdire l’IA dans les institutions éducatifs est une mauvaise idée. Au contraire, ces outils intelligents doivent être institutionnalisés de la même manière que les manuels scolaires. Cela ne peut arriver que s’il y a une collaboration étroite entre les éducateurs, les décideurs politiques et les spécialistes en IA. Il ne s’agit pas juste d’une simple question de technologie, mais plutôt d’un changement de paradigme majeur qui remet en question notre conception de l'éducation elle-même.
Aujourd'hui, l’information est devenue disponible partout et l’accès à la connaissance n’est plus un obstacle. Or, l'éducation ne doit pas se limiter à la simple transmission de connaissances mais doit viser à développer les fonctions intellectuelles et morales de l’apprenant.
Au lieu de mettre l’accent sur l'apprentissage par cœur, il serait judicieux de s’appuyer sur la curiosité de l'apprenant et sa découverte directe du monde de la même manière que Socrate et Platon l'ont fait dans leur approche pédagogique basée sur le dialogue.
La fonction de l’enseignant doit être complètement transformée. Celui-ci ne doit plus se charger d’alimenter l’esprit de ses apprenants par des connaissances qui restent souvent conservées en mémoire comme des corps étrangers. En effet, un apprenant n’est pas un objet à fabriquer, mais plutôt une liberté à accompagner.
Dans ce contexte, il est plus que temps que les enseignants se détachent du contrôle absolu et favorisent plus leur esprit de collaboration et d’accompagnement. Leur fonction principale devrait s’éloigner des tâches répétitives que l’IA peut faire et se concentrer sur des tâches plus complexes nécessitant une intervention humaine précise. Ceci dit, les enseignants doivent veiller à créer des relations solides avec les apprenants et les aider à développer leur jugement critique, à structurer leur pensée, à exprimer leur désaccord avec respect, à élaborer des arguments plus robustes, et à mieux comprendre leur propre esprit et le monde qui les entoure.
L’IA et l’éducation: vers une coexistence responsable et éthique
Les technologies numériques, de manière générale, occupent de plus en plus une place importante dans le système éducatif et sont parfois cruciaux dans des périodes de crises. Rappelons juste la période COVID tout récemment, qui a montré l’utilité des technologies dans la poursuite de l’enseignement à distance. Certes, ce n'était pas aussi performant qu’en période normale, mais cela n’était pas dû à la technologie elle-même plutôt qu’à la manière dont la technologie a été utilisée.
L'histoire des sciences et technologies nous a montré à maintes reprises que toute innovation est une arme à double tranchant. Si on prend l'internet comme exemple, il a sans doute permis une plus grande disponibilité de l'information, mais il a contribué aussi à la diffusion des informations fausses et peu crédibles. Ainsi, il est difficile d'affirmer avec certitude l’impact que pourra avoir l’IA sur l’éducation, car cela dépendra de notre façon de l’intégrer dans notre système éducatif.
Le grand défi réside dans la place qu’on va donner à l’IA dans le nouveau modèle pédagogique ainsi que la part de décisions que nous allons accepter de lui confier. Il convient de décider des cas où l'apprentissage peut être délégué à l’IA, ainsi que sur les autres cas nécessitant une intervention de l'enseignant.
L’IA est un outil puissant qui a la particularité d’apprendre et d’évoluer et il est nécessaire de cadrer cette évolution en favorisant l’utilisation éthique et responsable de cette technologie.
Le déploiement de l’IA impose aussi une réflexion approfondie sur nos pratiques pédagogiques pour rattraper un peu le décalage qui existe entre la vitesse d’évolution des technologies et notre système éducatif stagnant. De cette manière, l'IA et l'éducation peuvent coexister harmonieusement pour favoriser l’accès à une éducation de qualité pour tous.
Car finalement, nous sommes à une période importante dans l'histoire de l'éducation, et il est de notre devoir de guider cette transformation pour le bien de l'humanité.
Mais ChatGPT ne représente qu’une forme de l’IA parmi plusieurs autres qui peuvent complètement impacter la façon dont nous apprenons et enseignons. Ces avancées technologiques nous conduisent à nous poser de nombreuses questions relatives à l’éducation: Que signifie l'intégration de l'IA dans l'éducation? doit-on réinventer notre système éducatif à l’ère de l'IA? et quel avenir pour l'éducation dans ce nouveau contexte ?
De l’écriture à l’IA: un très court voyage dans l’histoire de l’éducation
L'histoire de l'éducation est riche d’événements majeurs qui ont marqué son évolution, de l'invention du papier à celle de l'imprimerie, jusqu'à l'arrivée de l'Internet et des nouvelles technologies numériques. Toutes ces inventions ont contribué successivement à repenser l'éducation ainsi que les modèles d’apprentissage.
Au début, l’apprentissage se faisait par le biais de la transmission orale des connaissances. Mais cette pratique a été rapidement transformée après l’apparition de l’écriture en Mésopotamie et en Égypte il y a environ 5000 ans. L'invention du papier en Chine a permis ensuite de diffuser largement les connaissances, permettant ainsi une éducation plus structurée et formalisée.
Plus tard, l'invention de l'imprimerie par Johannes Gutenberg en 1440 a connu un tournant important dans l'histoire de l'éducation. En effet, l’impression des livres a permis un partage plus rapide des idées et des cultures partout dans le monde. Cela a conduit à une plus grande démocratisation de l'éducation et a offert la possibilité d'acquérir des connaissances qu’on n'aurait jamais pu obtenir autrement.
Les technologies numériques ont donné naissance à une nouvelle révolution éducative, surtout avec l'émergence de l'Internet. Les étudiants et les enseignants ont pu accéder à plusieurs ressources éducatives à distance. Les cours en ligne, les webinaires et les plateformes de partage de documents ont également favorisé une collaboration plus simple entre tuteurs et apprenants, ainsi qu'une plus grande accessibilité à l'enseignement à distance.
Avec l’arrivée récente de ChatGPT, l'IA est maintenant en train de devenir la prochaine grande innovation, avec des implications qui pourraient être tout aussi importantes que les inventions précédentes.
L’IA: ami(e) ou ennemi(e) de l'éducation ?
L’intégration de l’IA dans l'éducation continue à provoquer un débat de fond dans les milieux académiques. En particulier, l’apparition de ChatGPT a même conduit certains établissements à l’interdire par crainte que les apprenants deviennent dépendant de la technologie limitant ainsi leur développement intellectuel.
Même si cette inquiétude peut paraître nouvelle, elle n’est qu’une version moderne de plusieurs débats classiques qui se produisent à chaque fois qu’une invention surgit. Vous avez certainement entendu parler des enseignants de mathématiques qui ont protesté contre l'utilisation des calculatrices quelques années auparavant, ou encore des mouvements d'opposition qui ont eu lieu au 15ème siècle contre l'utilisation de l'imprimerie.
Même bien avant ces dates, Platon a souligné les effets négatifs de l’écriture sur la mémoire, prétendant que la sagesse ne peut se transmettre qu’à travers le biais de la dialectique.
Le point commun entre tous ces faits historiques réside principalement dans la peur de l’inconnu. En effet, l’humain est par sa nature ennemi de ce qu'il ignore et lorsqu’il y a de nouvelles innovations qui s’introduisent, quelques gens ont souvent tendance à les rejeter simplement parce qu'ils ne les maîtrisent pas encore. ChatGPT ne constitue pas une exception, et les conséquences de cette IA générative reste encore méconnue à la fois du grand public ou encore des spécialistes.
Mais ChatGPT n’est qu’une forme de l’IA parmi plusieurs autres technologies intelligentes qui pourraient être très utiles dans le progrès de l’éducation. Grâce aux parcours personnalisés offerts par l'IA, les apprenants peuvent apprendre en fonction de leur compétence et à leur propre rythme produisant ainsi une expérience d'apprentissage plus efficace et satisfaisante.
Cette automatisation du parcours d’apprentissage a conduit certains à penser que l’éducation deviendra obsolète constituant alors une menace pour les enseignants. Néanmoins, l'IA ne peut pas substituer complètement l'interaction humaine dans le processus éducatif. Au lieu de craindre le développement des technologies, il serait plus judicieux de saisir l’occasion pour accompagner les enseignants à bien les utiliser. Encore plus, les enseignants doivent revoir certaines de leurs pratiques et trouver le juste équilibre entre l'usage de l’IA et l'interaction sociale avec les apprenants.
L’éducation à l’ère de l’IA: un changement de paradigme inévitable
La tentation d'interdire l’IA dans les institutions éducatifs est une mauvaise idée. Au contraire, ces outils intelligents doivent être institutionnalisés de la même manière que les manuels scolaires. Cela ne peut arriver que s’il y a une collaboration étroite entre les éducateurs, les décideurs politiques et les spécialistes en IA. Il ne s’agit pas juste d’une simple question de technologie, mais plutôt d’un changement de paradigme majeur qui remet en question notre conception de l'éducation elle-même.
Aujourd'hui, l’information est devenue disponible partout et l’accès à la connaissance n’est plus un obstacle. Or, l'éducation ne doit pas se limiter à la simple transmission de connaissances mais doit viser à développer les fonctions intellectuelles et morales de l’apprenant.
Au lieu de mettre l’accent sur l'apprentissage par cœur, il serait judicieux de s’appuyer sur la curiosité de l'apprenant et sa découverte directe du monde de la même manière que Socrate et Platon l'ont fait dans leur approche pédagogique basée sur le dialogue.
La fonction de l’enseignant doit être complètement transformée. Celui-ci ne doit plus se charger d’alimenter l’esprit de ses apprenants par des connaissances qui restent souvent conservées en mémoire comme des corps étrangers. En effet, un apprenant n’est pas un objet à fabriquer, mais plutôt une liberté à accompagner.
Dans ce contexte, il est plus que temps que les enseignants se détachent du contrôle absolu et favorisent plus leur esprit de collaboration et d’accompagnement. Leur fonction principale devrait s’éloigner des tâches répétitives que l’IA peut faire et se concentrer sur des tâches plus complexes nécessitant une intervention humaine précise. Ceci dit, les enseignants doivent veiller à créer des relations solides avec les apprenants et les aider à développer leur jugement critique, à structurer leur pensée, à exprimer leur désaccord avec respect, à élaborer des arguments plus robustes, et à mieux comprendre leur propre esprit et le monde qui les entoure.
L’IA et l’éducation: vers une coexistence responsable et éthique
Les technologies numériques, de manière générale, occupent de plus en plus une place importante dans le système éducatif et sont parfois cruciaux dans des périodes de crises. Rappelons juste la période COVID tout récemment, qui a montré l’utilité des technologies dans la poursuite de l’enseignement à distance. Certes, ce n'était pas aussi performant qu’en période normale, mais cela n’était pas dû à la technologie elle-même plutôt qu’à la manière dont la technologie a été utilisée.
L'histoire des sciences et technologies nous a montré à maintes reprises que toute innovation est une arme à double tranchant. Si on prend l'internet comme exemple, il a sans doute permis une plus grande disponibilité de l'information, mais il a contribué aussi à la diffusion des informations fausses et peu crédibles. Ainsi, il est difficile d'affirmer avec certitude l’impact que pourra avoir l’IA sur l’éducation, car cela dépendra de notre façon de l’intégrer dans notre système éducatif.
Le grand défi réside dans la place qu’on va donner à l’IA dans le nouveau modèle pédagogique ainsi que la part de décisions que nous allons accepter de lui confier. Il convient de décider des cas où l'apprentissage peut être délégué à l’IA, ainsi que sur les autres cas nécessitant une intervention de l'enseignant.
L’IA est un outil puissant qui a la particularité d’apprendre et d’évoluer et il est nécessaire de cadrer cette évolution en favorisant l’utilisation éthique et responsable de cette technologie.
Le déploiement de l’IA impose aussi une réflexion approfondie sur nos pratiques pédagogiques pour rattraper un peu le décalage qui existe entre la vitesse d’évolution des technologies et notre système éducatif stagnant. De cette manière, l'IA et l'éducation peuvent coexister harmonieusement pour favoriser l’accès à une éducation de qualité pour tous.
Car finalement, nous sommes à une période importante dans l'histoire de l'éducation, et il est de notre devoir de guider cette transformation pour le bien de l'humanité.