Depuis le soulèvement populaire du Hirak en février 2019, l’Algérie traverse une période charnière de son histoire contemporaine. Ce mouvement, né du rejet d’un cinquième mandat pour le président Bouteflika, a exprimé une aspiration à une deuxième République démocratique, civile, et libérée de l’héritage militaro-politique post-indépendance. Pourtant, six ans plus tard, les espoirs de transformation profonde sont largement déçus.
L’armée nationale populaire (ANP) s’est réaffirmée comme le pivot du pouvoir algérien. En s’imposant au sommet de l’État au détriment des services de renseignement et d’une présidence marginalisée, elle a verrouillé les institutions en consolidant sa mainmise politique. La présidence de Tebboune, issue d’élections contestées en 2019 (avec des taux de participation controversés oscillant entre 25 % et 50 %), peine à convaincre. Son déficit de légitimité, accentué par une gestion autoritaire des libertés, trahit les attentes du Hirak.
L’érosion des libertés est manifeste. Le droit de manifester est conditionné par des autorisations préalables, criminalisant les attroupements non armés. Des lois, comme celle de 2012 sur les associations ou les révisions du Code pénal de 2020, limitent la liberté d'expression, d’association et de la presse. Des figures du Hirak et journalistes ont été arrêtés, parfois condamnés lourdement. La Constitution de 2020, prétendument réformatrice, renforce en réalité le rôle de l’armée (article 30) comme garante des « intérêts vitaux et stratégiques », tout en affaiblissant les garanties juridiques des droits fondamentaux.
Sur le plan économique, malgré des indicateurs en apparence positifs (PIB de 260,1 Mds USD, croissance de 3,8 % en 2024, dette publique maîtrisée à 45,7 % du PIB), la réalité est moins favorable : 86 % des exportations et 47 % des recettes budgétaires proviennent des hydrocarbures. L’économie demeure vulnérable, car les investissements sont insuffisants, la production stagne, et les infrastructures énergétiques sont vieillissantes. Les revenus exceptionnels tirés de la guerre en Ukraine (60 Mds EUR en 2022) ont surtout permis de maintenir les subventions et retarder les réformes structurelles.
Le pouvoir d’achat est en chute : les salaires stagnent (+1,5 % annuel), alors que l’inflation dépasse les 5 %, rendant les produits de base inaccessibles. Le SMIC couvre à peine 10 % du coût d’un poulet à Alger. Paradoxalement, trois millions de chômeurs reçoivent 70 % du salaire minimum sans activité productive, nourrissant une inactivité généralisée sans enrayer l’émigration.
Les tentatives de diversification, telles que l’usine Fiat près d’Oran (90 000 véhicules/an espérés en 2026), l’extension du réseau ferroviaire ou l’essor de secteurs non énergétiques (engrais, ciment, sidérurgie), restent insuffisantes. L’export hors hydrocarbures a certes progressé de 2 à 5 Mds USD entre 2019 et 2023, mais la structure de l’économie demeure déséquilibrée.
Sur le plan diplomatique, Alger multiplie les revers. Échec de la candidature aux BRICS, perte d’influence au Sahel, tensions commerciales avec l’UE (procédure engagée pour restrictions aux exportations), et image écornée par les expulsions de migrants. La dépendance énergétique, en dépit de partenariats avec ENI, Total, Gazprom ou ExxonMobil, ne s’est pas traduite par un réel poids géopolitique. L’Algérie est ainsi contrainte d’un réalignement stratégique entre Washington, Moscou et Pékin, sans orientation claire.
L’Algérie post-2019 incarne un paradoxe : alors que la population appelait à une refondation démocratique, le pouvoir a renforcé un régime militarisé, autoritaire et économiquement dépendant. Les promesses de réforme n’ont débouché que sur un simulacre de transformation. L’économie, malgré des marges budgétaires, reste piégée dans une logique rentière, freinant toute émancipation sociale et politique durable.
L’armée nationale populaire (ANP) s’est réaffirmée comme le pivot du pouvoir algérien. En s’imposant au sommet de l’État au détriment des services de renseignement et d’une présidence marginalisée, elle a verrouillé les institutions en consolidant sa mainmise politique. La présidence de Tebboune, issue d’élections contestées en 2019 (avec des taux de participation controversés oscillant entre 25 % et 50 %), peine à convaincre. Son déficit de légitimité, accentué par une gestion autoritaire des libertés, trahit les attentes du Hirak.
L’érosion des libertés est manifeste. Le droit de manifester est conditionné par des autorisations préalables, criminalisant les attroupements non armés. Des lois, comme celle de 2012 sur les associations ou les révisions du Code pénal de 2020, limitent la liberté d'expression, d’association et de la presse. Des figures du Hirak et journalistes ont été arrêtés, parfois condamnés lourdement. La Constitution de 2020, prétendument réformatrice, renforce en réalité le rôle de l’armée (article 30) comme garante des « intérêts vitaux et stratégiques », tout en affaiblissant les garanties juridiques des droits fondamentaux.
Sur le plan économique, malgré des indicateurs en apparence positifs (PIB de 260,1 Mds USD, croissance de 3,8 % en 2024, dette publique maîtrisée à 45,7 % du PIB), la réalité est moins favorable : 86 % des exportations et 47 % des recettes budgétaires proviennent des hydrocarbures. L’économie demeure vulnérable, car les investissements sont insuffisants, la production stagne, et les infrastructures énergétiques sont vieillissantes. Les revenus exceptionnels tirés de la guerre en Ukraine (60 Mds EUR en 2022) ont surtout permis de maintenir les subventions et retarder les réformes structurelles.
Le pouvoir d’achat est en chute : les salaires stagnent (+1,5 % annuel), alors que l’inflation dépasse les 5 %, rendant les produits de base inaccessibles. Le SMIC couvre à peine 10 % du coût d’un poulet à Alger. Paradoxalement, trois millions de chômeurs reçoivent 70 % du salaire minimum sans activité productive, nourrissant une inactivité généralisée sans enrayer l’émigration.
Les tentatives de diversification, telles que l’usine Fiat près d’Oran (90 000 véhicules/an espérés en 2026), l’extension du réseau ferroviaire ou l’essor de secteurs non énergétiques (engrais, ciment, sidérurgie), restent insuffisantes. L’export hors hydrocarbures a certes progressé de 2 à 5 Mds USD entre 2019 et 2023, mais la structure de l’économie demeure déséquilibrée.
Sur le plan diplomatique, Alger multiplie les revers. Échec de la candidature aux BRICS, perte d’influence au Sahel, tensions commerciales avec l’UE (procédure engagée pour restrictions aux exportations), et image écornée par les expulsions de migrants. La dépendance énergétique, en dépit de partenariats avec ENI, Total, Gazprom ou ExxonMobil, ne s’est pas traduite par un réel poids géopolitique. L’Algérie est ainsi contrainte d’un réalignement stratégique entre Washington, Moscou et Pékin, sans orientation claire.
L’Algérie post-2019 incarne un paradoxe : alors que la population appelait à une refondation démocratique, le pouvoir a renforcé un régime militarisé, autoritaire et économiquement dépendant. Les promesses de réforme n’ont débouché que sur un simulacre de transformation. L’économie, malgré des marges budgétaires, reste piégée dans une logique rentière, freinant toute émancipation sociale et politique durable.
Dossier spécial de "L'Eco Business" de ce week-end sur l'Algérie économiquement parlant :
1-L’illusion de la diversification économique en Algérie : entre annonces présidentielles et réalités structurelles
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité