Malgré ce constat alarmant, il existe des raisons d'entrevoir l'optimisme. Une dynamique positive est en cours, portée par le gouvernement, des associations, des acteurs du secteur privé et des investisseurs, visant à améliorer la représentation des femmes au sein des entreprises marocaines. Les autorités, quant à elles, prennent conscience de l'impérieuse nécessité d'apporter des changements et sont en train de prendre des mesures concrètes.

Le Nouveau modèle de développement met en évidence l'importance primordiale des femmes dans la croissance de l'économie marocaine, fixant un objectif de participation de 45% d'ici 2035. Des mesures concrètes ont été prises ces dernières années pour promouvoir cet engagement. Par exemple, la Charte de l'investissement, adoptée l'année dernière, prévoit une prime pour les entreprises dont la proportion de femmes dans leur masse salariale est égale ou supérieure à 30%.

De même, la loi 19-20, promulguée en 2021, stipule que les conseils d'administration et de surveillance des sociétés faisant appel à l'épargne publique devront compter au moins 30% de femmes d'ici 2024.

Plusieurs grandes entreprises marocaines ont également placé la diversité des genres au cœur de leurs priorités. Un exemple notable est celui d'OCP, qui a obtenu la certification EDGE avec le soutien de l'IFC. Cette certification représente la norme mondiale majeure évaluant la performance des entreprises en matière d'égalité des genres.

Ces initiatives témoignent d'une évolution positive et d'un engagement croissant en faveur de l'autonomisation des femmes dans le contexte économique marocain.

La campagne numérique #Morocco4Diversity, initiée par l'IFC et la CGEM, a suscité l'engagement public de 70 chefs d'entreprise en faveur de l'inclusion au sein de leurs lieux de travail. Parallèlement, la société civile et les groupes de femmes se mobilisent de plus en plus dans ce domaine. Par exemple, l'association Mentor'Elles offre un accompagnement basé sur le mentorat aux femmes, les aidant ainsi à progresser dans leur carrière professionnelle.

De son côté, l'association We4She se concentre sur le renforcement de la représentation féminine au sein des instances décisionnelles en mettant en avant la puissance des réseaux et de la sororité. La difficile situation des femmes sur le marché du travail marocain découle de divers facteurs, incluant des barrières culturelles et des obstacles structurels.

Des lacunes sont notamment observées en termes de services de transport sécurisés, de dispositifs de travail flexibles et de services de garde d'enfants. Les femmes font également face à des contraintes financières et l'accès au financement leur est souvent difficile en l'absence de garanties à présenter aux banques.

Malgré ces défis, les initiatives mentionnées précédemment, ainsi que d'autres efforts en cours, contribuent à un mouvement positif vers une plus grande inclusion des femmes dans le marché du travail au Maroc.

Ces dernières années, les femmes marocaines ont été particulièrement touchées par les répercussions socio-économiques de la pandémie de Covid-19. Cette réalité se reflète dans le classement du Maroc au 136e rang sur 146 pays en termes d'autonomisation et d'opportunités économiques pour les femmes, tel que publié dans le Global Gender Gap Report 2022 du Forum économique mondial.

Pourtant, de nombreuses études convergent et démontrent que la diversité des genres est un facteur déterminant de performance pour les entreprises. Une enquête récente réalisée au Maroc, intitulée "Gouvernance et parité - Women on Boards in Morocco" et menée conjointement par l'IFC, le Club des femmes administrateurs (CFA) et PwC, a confirmé l'existence d'une corrélation positive entre la diversité de genre au sein des conseils d'administration et leur efficacité ou performance.

C'est pourquoi l'une des priorités de l'IFC au Maroc est d'aider à créer les conditions propices au renforcement de la place des femmes dans l'économie. Nous investissons dans des entreprises qui s'engagent à créer des emplois de qualité pour les femmes, et nous collaborons avec des banques dans le cadre du programme "Banking on Women" afin de favoriser leur inclusion financière.

De plus, nous travaillons en étroite collaboration avec des associations marocaines de premier plan, telles que la CGEM et le CFA, pour documenter, informer, échanger et mobiliser autour de cette problématique essentielle. Ensemble, nous œuvrons pour promouvoir l'égalité des genres et faire progresser l'autonomisation économique des femmes au Maroc.


Salma LABTAR