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Par Najib Mikou
Lors d'une récente déclaration, Madame la Ministre de l'Economie et des Finances a réitéré sa ferme détermination à faire avancer l'épineuse et complexe réforme des retraites, et en a profité pour inviter tout un chacun qui "détiendrait une formule magique" d'y apporter sa contribution.
Épineuse et complexe, cette réforme l'est incontestablement, tellement ses enjeux sociaux, économiques et financiers sont énormes, et tellement les choix et les arbitrages ne sont nullement aisés.
Faut-il faire supporter la réforme au salarié et au retraité ou faut-il le faire assumer par l'Etat et l'entreprise ou encore par les deux compartiments Capital et Travail à la fois ?
C'est autant d'enjeux et de questions qui n'autorisent ni précipitation ni populisme gratuit et qui appellent un sens aigu de la responsabilité et de vigilance.
Pour répondre à l'appel délicat et sincère de Madame la Ministre, je prends le risque de forcer ici un débat public sur la question sans nullement prétendre détenir la moindre magie.
Ce dont il est question aujourd'hui c'est que les fonds des Caisses de retraites ne sont pas élastiques à souhait, tellement il y a moins de travailleurs pour un retraité et donc l'on risque à un horizon immédiat, de ne plus avoir suffisamment de fonds pour honorer les pensions de retraite.
Je me permets de supposer ici que si ce dossier a pris autant de temps c'est que l'on a tous été piégé à tourner autour des mêmes solutions en circulation depuis assez longtemps. Il me paraît donc, plus judicieux de prospecter des voies et moyens en dehors du "carré" actuel.
Sortir du carré c'est voir dans quelle mesure l'on puisse réformer sans pénaliser ni le Capital, en raison du manque de moyens aussi bien chez l'Etat que chez l'entreprise, ni le Travail, en raison du niveau actuel aussi bien des salaires que des pensions.
Sortir du carré c'est porter le focus sur de nouveaux propulseurs, dont je citerai le propulseur de la "longévité" des marocains qui frôle les 80 ans maintenant, le propulseur de gestion des Caisses de retraites, et enfin le propulseur de l'intégration de l'Économie informelle.
1- Propulseur "longévité" et son corollaire, l'âge de départ en retraite :
L'âge de départ en retraite à 60 ans est là depuis que la longévité au Maroc était autour de 49 ans 😃. Tout a changé : le mode de vie, les moyens, les conditions de travail, la santé, l'état d'esprit, les rapports sociaux, la durée de vie ...etc. Bref, TOUT. Et donc rien ne justifie plus aujourd'hui un départ en retraite à 60 ans pour l'homme. Cet âge doit être porté pour celui-ci à 65 ans obligatoire et à 67 ans optionnel. Quant à la femme, et en raison de la pénibilité de toutes ses contraintes personnelles et de ses engagements familiaux, sociaux et professionnels, elle devrait prendre sa retraite à 55 ans obligatoire et à 57 ans optionnel.
Cette mesure pèsera fortement dans l'équation réforme des retraites à travers l'augmentation substantielle et automatique de la masse additionnelle des contributions salariales et patronales qui seraient versées aux Caisses de retraites.
2- Propulseur "Gestion des Fonds des retraites" :
Il s'agit là du fruit des contributions de plusieurs générations de fonctionnaires de l'Etat et de salariés du secteur privé, accumulées sur plusieurs décennies de labeur qui atteignent plusieurs centaines de milliards de Dhs. Ne serait-ce pas plus judicieux de prospecter plutôt de nouveaux moyens d'optimiser leur fructification au grand profit de l'Économie nationale et des retraités, au lieu d'aller demander encore plus d'efforts et de sacrifices aux salariés, aux retraités, aux entreprises et à l'Etat ?!!
Dans cette perspective, il est proposé ce qui suit :
Mutualisation de la gestion de l'ensemble des fonds des Caisses de retraite publiques et privées à travers la création d'un Fonds Commun d'Investissement qui soit géré par une S.A côtée en bourse, et dont l'actionnariat serait ouvert au grand public résident au Maroc et à l'étranger.
Recherche de l'argent là où il se trouve à flot en orientant l'argent dudit Fonds vers des placements novateurs et plus rentables à travers notamment :
▪︎ le rachat partiel ou total d'une banque publique ou privée de la place,
▪︎ le rachat d'une compagnie d'assurance de la place,
▪︎ l'investissement dans des fonds et projets de l'Etat et/ou pour le compte de l'Etat, certifiés rentables,
▪︎ le placement classique dans des OPCVM, Bons du Trésor, titres cotés en bourse ... etc,
Soutien des Caisses de retraite publiques par une taxe parafiscale de 0,7% à l'importation.
3- Propulseur "intégration de l'Economie informelle" :
Il s'agit là d'un gisement dormant à plus d'un titre. Je réfère à la Partie 2 de ma dernière analyse du projet de Loi des Finances 2024 où j'ai proposé un dispositif de mesures pour ce faire, dont je rappelle ici les trois principales étapes successives :
▪︎ une 1ère étape d'amnistie de 3 ans pour permettre à l'ensemble des opérateurs de cette Économie de s'y préparer,
▪︎ une 2eme étape de déclaration des salariés à la CNSS qui durera 3 ans,
▪︎ et une 3ème étape de paiement graduel de l'IS sur 4 ans.
Nul besoin de rappeler ici tous les avantages de cette intégration sur l'Economie nationale, sur les recettes fiscales de l'Etat et sur la Caisse de retraite CNSS.
Il est à relever pour conclure, que tout ce dispositif alternatif de sauvetage des Caisses de retraites, ne repose en rien ni sur le Capital ni sur le Travail. Bien au contraire, il préserve leur situation actuelle et permet aux Caisses de retraite de devenir un grand acteur de l'Economie nationale et un garant pérenne de pensions de retraite dignes, sans que ça ne soit au dépend des salariés et retraités actuels et des générations futures.
Épineuse et complexe, cette réforme l'est incontestablement, tellement ses enjeux sociaux, économiques et financiers sont énormes, et tellement les choix et les arbitrages ne sont nullement aisés.
Faut-il faire supporter la réforme au salarié et au retraité ou faut-il le faire assumer par l'Etat et l'entreprise ou encore par les deux compartiments Capital et Travail à la fois ?
C'est autant d'enjeux et de questions qui n'autorisent ni précipitation ni populisme gratuit et qui appellent un sens aigu de la responsabilité et de vigilance.
Pour répondre à l'appel délicat et sincère de Madame la Ministre, je prends le risque de forcer ici un débat public sur la question sans nullement prétendre détenir la moindre magie.
Ce dont il est question aujourd'hui c'est que les fonds des Caisses de retraites ne sont pas élastiques à souhait, tellement il y a moins de travailleurs pour un retraité et donc l'on risque à un horizon immédiat, de ne plus avoir suffisamment de fonds pour honorer les pensions de retraite.
Je me permets de supposer ici que si ce dossier a pris autant de temps c'est que l'on a tous été piégé à tourner autour des mêmes solutions en circulation depuis assez longtemps. Il me paraît donc, plus judicieux de prospecter des voies et moyens en dehors du "carré" actuel.
Sortir du carré c'est voir dans quelle mesure l'on puisse réformer sans pénaliser ni le Capital, en raison du manque de moyens aussi bien chez l'Etat que chez l'entreprise, ni le Travail, en raison du niveau actuel aussi bien des salaires que des pensions.
Sortir du carré c'est porter le focus sur de nouveaux propulseurs, dont je citerai le propulseur de la "longévité" des marocains qui frôle les 80 ans maintenant, le propulseur de gestion des Caisses de retraites, et enfin le propulseur de l'intégration de l'Économie informelle.
1- Propulseur "longévité" et son corollaire, l'âge de départ en retraite :
L'âge de départ en retraite à 60 ans est là depuis que la longévité au Maroc était autour de 49 ans 😃. Tout a changé : le mode de vie, les moyens, les conditions de travail, la santé, l'état d'esprit, les rapports sociaux, la durée de vie ...etc. Bref, TOUT. Et donc rien ne justifie plus aujourd'hui un départ en retraite à 60 ans pour l'homme. Cet âge doit être porté pour celui-ci à 65 ans obligatoire et à 67 ans optionnel. Quant à la femme, et en raison de la pénibilité de toutes ses contraintes personnelles et de ses engagements familiaux, sociaux et professionnels, elle devrait prendre sa retraite à 55 ans obligatoire et à 57 ans optionnel.
Cette mesure pèsera fortement dans l'équation réforme des retraites à travers l'augmentation substantielle et automatique de la masse additionnelle des contributions salariales et patronales qui seraient versées aux Caisses de retraites.
2- Propulseur "Gestion des Fonds des retraites" :
Il s'agit là du fruit des contributions de plusieurs générations de fonctionnaires de l'Etat et de salariés du secteur privé, accumulées sur plusieurs décennies de labeur qui atteignent plusieurs centaines de milliards de Dhs. Ne serait-ce pas plus judicieux de prospecter plutôt de nouveaux moyens d'optimiser leur fructification au grand profit de l'Économie nationale et des retraités, au lieu d'aller demander encore plus d'efforts et de sacrifices aux salariés, aux retraités, aux entreprises et à l'Etat ?!!
Dans cette perspective, il est proposé ce qui suit :
Mutualisation de la gestion de l'ensemble des fonds des Caisses de retraite publiques et privées à travers la création d'un Fonds Commun d'Investissement qui soit géré par une S.A côtée en bourse, et dont l'actionnariat serait ouvert au grand public résident au Maroc et à l'étranger.
Recherche de l'argent là où il se trouve à flot en orientant l'argent dudit Fonds vers des placements novateurs et plus rentables à travers notamment :
▪︎ le rachat partiel ou total d'une banque publique ou privée de la place,
▪︎ le rachat d'une compagnie d'assurance de la place,
▪︎ l'investissement dans des fonds et projets de l'Etat et/ou pour le compte de l'Etat, certifiés rentables,
▪︎ le placement classique dans des OPCVM, Bons du Trésor, titres cotés en bourse ... etc,
Soutien des Caisses de retraite publiques par une taxe parafiscale de 0,7% à l'importation.
3- Propulseur "intégration de l'Economie informelle" :
Il s'agit là d'un gisement dormant à plus d'un titre. Je réfère à la Partie 2 de ma dernière analyse du projet de Loi des Finances 2024 où j'ai proposé un dispositif de mesures pour ce faire, dont je rappelle ici les trois principales étapes successives :
▪︎ une 1ère étape d'amnistie de 3 ans pour permettre à l'ensemble des opérateurs de cette Économie de s'y préparer,
▪︎ une 2eme étape de déclaration des salariés à la CNSS qui durera 3 ans,
▪︎ et une 3ème étape de paiement graduel de l'IS sur 4 ans.
Nul besoin de rappeler ici tous les avantages de cette intégration sur l'Economie nationale, sur les recettes fiscales de l'Etat et sur la Caisse de retraite CNSS.
Il est à relever pour conclure, que tout ce dispositif alternatif de sauvetage des Caisses de retraites, ne repose en rien ni sur le Capital ni sur le Travail. Bien au contraire, il préserve leur situation actuelle et permet aux Caisses de retraite de devenir un grand acteur de l'Economie nationale et un garant pérenne de pensions de retraite dignes, sans que ça ne soit au dépend des salariés et retraités actuels et des générations futures.