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Rachid Nekkaz et la Koutoubia




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Par Bargach Larbi

Il y a peut-être quelques enseignements à tirer de la visite de Rachid Nekkaz à Marrakech. Si l'on considère qu'il a été mandaté par la machine à propagande de son pays d'origine, c'est une hypothèse très crédible, on peut en déduire un infléchissement de la communication non officielle d'Alger. Ce n'est pas un changement de cap, car ses propos continuent à flatter l'égo de ses compatriotes. "La Koutoubia a été construite par un Algérien" est un fantasme qui fait sens dans ce contexte. C'est plutôt un ballon d'essai pour les raisons suivantes :
 
1. Dire que le Maroc et l'Algérie sont des créations coloniales, c'est reconnaître une réalité historique pour l'Algérie (sous son immensité actuelle). Rajouter le Maroc, c'est juste pour atténuer la révélation (c'est une révélation pour les Algériens nourris à un autre récit) et pour que la pilule passe mieux.
2. Proposer une co-souveraineté de 10 ans sur le Sahara, c'est révéler les véritables intentions du régime algérien et ses ambitions expansionnistes longtemps refoulées. Elles se dévoilent, petit à petit et s'inscrivent dans la lignée de la proposition de partage de Bouteflika et celles ravivées par Staffan Di Mistura, probablement mandaté à cet effet.

La reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara, celles de la France et de l’Espagne, et le soutien de plus en plus important de la communauté internationale à la proposition marocaine d'autonomie élargie, ont perturbé la quiétude du régime algérien. Il était persuadé que le Maroc allait s'enliser dans cette affaire du Sahara, que le coût militaire et administratif allait s'avérer très vite insurmontable et déstabiliser le Royaume. Ils s'attendaient à cueillir un fruit mûr qu'ils se contentaient d'arroser en entretenant, à coup de milliards de dollars, un grand nombre de lobbies et de personnalités de pays africains et d'Amérique du Sud. Le pari est perdu et les pertes énormes.
 
Ils n'ont pas vu venir le nouveau Maroc, doté d'une gouvernance orientée vers la modernité, avec une mise à niveau des infrastructures et une digitalisation des services, des réformes structurelles et une ouverture vers la coopération Sud-Sud. Le développement qui s'en est suivi a, bien entendu, touché le Sahara, devenu depuis quelques années, autonome économiquement, tandis que de l'autre côté de la frontière, le Polisario est devenu un poids économique pénalisant et dangereux. Ce n'est pas un scoop que d’affirmer que c’est à travers le Polisario que tous les trafics s'organisent en Algérie.

La politique marocaine en Afrique participe aujourd'hui à la création de richesse des pays partenaires. Les banques marocaines visent le développement de la bancarisation, participent au financement des PME, générateurs d'emplois, à l'accès aux crédits du plus grand nombre de particuliers (consommation et immobilier) et surtout facilitent les transferts des émigrés vers leur pays d'origine. Les banques marocaines contribuent à l'amélioration des balances de paiements des pays de présence, tandis que les banques européennes accompagnent des multinationales qui les dégradent. D'autres exemples de coopération touchent d'autres secteurs : transport aérien, cimenteries, promotion immobilière, infrastructures, etc. Le tout dans le cadre d'un partage d'expérience. Un investissement rentable pour tous.
 
En face, le régime algérien propose des dettes suivies d'effacement de dettes avec la comptabilisation de pertes énormes à chaque étape, au détriment de la modernisation de l'économie algérienne. Si le Sahara marocain s'auto-finance, le Polisario coûte de plus en plus cher au contribuable algérien.

Financer un État artificiel, doté d'un gouvernement et d'ambassades pèse sur le budget de l'État. C'est probablement le but de la proposition loufoque d'une co-souveraineté transitoire contenue dans le discours de cet illuminé : alléger le budget de l’État. Ils se disent que se débarrasser du Polisario et transférer les 200 ou 300 milles (aucun chiffre n'est fiable) habitants de la région vers le Sahara, ne peut devenir effectif qu'avec une co-souveraineté et la participation algérienne à cette « phase ». il est vrai que la population des séquestrés de Tindouf, dont 10% maximum est d'origine Sahraouie, est essentiellement composée d’Algériens, de Mauritaniens, de Maliens etc. 
 
En laissant rentrer ce monsieur sur le territoire marocain, les autorités du pays savaient ce qu'elles faisaient. Leur maitrise des horloges leur ont permis d’interrompre son délire avec sagesse, retenue et savoir-faire. Il fallait le laisser s'exprimer pour en savoir plus sur les nouvelles intentions du pouvoir algérien. Un pouvoir en difficulté sur la question du Sahara et disposé à tous les stratagèmes pour en sortir (voir la proposition de l'ambassadeur algérien aux USA). Il sait que la marocanité du Sahara est irréversible, que la mobilisation des forces de gauche en Europe est inefficace, mais il sait aussi qu'il a fabriqué un monstre qui prend ses aises à Tindouf et qui réveille en Kabylie. La France a créé l'Algérie nouvelle en la dotant de frontières qu'elle n'a jamais eu auparavant.

Au Sahara la proposition marocaine d'autonomie a changé la donne. En s'opposant aux frontières historiques du Maroc, l'Algérie a pris un risque sérieux. Se proclamer partisan du droit international et de l'autodétermination des peuples nécessite une crédibilité que l'Algérie a perdu. Maintenir son obsession sur la question c'est prendre un nouveau risque celui de se discréditer définitivement aux yeux de la communauté internationale.
 



Jeudi 20 Mars 2025

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