Le numérique est entré dans nos vies au quotidien : il est un formidable levier de développement, d'apprentissage, d'optimisation. Il est parfois source de simplification, il offre des opportunités et de l'ouverture, il est peut-être innovant, voire très innovant. Mais il peut être impactant et problématique pour l'environnement, pour les êtres humains, les travailleurs, les communautés locales, l'égalité des chances, l'éthique, la sécurité des données : c'est un constat factuel et partagé.

La période que nous vivons aujourd'hui nous montre de manière plus évidente encore cette ambiguïté. S'il est vrai que le numérique a été un vrai facteur de résilience de la vie sociale, les usages en ont été fortement démultipliés pour tous : augmentation du parc d'équipements pour permettre le télétravail des collaborateurs, accès aux outils collaboratifs, développement des formations à distance, multiplications des webinaires de promotion, etc.

Il a certes fallu beaucoup d'agilité pour s'adapter à la crise sanitaire mais l'impact mondial du numérique que nous jugions déjà fin 2019 comme conséquent et préoccupant, n'a pu être maîtrisé comme cela aurait été nécessaire pour atteindre les objectifs d'un développement durable tels que définis par les Accords en vigueur. Certes nous entendons beaucoup parler d'empreinte CO2, de bilan carbone et d'émission de gaz à effet de serre (GES).

Il est indispensable de prendre en compte aussi dans ces impacts environnementaux : l'épuisement de l'eau, des terres rares et métaux non renouvelables qui, à date, sont déjà en épuisement ou en voie d'épuisement. Une approche multicritère est fondamentale pour éviter l'écueil du report d'impacts. Enfin les enjeux sociaux et sociétaux ne doivent pas non plus être négligés. Pourquoi ?

D'abord parce que la rareté des ressources sous-entend souvent des zones de conflits nationaux et internationaux. Parce que réduire son empreinte carbone ne veut pas dire que l'on préserve les autres impacts environnementaux. Et puis, parce que le numérique impacte non seulement l'environnement mais aussi les humains d'une manière générale : les populations et communautés locales pour la fabrication des équipements, les conditions sanitaires des travailleurs du numérique, la diversité et l'égalité des chances dans l'apprentissage ainsi que dans le monde du travail, l'accès aux produits et services.

Ainsi, avons-nous pensé aux effets pervers d'une surdose de numérique  : les risques psychosociaux d'un télétravail à outrance, d'un rythme de vie qui ne peut plus se passer de l'écran, et qui plus est ne sépare plus aussi lisiblement vie privée et vie professionnelle  ?

Et avons-nous pensé aussi à ceux qui en raison d'une situation économique, géographique, éducative, générationnelle ou une raison de santé ne peuvent pas ou ne savent pas utiliser les outils numériques pour accéder à des dispositifs essentiels comme accomplir par exemple des démarches administratives ou acheter un bien ?

En résumé, le numérique responsable est une réponse à la nécessaire conjonction des indispensables transformation numérique et transition écologique, sans oublier d'être au passage éthique et sécuritaire pour et au bénéfice de tous.

Et par quoi cela passe-t-il en premier ? La prise de conscience de tous qu'il est nécessaire et même indispensable de changer. Comment ? Sensibiliser, former, agir, mesurer, améliorer par itération !

Rédigé par Anne Tozzolino et Frédérick Marchand pour les Echos Entrepreneurs ,  
Repris et adapté par la Fondation Tamkine 
#Tamkine_ensemble_nous_reussirons