RGPH, Où sont nos enfants ?


​Le berceau se tait,
L’enfant s’en est allé,
La terre sans voix pleure,
Un peuple sans lueur.



Poème à écouter en musique de Adnane Benchakroun


Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Adnane Benchakroun

Dans les foyers éteints s'efface le berceau,
Les rires d'autrefois s'envolent en lambeaux.

Le vent de la raison souffle sur les ménages,
Économe d'amour, il défie les lignages.

Les murs sans murmure contemplent l'abandon,
Des nuits sans nourrisson, sans berceuse au balcon.

Où sont les temps bénis des enfants innombrables,
Ombres qui remplissaient des maisons mémorables ?

Le verbe « enfanter » se fait murmure lointain,
Sous l'ombre des calculs, il périt au matin.

Les songes effacés sous le poids des dépenses,
Chiffrent la progéniture en dettes et absences.

Déjà point l’avenir d’un peuple déserté,
Sans âme qui succède à son éternité.

Les berceaux sont vides et les jouets sans maître,
L’espoir s’amenuise, incapable de naître.

Ô mères d'autrefois aux bras chargés d'enfants,
Vos noms s’effacent tels des souvenirs d’antan.

Les pères désormais comptent plus que n’élèvent,
Le monde les enjoint d’épargner, qu’ils s’achèvent.

Et le cri des bébés qui jadis enchantait,
Est silence, funeste, dans un monde effaré.

Peuple aux mille couleurs, où ton rire s'endort ?
Quand la vie est figée, c'est la nation qui mord.

​Ce poème, dans un style inspiré de Pierre de Ronsard, aborde avec surprise le déclin de la natalité chez les Marocains.

À travers des alexandrins mélancoliques, il dépeint un peuple autrefois vibrant de vie et de naissances, désormais confronté au silence des berceaux vides. Les rires des enfants, qui résonnaient jadis dans les foyers, ont laissé place à une société où la raison économique domine et où l'enfant est perçu comme un coût insurmontable. Le poème évoque avec nostalgie les mères d'autrefois, porteuses d’espoir et de lignages, et déplore l’avenir déserté d’une nation qui semble se priver d’héritiers. Les pères comptent plus qu’ils n’éduquent, et le cri des bébés s'est éteint, remplacé par un silence pesant. Ainsi, le texte pose une question implicite : qu'advient-il d'un peuple lorsqu'il cesse de donner la vie ? Une nation qui abandonne ses enfants abandonne, en réalité, son propre avenir.

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Mercredi 18 Décembre 2024

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