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Quid de l’après-guerre en Ukraine ?


Rédigé par le Mardi 13 Juin 2023



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Les débuts difficiles de la contre-offensive de l’armée ukrainienne contre les positions occupées par l’armée russe présagent de son échec.

Cette opération militaire décidée par Kiev, sous la pression de ses donateurs occidentaux qui réclamaient des résultats, n’avait, de fait, aucune chance de succès, les forces russes ayant le contrôle total des airs.

C’est la troisième armée ukrainienne à se faire ainsi détruire les forces russes, depuis le début du conflit.

Après avoir déjà mobilisé tout homme en âge d’aller au front, Kiev n’a plus les ressources humaines nécessaires pour constituer une quatrième armée.

Ni les pays occidentaux de lui fournir plus d’armements et de munitions, ayant énormément puisé dans leurs arsenaux pour soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine.

La Russie a également subi pas mal de pertes humaines et matérielles. Le facteur démographique, la disponibilité des ressources naturelles et énergétiques, ainsi que les capacités de production de l’industrie font, toutefois, la différence.

La Russie pèse plus de 143 millions d’habitants, contre seulement 43 millions pour l’Ukraine. Moscou peut également s’appuyer sur de très importantes réserves minières et en hydrocarbures et une industrie militaire, héritée de l’ère soviétique, que le président Poutine a patiemment et discrètement remise à niveau.

Ni l’Ukraine, ni même ses alliés occidentaux, ne dispose d’autant d’atouts. Outre le fait que le président Poutine jouit d’une popularité auprès de la population russe qui ferait pâlir de jalousie nombre de dirigeants politiques occidentaux.

Les Russes ont adopté la mode consumériste des sociétés occidentales, depuis la chute de l’Urss, mais ils n’en sont pas demeurés très attachés à leurs valeurs traditionnelles et sont réputés pour leur résilience.

Napoléon et Hitler, dont les très puissantes armées avaient envahi les territoires de la Russie, avant de s’en faire chasser, auraient pu en témoigner.

La question est maintenant de savoir quelle sera la réaction des Etats-Unis et de leurs alliés une fois la défaite de l’Ukraine consommée.

Les dirigeants politiques et les médias occidentaux n’ont pas cessé, depuis le début des hostilités en Ukraine, il y a quinze mois, de répéter inlassablement à leurs opinions publiques que la Russie allait perdre cette guerre, pour une multitude de raisons invoquées à tort ou à raison.

En soubassement de ce discours, une réelle arrogance des dirigeants occidentaux, qui non seulement se croient les meilleurs, mais s’imaginaient que le reste du monde était réellement épris de leur « ordre mondial fondé sur les règles » qu’ils ont eux-mêmes édictées.

Il va falloir, une fois la défaite de l’Ukraine devenue impossible à cacher, que les dirigeants américains et européens trouvent des explications à donner à leurs citoyens.

Les sanctions économiques infligées à la Russie, ce sont, en fin de compte, les Européens qui en souffrent le plus. Certains dégâts infligés aux industries européennes, après s’être vues privées des hydrocarbures russes, sont irréparables.

La délocalisation de manufactures européennes vers les Etats-Unis, afin d’accéder à une énergie meilleur marché pour parvenir à survivre et préserver leur compétitivité, a donné à nombre d’Européens le désagréable sentiment de s’être fait rouler.

Ceux qui ont apprécié le « printemps arabe », vont sûrement adorer un fort probable « printemps européen », même si nombre d’observateurs des sociétés « wokisées » du vieux continent se demandent si les peuples d’Europe ont encore suffisamment de vitalité pour oser se révolter.

Les craintes exprimées par des analystes géopolitologues en marge du système, à l’exemple de l’ex-diplomate britannique et agent du MI6, Alastair Crook, portent surtout sur la volonté d’une large frange de la classe politique américaine de laisser tomber le front ukrainien pour se tourner vers la Chine.

Les sinophobes les plus enragées à Washington estiment, en effet, qu’il faudrait, le plut tôt possible, mener bataille contre la Chine, avant que celle-ci ne soit tout à fait prête à les affronter. C’est le fameux « piège de Thucydide ».

Pour le monde entier, un tel scénario serait catastrophique. La succession de la crise sanitaire du Covid et le déclenchement de la guerre en Ukraine ont provoqué ralentissement économique et crise inflationniste dont nombre de pays du monde peine toujours à s’en sortir.

Si les chaînes d’approvisionnement devaient être encore plus perturbées, voir momentanément rompues, par une guerre en Mer de Chine, ce serait la récession et l’hyperinflation assurée dans la plupart des pays du globe.

Tant que les Etats-Unis, et à leur suite leurs alliés européens, n’arrivent pas admettre la perte de leur hégémonie et l’émergence d’un monde multipolaire, le risque d’une descente aux enfers n’est pas à exclure.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 13 Juin 2023

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