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Qui sont les jeunes NEETs au Maroc ?

Profils et déterminants des jeunes NEETs au Maroc : Un éclairage à partir de l’enquête nationale sur l’emploi 2022


Rédigé par le Jeudi 16 Mai 2024



En 2022, plus de 25 % des jeunes Marocains âgés de 15 à 24 ans se trouvaient dans une situation de NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation), soit environ 1,5 million de jeunes. Cette proportion importante de la jeunesse marocaine met en évidence la nécessité de comprendre les raisons sous-jacentes et les dynamiques sociales qui conduisent à cette désaffiliation des activités éducatives, professionnelles et formatives.

L'analyse des données révèle une distinction notable entre les jeunes NEET au chômage (27,6%) et ceux inactifs (72,4%), ces derniers ne manifestant pas d'intérêt actif pour l'insertion professionnelle.

Les jeunes femmes sont disproportionnellement touchées par la NEETitude avec un taux atteignant 37,3% chez cette population, comparativement à 13,5% chez les hommes.

Cette disparité de genre est renforcée par des facteurs socio-culturels et économiques, limitant l'accès des femmes à l'éducation et au marché du travail.

De plus, une analyse géographique révèle des variations régionales importantes. Bien que la prévalence soit plus marquée en milieu urbain, certaines régions rurales, comme Béni Mellal-Khénifra (30,6%) et l'Oriental (28,1%), affichent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale.

L'analyse du profil socio-économique des ménages des jeunes NEET montre que 85% d'entre eux vivent dans des ménages dirigés par un homme et que 87% des chefs de ménage ne possèdent aucun diplôme. Ces données soulignent l'importance des facteurs familiaux et socio-économiques dans la détermination du statut des jeunes sur le marché du travail et dans le système éducatif. En conclusion, l'étude met en lumière la complexité et la diversité des circonstances auxquelles les jeunes NEET au Maroc font face, nécessitant une approche holistique et différenciée pour comprendre pleinement leurs défis et opportunités.

L'analyse des jeunes femmes NEET au Maroc révèle des défis significatifs et des perspectives complexes. En effet, 37,3% des femmes âgées de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET, une réalité particulièrement accentuée en milieu rural (51,5% contre 28,2% en zone urbaine). Quatre régions – Marrakech-Safi, Casablanca-Settat, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra – abritent plus de la moitié des femmes NEET (57,6%), mettant en évidence des disparités territoriales substantielles nécessitant une attention particulière.

La majorité des femmes NEET (87,5%) sont inactives, principalement en raison de leurs responsabilités familiales (94,5% sont des femmes au foyer). Une proportion significative de ces femmes inactives réside dans des zones rurales (60%), témoignant d'une prévalence notable de NEET dans les milieux ruraux du pays. Quant aux jeunes femmes NEET inactives, une majorité considérable déclare ne pas être disponible pour travailler, invoquant principalement l'implication dans l'éducation des enfants et les tâches ménagères (74,8%), ainsi que l'opposition manifestée par le conjoint, le père ou d'autres membres de la famille (8,0%).

L'éducation est identifiée comme un vecteur crucial d'émancipation. Une corrélation marquée existe entre le niveau d'éducation et le statut NEET : 85% des femmes dépourvues de diplôme se trouvent dans cette situation, contre seulement 17,3% de celles disposant d'un diplôme supérieur. L'accès à l'éducation formelle apparaît donc comme un levier essentiel pour atténuer la NEETitude et offrir des opportunités d'emploi et de formation. En somme, le statut d'emploi du chef de ménage émerge également comme un facteur influençant le statut NEET des jeunes femmes. Les jeunes femmes vivant dans des ménages dont le chef est actif occupé présentent 12% de chances en moins d'être NEET que celles vivant dans des ménages dont le chef est inactif, mettant en relief l'importance du contexte familial et du soutien socio-économique dans la réussite des jeunes femmes.

L'examen réalisé dans le cadre de cette étude du HCP a permis d'identifier plusieurs déterminants clés du statut NEET parmi les jeunes.

Les résultats mettent en exergue l'influence prépondérante du niveau d'éducation, de l'état matrimonial, de l'âge, du genre, du niveau d'éducation du chef de ménage et de la géographie sur la probabilité de se retrouver NEET.

Le niveau d'éducation se révèle être un élément critique influençant la probabilité de devenir NEET. En effet, les jeunes ayant un faible niveau d'éducation sont beaucoup plus susceptibles de se retrouver NEET. Ce constat souligne l'importance de l'accès à l'éducation et à la formation professionnelle pour réduire ce phénomène.

Le statut matrimonial est également un déterminant clé, particulièrement pour les femmes. Les jeunes femmes mariées présentent un risque beaucoup plus élevé d'être NEET par rapport à leurs homologues non mariées, en raison des responsabilités familiales et domestiques accrues. Cette observation met en lumière la nécessité de politiques visant à concilier les responsabilités familiales avec les opportunités éducatives et professionnelles pour les jeunes femmes.

L'âge constitue un autre facteur significatif, avec une prévalence accrue du statut NEET parmi les jeunes adultes âgés de 20 à 24 ans. Cette période de transition critique vers le marché du travail ou la poursuite des études supérieures nécessite des interventions ciblées pour soutenir ces jeunes pendant cette phase cruciale. De plus, les disparités régionales observées indiquent que les jeunes résidant dans certaines régions ont une probabilité significativement plus élevée d'être NEET. Il est crucial de tenir compte de ces disparités géographiques lors de l'élaboration de politiques et de programmes visant à réduire le statut NEET parmi les jeunes.

En définitive, pour réduire la prévalence du statut NEET, il est impératif d'investir dans l'éducation et la formation, d'élaborer des politiques de soutien aux jeunes femmes mariées, et de développer des initiatives régionales adaptées. Ces mesures permettront de promouvoir l'inclusion socio-économique des jeunes marocains, de réduire les inégalités et d'offrir de meilleures perspectives d'avenir à cette population vulnérable.

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Jeudi 16 Mai 2024

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