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Par l’IRES
A l’aune des Hautes Orientations annoncées dans le Discours Royal adressé, le 8 octobre 2021, aux membres du Parlement, ayant appelé à "opérer une véritable mise à niveau du système de santé, conformément aux meilleurs standards et en synergie totale entre secteurs public et privé", l’IRES a organisé deux journées d’études ayant réuni dans le cadre d’une approche d’intelligence collective, des acteurs institutionnels et des experts avérés dans différentes disciplines en liaison avec la santé.
Ces rencontres ont permis de dresser un état des lieux du système de santé au Maroc et de formuler quelques propositions en vue d’une implémentation appropriée de la Vision Royale.
Ces rencontres ont permis de dresser un état des lieux du système de santé au Maroc et de formuler quelques propositions en vue d’une implémentation appropriée de la Vision Royale.
Etat des lieux du système de santé au Maroc : des acquis à consolider et des insuffisances à surmonter
Depuis son indépendance, le Maroc a édifié un secteur public important, a enregistré de nombreux acquis en termes d’augmentation de l’espérance de vie à la naissance, de réduction sensible de la mortalité infantile et de la mortalité maternelle et de quasi-généralisation de la couverture vaccinale ayant contribué à l’élimination ou à la régression des maladies transmissibles.
La mise en place d’une industrie pharmaceutique a permis de couvrir plus de la moitié des besoins nationaux en médicaments. Malgré ces avancées, le système national de santé, qui a survécu à la pandémie de la Covid-19 grâce à la mobilisation et au dévouement du personnel soignant, continue de pâtir de plusieurs imperfections :
Le modèle de financement de la santé, assuré majoritairement par les ménages, a atteint ses limites car il risque d’appauvrir davantage les populations et de freiner leur accès aux soins.
La mise en place d’une industrie pharmaceutique a permis de couvrir plus de la moitié des besoins nationaux en médicaments. Malgré ces avancées, le système national de santé, qui a survécu à la pandémie de la Covid-19 grâce à la mobilisation et au dévouement du personnel soignant, continue de pâtir de plusieurs imperfections :
l’absence d’une vision stratégique, un cadre institutionnel inachevé, une offre de soins inadaptée à une demande en santé évolutive, territorialisée et diversifiée, un creusement des inégalités en matière d'accès aux services de santé, une pénurie aigue en personnel soignant, une productivité faible dans le secteur public, l’inexistence de normes d’évaluation de la qualité des prestations fournies par les systèmes public et privé de santé et une utilisation limitée des nouvelles technologies.
Le modèle de financement de la santé, assuré majoritairement par les ménages, a atteint ses limites car il risque d’appauvrir davantage les populations et de freiner leur accès aux soins.
Vers un nouveau modèle de santé global, intégré, intersectoriel, décentralisé, résilient, centré sur le patient et intelligent
Pour combler ces défaillances, la santé devrait être considérée comme une priorité nationale de par la complexité des réformes à entreprendre en vue de réussir la couverture maladie universelle et la nécessité de garantir l’accès à la santé à tous les citoyens conformément à la Constitution.
Le caractère multidimensionnel de ce mégaprojet, dont les frontières dépassent le seul secteur de la santé, rend opportun que soit soustrait ce chantier des contingences électorales et des conjonctures politiques.
A cet effet, il est primordial d’adopter un nouveau modèle de santé et de réunir trois préalables. Le nouveau modèle de santé devrait être :
● global, avec ses dimensions sociale, économique, écologique, sécuritaire et diplomatique, en assurant l’accès de la population à la santé de manière à réaliser les Objectifs de Développement Durable de 2030, en créant de la valeur ajoutée économique, en prenant en considération les interdépendances entre la santé humaine, animale et de l’environnement (one health), en préservant la sécurité sanitaire du pays et en faisant du Maroc un hub africain en matière de santé ;
● intégré, où toutes les composantes sont reliées depuis la recherche & développement jusqu’à l’industrie pharmaceutique et intersectoriel dans la mesure où il faudrait établir une cohérence entre la politique de la santé et les politiques publiques de l’éducation, de la nutrition, de l’habitat, de l’industrie, …
● décentralisé, de proximité et promouvant l’universalité dans le cadre de la régionalisation avancée ; • résilient, en mettant l’accent sur la médecine préventive et la médecine de l’urgence, en anticipant les risques et en assurant une gestion appropriée des crises, ce qui permettrait au Maroc d’être préparé à affronter des maladies émergentes inédites ;
● centré sur le patient, grâce à une médecine personnalisée, préventive, prédictive, participative et pertinente ainsi qu’à la constante harmonisation entre la politique de la santé et celle de la couverture sociale ;
● intelligent, faisant de la « e-santé » un levier novateur de transformation et d’efficience de ce secteur et promouvant la médecine du futur, fortement influencée par la numérisation et la robotisation. 16 La coopération public-public et public-privé devrait être privilégiée systématiquement à travers la mutualisation des ressources humaines, techniques et logistiques des secteurs public et privé par le biais de la contractualisation croisée.
Trois préalables devraient être réunis, qui sont des nœuds du futur :
● Revoir entièrement la gouvernance du système de santé, en mettant en place une nouvelle architecture institutionnelle, en faisant évoluer le cadre réglementaire y afférant, en fondant la réorganisation de ce système sur l’universalité et la proximité, en instaurant des mécanismes d’évaluation et de contrôle de l’action en matière de santé, en développant la connaissance en vue d’une meilleure gestion de l’offre et de la demande de soins, basée entre autres sur une approche territoriale innovante et concertée.
● Relever le grand défi du capital humain en faisant de sa valorisation un enjeu de souveraineté nationale, en comblant le déficit en médecins et en personnel médical et paramédical, en élargissant le champ de la formation et en luttant contre la fuite des cerveaux et en s’ouvrant de manière sélective aux compétences internationales.
● Définir un modèle de financement durable du système de santé, en fondant son architecture financière sur la responsabilisation des acteurs et sur leur contribution systématique aux dépenses de santé, en augmentant son efficience et en favorisant l’émergence d’organismes de financement innovant.
Le caractère multidimensionnel de ce mégaprojet, dont les frontières dépassent le seul secteur de la santé, rend opportun que soit soustrait ce chantier des contingences électorales et des conjonctures politiques.
A cet effet, il est primordial d’adopter un nouveau modèle de santé et de réunir trois préalables. Le nouveau modèle de santé devrait être :
● global, avec ses dimensions sociale, économique, écologique, sécuritaire et diplomatique, en assurant l’accès de la population à la santé de manière à réaliser les Objectifs de Développement Durable de 2030, en créant de la valeur ajoutée économique, en prenant en considération les interdépendances entre la santé humaine, animale et de l’environnement (one health), en préservant la sécurité sanitaire du pays et en faisant du Maroc un hub africain en matière de santé ;
● intégré, où toutes les composantes sont reliées depuis la recherche & développement jusqu’à l’industrie pharmaceutique et intersectoriel dans la mesure où il faudrait établir une cohérence entre la politique de la santé et les politiques publiques de l’éducation, de la nutrition, de l’habitat, de l’industrie, …
● décentralisé, de proximité et promouvant l’universalité dans le cadre de la régionalisation avancée ; • résilient, en mettant l’accent sur la médecine préventive et la médecine de l’urgence, en anticipant les risques et en assurant une gestion appropriée des crises, ce qui permettrait au Maroc d’être préparé à affronter des maladies émergentes inédites ;
● centré sur le patient, grâce à une médecine personnalisée, préventive, prédictive, participative et pertinente ainsi qu’à la constante harmonisation entre la politique de la santé et celle de la couverture sociale ;
● intelligent, faisant de la « e-santé » un levier novateur de transformation et d’efficience de ce secteur et promouvant la médecine du futur, fortement influencée par la numérisation et la robotisation. 16 La coopération public-public et public-privé devrait être privilégiée systématiquement à travers la mutualisation des ressources humaines, techniques et logistiques des secteurs public et privé par le biais de la contractualisation croisée.
Trois préalables devraient être réunis, qui sont des nœuds du futur :
● Revoir entièrement la gouvernance du système de santé, en mettant en place une nouvelle architecture institutionnelle, en faisant évoluer le cadre réglementaire y afférant, en fondant la réorganisation de ce système sur l’universalité et la proximité, en instaurant des mécanismes d’évaluation et de contrôle de l’action en matière de santé, en développant la connaissance en vue d’une meilleure gestion de l’offre et de la demande de soins, basée entre autres sur une approche territoriale innovante et concertée.
● Relever le grand défi du capital humain en faisant de sa valorisation un enjeu de souveraineté nationale, en comblant le déficit en médecins et en personnel médical et paramédical, en élargissant le champ de la formation et en luttant contre la fuite des cerveaux et en s’ouvrant de manière sélective aux compétences internationales.
● Définir un modèle de financement durable du système de santé, en fondant son architecture financière sur la responsabilisation des acteurs et sur leur contribution systématique aux dépenses de santé, en augmentant son efficience et en favorisant l’émergence d’organismes de financement innovant.