Que peut attendre le Moyen-Orient de la présidence Trump ?


Rédigé par le Mercredi 13 Novembre 2024

Pendant que les Israéliens continuent leurs massacres dans la Bande de Gaza et au Liban, le gouvernement en cours de constitution par Donald Trump, de retour à la Maison blanche, semble saturé de fervents défenseurs d’Israël.



Marc Rubio, pressenti pour occuper le poste de secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, estime qu’Israël est en droit de mener ses opérations militaires dans la Bande de Gaza jusqu’à éliminer le dernier élément du Hamas.

Mike Huckabee, futur ambassadeur des Etats-Unis en Israël, est réputé pour son soutien à la colonisation des territoires palestiniens par les sionistes. Pour lui, il n’existe pas de Cisjordanie occupée, ce serait plutôt la Judée-Samarie, dans on retrouve l’acte de propriété sioniste dans le cadastre biblique.

Pete Hegseth, un ancien officier de réserve qui a obtenu sa première médaille à Guantanamo avant d’être déployé en en Irak et Afghanistan, qui est actuellement présentateur sur la chaîne de télévision Fox News, est pressenti pour diriger le Pentagone.

Le plus récent message de ce chrétien évangéliste sur la plateforme X (ex-Tweeter) donne une idée de ce que sera sa politique au Moyen-Orient : « le sionisme et l'américanisme sont, aujourd'hui, les lignes de front de la civilisation occidentale et de la liberté dans notre monde ».

Changement dans la continuité

Ce ne sont là que quelques exemples des profils très pro-israéliens que Donald Trump a regroupé pour constituer son équipe.

Il est également à rappeler que lors de son premier mandat (2017-2020), Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, le 6 décembre 2017, ainsi que la souveraineté de cette dernière sur le Golan, le 25 mars 2019.

Il est de notoriété publique que le soutien de Washington à Israël est une constante de la politique américaine au Moyen-Orient, et ce quel que soit l’occupant de la Maison blanche. 

Ni les Palestiniens, ni les Libanais, ni les Iraniens ne se sont jamais fait d’illusions à ce sujet.

Mais il faut également rappeler que Donald Trump, l’homme d’affaires devenu président des Etats-Unis, est l’initiateur des accords d’Abraham, en 2020, qui ont permis l’établissement (ou le rétablissement dans le cas du Maroc), de relations diplomatiques entre plusieurs Etats arabes (Emirats Arabes Unies, Bahreïn, Soudan) et Israël.

Ces pays ont rejoint l’Egypte et la Jordanie pour constituer un bloc de pays arabes ayant des relations normalisées avec Israël. Il a, toutefois, manqué à Donald Trump la cerise sur le gâteau qu’est l’Aarabie saoudite.

Donnant-donnant

La position de cette dernière envers Israël est demeurée inchangée depuis l’initiative de paix arabe, proposée par le défunt Roi Abdallah ben Abdelaziz, en 2002 : la reconnaissance d’Israël contre son retrait des territoires palestiniens.

La situation a énormément changé, depuis lors, rendant la solution à deux Etats presque impossible à mettre en œuvre.

En Cisjordanie, 280 colonies, installées depuis 1967, accueillent 710.000 colons israéliens, dont l’occupation préférée est de rendre la vie infernale à 3,2 millions de Palestiniens, dans le but avoué de les pousser à quitter leur terre pour se les accaparer.

Lors du récent sommet de Ryad, le 11 novembre, regroupant les membres de la Ligue arabe et de l’Organisation de la conférence islamique, les 70 pays participants ont rappelé à Israël que seul son retrait total des territoires palestiniens peut mener à une paix global au Moyen-Orient.

« Une paix juste et globale dans la région (...) ne peut être obtenue sans mettre un terme à l’occupation israélienne de l’ensemble des territoires occupés », est-il indiqué dans le communiqué final.

Calcul des pertes et profits

Il est évident que les Israéliens se moquent royalement de l’avis des pays arabes et musulmans, mais le plus probable est que ce message a été plutôt adressé à Donald Trump.
En homme d’affaires avisé, Donald Trump estime la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient en termes de pertes et de profits.

Déjà, les Kurdes syriens appréhendent un retrait des troupes américaines, pendant que les troupes turques fourbissent leurs armes, dans la perspective d’une entrée dans le Nord de la Syrie après le départ des Américains.

Une telle évolution de la situation en Syrie pourrait découler d’une entente entre le président américain, Donald Trump, et celui de Russie, Vladimir Poutine, qui ne serait pas du tout du goût d’Israël.

Une redistribution des cartes au Moyen-Orient, amenant les Etats-Unis à continuer à assurer la sécurité d’Israël, mais sans l’appuyer dans ses ambitions messianiques détendre Eretz Israël au dépend des pays voisins, provoquerait une grave crise existentielle pour l’entité sioniste.

Course contre la montre

En attendant le 20 janvier 2025, jour de l’investiture de Donald Trump 47ème président des Etats-Unis, les Israéliens essayent du mieux qu’ils peuvent de rendre la Bande de Gaza inhabitable pour les Palestiniens survivants du génocide, alors que le Hezbollah libanais fait pleuvoir des slaves de roquettes, de drones et de missiles sur les agglomérations israéliennes.

Personne n’attend la réaction iranienne à l’attaque israélienne du 26 octobre, si ce n’est pour le spectacle. Les marchands du Bazar de Téhéran suent à l’idée d’absence de perspectives de levée des sanctions avec Donald Trump à la Maison blanche. Ce qui oblige les Mollahs de faire profil bas.

Le retour de Donald Trump à la Maison blanche, ce sont bien des incertitudes à gérer par les dirigeants des pays du Moyen-Orient, tellement le personnage est coutumier des retournements brusques et inattendus de situation.




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Mercredi 13 Novembre 2024
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