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Quand l’IRES dissèque le positionnement global du Maroc à l’international


La 12ème édition du «Tableau de bord stratégique», récemment publiée par l’Institut royal des études stratégiques (IRES), est un document précieux, qui examine le positionnement du Maroc à l’international dans les domaines économique, social, culturel, environnemental et politique. Que faut-il retenir de sa lecture?



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Par Mustapha Sehimi

L’Institut royal des études stratégiques (IRES) vient de publier le rapport annuel sur le «Tableau de bord stratégique». Cette 12ème édition est un document utile, précieux même, sur l’appréhension et le suivi de l’évolution du positionnement du Royaume à l’international dans les domaines économique, social, culturel environnemental et politique. Le rapport fourmille d’informations quantitatives nécessaires, incontournables, pour décider et mettre en œuvre les politiques publiques.

Dans le détail, elles se déclinent autour de 189 indicateurs stratégiques, groupés suivant cinq piliers: gouvernance, Human Centric, Nature Centric, planétarisation et exponentialité. Les informations exploitées proviennent quant à elles de plusieurs sources, internes (HCP, Office des changes, Bank Al-Maghrib, départements ministériels…) et internationales (Banque mondiale, FMI, OCDE, PNUD, OMS, FAO...). Dans sa présentation, Mohamed Tawfik Mouline, directeur général de l’IRES, estime que le Maroc jouit d’un positionnement favorable dans certains domaines, intermédiaire dans d’autres et non approprié pour un dernier lot.
 

Pour ce qui est du premier pilier, référence est faite à des risques existentiels, des droits humains et des biens communs. L’on y relève aussi l’amélioration du positionnement international du pays en matière de participation à la gouvernance mondiale. Un statut de partenaire crédible, illustré notamment par ces facteurs: stabilité politique et sécuritaire, engagement en faveur de la paix et de la sécurité internationales, implication dans la promotion du développement durable dans la région et statut de puissance attractive (le Maroc est le 11ème plus grand contributeur aux opérations de maintien de la paix de l’ONU).
 

La résilience globale traduit, elle, un rang intermédiaire, face aux risques des catastrophes naturelles (tremblements de terre, inondations, incendies...) ainsi qu’à la vulnérabilité en termes d’accès aux chaînes d’approvisionnement. Il faut y ajouter le score moyen de l’indice «Fragile State», par suite de certains facteurs: hausse des flux migratoires, fuite des cerveaux, inégalités de développement économique. Au titre de l’indice global de terrorisme, la progression est en revanche notable: elle est le fruit de l’engagement actif du Royaume en la matière et de l’efficience des actions continues menées dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.
 

S’agissant de la puissance militaire, l’évolution est positive. Le Maroc occupe la 61ème place mondiale sur 147 pays et la 7ème en Afrique, et s’établit au 25ème rang mondial et 4ème continental pour la marine (avec 121 navires militaires). Les dépenses militaires sont également notables, dictées par le programme de modernisation des Forces armées royales (FAR) et le renforcement des capacités de défense de l’intégrité territoriale contre les menaces. En pourcentage du PIB, elles ont été de 3,3% pour la période 2002-2011 et de 3,64% pour les années 2012-2023.

 


«Le rapport indique une nette progression au chapitre de la démocratie et l’État de droit, le Maroc occupant la troisième place dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient.»
 

La progression est nette quant à la démocratie et l’État de droit, avec la 3ème place dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA). Mais cet indice ne reflète pas le niveau d’expression et de responsabilisation lié aux acquis de la Constitution de 2011 pour ce qui est des droits fondamentaux des citoyens et des espaces de la liberté. La même observation regarde la liberté de presse. Quant aux libertés économiques, elles sont mieux positionnées, le Maroc étant au premier rang dans le Maghreb et au 7ème dans la région MENA. Dans cette ligne, sur l’efficacité de l’Open Data, le Maroc est premier dans le continent avec une plateforme mise sur pied dès 2011.
 

Concernant les institutions publiques (efficacité du gouvernement, gouvernance publique, qualité de la réglementation, liberté du système financier, perception de la corruption opacité financière), les indices se situent dans un palier intermédiaire, sauf pour la lutte contre le blanchiment d’argent, grâce à la mise en place de dispositifs institutionnels dédiés et le retrait de Rabat de la liste grise établie par le GAFI des pays sous surveillance renforcée.
 

L’indice Human Centric (centré sur l’humain) atteste des avancées dans de multiples domaines: amélioration de la qualité de vie, lien social, préparation de l’avenir… Mais les scores restent médiocres au registre des opportunités d’emploi pour les jeunes, avec en particulier la catégorie des NEET (sans éducation, ni emploi, ni formation) exclus du système économique, qui contraste pourtant avec la quasi-alphabétisation des jeunes de 15 à 24 ans. Dans les rubriques Nature Centric (centré sur la nature) et planétarisation, que retenir? Le positionnement est inégal dans les champs du stress hydrique, de la gestion durable des ressources naturelles, de la souveraineté alimentaire et énergétique, de l’empreinte écologique et de l’environnement.
 

Vient enfin le dernier indice de l’exponentialité, où des retards sont à relever dans certains secteurs (préparation à l’IA, maîtrise des technologies, villes intelligentes...); mais pas dans d’autres, comme la cybersécurité, qui bénéficie d’une stratégie nationale à l’horizon 2030. Surtout, les indicateurs macro-économiques restent préoccupants: un taux d’endettement à 71% du PIB, un déficit du compte courant de 2,4 % pour la période 2019-2023, un taux de couverture de la balance commerciale de 60% et des réserves de changes de cinq mois et demi d’importations. La stabilité du cadre macro-économique demeure toutefois un atout important, avec un taux d’investissement de 28%, une bancarisation en progrès (53% des citoyens) et un capital immatériel représentant les trois quarts de la richesse globale. Et pour conclure, cette évaluation globale: un fort degré de confiance à l’égard des institutions et un lien social renforcé.
 

Rédigé par Mustapha Sehimi  sur LE 360



Lundi 9 Décembre 2024


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