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Point d’inflexion

De la carte politique du monde au climat, des monnaies des échanges commerciaux internationaux aux capacités des algorithmes à simuler l’intelligence humaine, tout change, à grande vitesse, en cette 3ème décennie du 3ème millénaire.

La destruction créatrice est le pertinent concept selon lequel les entités les plus innovantes chassent du marché les moins productives. Il a été développé par Joseph Shumpeter, né en 1883, année du décès de Karl Marx.

Il n’y a, en effet, rien de plus efficace pour stimuler la croissance économique et le bien être matériel des humains, à condition de ne pas se trouver du mauvais côté de la barrière.

Mais si Gaïa, la planète qui accueille les humains, estime que ces derniers ont commis trop de bêtises, en saccageant la biosphère, et qu’il fallait procéder à une « Grande réinitialisation » pour ramener de l’ordre dans ce chaos ?

Quand les Russes et les Ukrainiens, adoubés par un Occident en déclin, s’entretuent avec grand enthousiasme, tirant des milliers d’obus et de missiles par jour, à quelle hauteur participent-ils à l’émission de gaz à effet de serre ?

Ça ne « chauffe » pas seulement pour les combattants engagés sur le terrain, mais pour tous les habitants de la planète.

Les prix des denrées alimentaires sont devenus brûlants. Au Maroc, leur indice a grimpé de 16% en mars, par rapport à la même période l’année écoulée. La banque mondiale dit que la cherté de la nourriture est un problème largement partagé à travers le globe.

Pendant ce temps, des tonnes de céréales sont coincées en Ukraine, et d’autres tonnes d’engrais le sont en Russie. Le comble du jusqu’auboutisme est de préférer voir les gens mourir de faim plutôt que de céder un pouce de terrain.

Caché derrière le renchérissement des prix des hydrocarbures, suite aux sanctions contre la Russie, et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, un mal non-soigné hérité de la crise du Covid, il y a également la « greedflation ».

Ce terme insolite désigne les gros bénéfices indus que se font certaines grandes entreprises en période de hausse des prix. Les 500 plus grandes entreprises de la planète ont enregistré des profits record, de l’ordre de 1.800 milliards de dollars, en 2022.    

Il va de soi qu’une telle situation créée beaucoup de mécontents.

Le climat social dans nombre de pays du globe est proportionnel à la hausse des températures. En France, où la situation est devenue presque infernale, le petit peuple tape sur des casseroles pour conjurer le mauvais sort.

Au Maroc, des personnalités politiques éprouvent des bouffées de chaleur, qui nécessitent des séjours prolongés « à l’ombre ». Ils ont promis à leurs électeurs de les servir, plutôt que de se servir, mais à bord de voitures luxueuses climatisées, on ne perçoit plus la brûlure ressentie par les citoyens pour les engagements non-tenus.

Il faut bien que tout change, même si les mauvaises blagues ont la vie dure. Franchir le point d’inflexion pour retrouver l’ascension de la courbe ne peut se faire, toutefois, sans un goût de cendres.