Par Khaled Hamadé, Président de l'Institut International d'Études Géopolitiques (IIEG) Montpellier, France
Depuis plusieurs semaines, une nouvelle dynamique s’installe en Syrie avec l’offensive majeure menée par Hay'at Tahrir al-Cham (HTC) sur Alep, bastion stratégique du régime de Bachar al-Assad. Alors que ce dernier semblait avoir consolidé sa position après une décennie de guerre, cette avancée révèle des fragilités structurelles du régime et redéfinit le paysage
géopolitique syrien.
Cette analyse vise à explorer les raisons de cette offensive, le rôle des acteurs impliqués, ainsi que ses implications régionales et globales.
Qui est Hay'at Tahrir al-Cham (HTC) ?
HTC, principal groupe rebelle syrien, est issu de Jabhat al-Nosra, ancienne branche d’al- Qaïda. Bien qu’il cherche à modérer son image, HTC reste marqué par des exactions graves et administre la région d’Idleb à travers un "Gouvernement de salut syrien", consolidant ainsi son pouvoir.
Sa stratégie actuelle repose sur un pragmatisme calculé, visant à séduire certains acteurs internationaux et à exploiter les faiblesses croissantes du régime Assad.
Pourquoi cette offensive réussit-elle ?
-Fragilités internes du régime avec une économie exsangue et un moral affaibli dans l’armée.
-Divisions internes croissantes et une base populaire réduite.
-Des soutiens externes affaiblis :
Exemple de la Russie, accaparée par la guerre en Ukraine, réduit ses efforts en Syrie. L’Iran, sous pression israélienne, peine à maintenir son corridor stratégique. Le Hezbollah, autre allié clé, voit ses capacités diminuées.
géopolitique syrien.
Cette analyse vise à explorer les raisons de cette offensive, le rôle des acteurs impliqués, ainsi que ses implications régionales et globales.
Qui est Hay'at Tahrir al-Cham (HTC) ?
HTC, principal groupe rebelle syrien, est issu de Jabhat al-Nosra, ancienne branche d’al- Qaïda. Bien qu’il cherche à modérer son image, HTC reste marqué par des exactions graves et administre la région d’Idleb à travers un "Gouvernement de salut syrien", consolidant ainsi son pouvoir.
Sa stratégie actuelle repose sur un pragmatisme calculé, visant à séduire certains acteurs internationaux et à exploiter les faiblesses croissantes du régime Assad.
Pourquoi cette offensive réussit-elle ?
-Fragilités internes du régime avec une économie exsangue et un moral affaibli dans l’armée.
-Divisions internes croissantes et une base populaire réduite.
-Des soutiens externes affaiblis :
Exemple de la Russie, accaparée par la guerre en Ukraine, réduit ses efforts en Syrie. L’Iran, sous pression israélienne, peine à maintenir son corridor stratégique. Le Hezbollah, autre allié clé, voit ses capacités diminuées.
Les acteurs régionaux tels que la Turquie soutiennent officieusement HTC, et profite de l’affaiblissement d’Assad pour réduire l’influence kurde dans la région. Quand à Israël qui a pu fragiliser l’axe Iran-Assad-Hezbollah, renforce sa position stratégique sans intervention directe. Il faut bien relever que la désorganisation des accords entre Moscou, Ankara et Damas offre à HTC une opportunité pour une offensive avec des conséquences locales et régionales. D'abord pour le régime Assad en perdant la ville d’Alep ou d’autres positions stratégiques qui pourrait menacer la survie du régime. Ensuite pour la région :
-L’instabilité syrienne alimente les rivalités entre la Turquie, l’Iran et Israël, tandis que la Russie et les États-Unis réévaluent leurs stratégies. -Pour la Syrie, une fragmentation accrue semble inévitable, divisant le pays en zones d’influence contrôlées par divers acteurs. En tentant d'avoir une vision géopolitique globale, nous constatons que la Turquie illustre parfaitement le rôle des alliances paradoxales dans la géopolitique contemporaine. Tout comme son intervention au Haut-Karabakh, Ankara allie pragmatisme et opportunisme, jonglant entre la confrontation et la négociation pour servir ses intérêts, parfois et souvent contre et au détriment des communautés qu'elle affaiblies.
Ce double jeu s’observe également dans ses relations avec Moscou et Damas. En comparaison, si nous pouvons nous l'autoriser dans cette analyse, le Maghreb présente une dynamique différente. Malgré des tensions récurrentes, notamment entre le Maroc et l’Algérie, la diplomatie visionnaire de certains acteurs, à l’image du Royaume du Maroc, a permis de préserver une stabilité relative.
Les efforts pour renforcer la souveraineté marocaine sur le Sahara et encourager une coopération régionale proactive témoignent de l’importance de solutions pacifiques et durables. Ce contraste souligne un point essentiel : dans un monde multipolaire, l’instabilité n’est pas une fatalité. La Syrie, malgré ses fractures, pourrait bénéficier d’approches différentes où les intérêts stratégiques s’alignent avec une volonté de paix durable. La Syrie se trouve donc à l’aube d’un nouvel équilibre incertain, dans un contexte où les grandes puissances semblent privilégier des logiques de puissance au détriment d’une stabilité durable.
L’histoire récente montre cependant que les solutions visionnaires et diplomatiques, même dans des contextes tendus, peuvent triompher des logiques de confrontation. À défaut, c’est une fragmentation irréversible qui menace la région.
Rédigé par Khaled Hamadé, Président de l'Institut International d'Études Géopolitiques (IIEG) Montpellier, France
Débat - Podcast : les chroniqueurs de la Web Radio débattent des idées contenues dans cet article ci-dessus à travers ces questions :
Quels facteurs contribuent au succès de l’offensive de Hay'at Tahrir al-Cham en Syrie Comment cette offensive remodèle-t-elle le paysage géopolitique et la dynamique régionale de la Syrie
Quelles approches régionales contrastées en matière de résolution des conflits cet événement met-il en évidence
Quelles approches régionales contrastées en matière de résolution des conflits cet événement met-il en évidence
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