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Présidents à vie…


On a enfin découvert les visages des présidents de fédérations sportives marocaines, que l’on ne connaissait pas pour la plupart. Tous sont en place depuis plus de 10 ans tous sports confondus. Il y’en a même quelques uns qui sont à leur poste depuis plus de 20 ans, presque une génération. Sans aucun résultat notable des athlètes dont ils ont la charge. Très présidents bien payés par l’argent public mais apparement sans volonté des pouvoirs publics de leur exiger une quelconque reddition des comptes quant à leur gestion ou à leurs résultats à la tête de ces fédérations.



Par Rachid Boufous

Au Maroc les décideurs se sont trop focalisés sur le football, sport phare à travers lequel on calme la plèbe. Jusqu’à présent la recette footbalistique semble marcher avec un Faouzi Lakjaa qui fait le job correctement et une équipe jeune qui réalise d’excellents résultats.

Il y’a de quoi vu que ce sport bénéficie de toutes les attentions, les infrastructures et les budgets qui vont avec. Les autres sports malheureusement stagnent, même l’athlétisme que les marocains ont trusté durant deux décennies avec de grands champions comme Aouita, Nawal, Bidouane est aujourd’hui orphelin malgré les résultats merveilleux réalisés par Soufiane Belkali sur 3000 m steeple.

Dans le présent gouvernement le sport a été rattaché à l’éducation nationale, à sa tête Chakib Benmoussa, polytechnicien, ancien ministre de l’intérieur, ancien ambassadeur à Paris et président de la commission pour le nouveau modèle de développement. On ne pouvait pas faire mieux comme ministre devant associer l’éducation au sport et révolutionner la destinée des jeunes au Maroc, en leur redonnant de l’espoir et surtout et un objectif dans la vie y compris à travers le sport.

En attendant, cela reste un vœu pieux, le ministre étant péniblement sorti d’un long conflit larvé avec les instituteurs, le voici confronté à une grève des étudiants en médecine qui ne trouve toujours d’issue. Donc pas vraiment le temps de consacrer aux fédérations sportives et leurs présidents et présidentes qui continuent à se la couler douce sans réelle remise en cause ou en question.

Pourtant les autorités locales dans plusieurs villes ont mis en place des terrains de proximité et des salles de sports en grand nombre. Et c’est toujours un plaisir de voir les jeunes pratiquer le sport dans leurs quartiers jusqu’à des heures tardives. Le potentiel et l’énergie sont là, mais ne sont malheureusement pas prises en main par les fédérations.
 
Et ce n’est pas une question de moyens, car un pays qui consacre 100 millions de dollars au football par an, peut en consacrer autant aux autres sports réunis.
 
Il est malheureux de constater qu’il existe encore une sportive marocaine qui a dû se débrouiller par ses propres moyens pour participer au marathon lors derniers jeux olympiques des paris, où elle est arrivée 11ème, ce qui est une cote très honorable au vu du manque criant de moyens, dont elle souffrait.
 
Du côté des officiels aucune déclaration par rapport aux résultats nuls des derniers jeux olympiques.
 
La seule sortie aura été celle de Nezha Bidouane ancien athlète médaillée qui a décrié cette situation tout en restant réservée, sans doute par peur des représailles de l’oligarchie sportive nationale, qui cherche par tous les moyens à faire passer l’orage des deniers résultas catastrophiques afin de rester au chaud à ses divers postes à la tête des fédérations sportives.
 
Cette situation alarmante ne peut plus continuer et les présidents et présidentes de fédérations sportives doivent tous et toutes déposer leurs démissions et quitter leurs postes. Dans un autre pays, c’est le ministre en charge qui l’aurait déjà fait avec le staff des fédérations.
 
Chez nous cela n’a pas l’air de déranger outre mesure qui que ce soit. Pourtant le malaise est là et il est énorme. Il faut prendre acte des situations d’échec et en tirer les conséquences qui s’imposent.
 
L’OCP vient de signer une convention de partenariat avec la fédération de football. Il peut en faire autant avec les autres fédérations sportives mais à la conditions expresse de changer préalablement les présidents en exercice desdites fédérations. On ne peut pas faire du neuf avec les présidents actuels, ramollis et dépassés, n’ayant obtenu aucun résultat sportif notable depuis qu’ils sont à la tête des fédérations sportives, hors football.
 
Est-ce que Chakib Benmoussa, le ministre de tutelle aura le courage d’affronter ces présidents de fédérations défaillants, quitte à dissoudre ces fédérations et à les reconstruire à neuf ? Je ne le pense pas…
 
Pourtant il est urgent de le faire, quand on sait que le Maroc possède un triste record, celui de compter 6 millions de NEETS, ces jeunes en dehors de toute formation scolaire ou professionnelle.

L’Observatoire National du Développement Humain, en partenariat avec l’UNICEF, a publié une étude en Avril 2022 sur « La Situation des jeunes NEET au Maroc », qui dit en gros ce qui suit : « Le Maroc présente un des taux de jeunes de 15 à 24 ans qui ne sont ni en éducation, ni en emploi, ni en formation (NEET) parmi les plus élevés. En effet, sur à peu près 6 millions de jeunes de 15 à 24 ans, selon l’enquête Panel des ménages de l’ONDH, la proportion des NEET s’élève en 2019 à 28,5%, soit 1,7 million de cette classe d’âge, tandis que 48,4% des jeunes, soit 2,9 millions, poursuivent leurs études, effectuent un stage ou suivent une formation professionnelle et que 23,1%, représentant presque 1,4 million, exercent un métier ».

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a tenu quant à lui le 8 mai 2024 un atelier de restitution pour la présentation des conclusions de son avis : "Les jeunes NEET : quelles perspectives d’inclusion socio-économique". Il en découle que dans les zones urbaines, la proportion des jeunes NEET en 2022 s’élève à 21,8%, ce qui correspond à près de 771.000 jeunes. Cette proportion est encore plus marquée dans les zones rurales, avec 30,3% des jeunes en situation de NEET, soit environ 715.000 individus, ce qui représente presque 1,5 million de personnes au total.

En élargissant cette tranche d’âge jusqu’à 35 ans, le nombre de jeunes NEET atteint les 4,3 millions, témoignant ainsi de l’ampleur du défi à relever en matière d’inclusion socio-économique des jeunes au Maroc

Or face à ce problème important qui touche la jeunesse marocaine, le sport demeure un formidable réceptacle pour juguler cette masse d’énergie jeune. Et il n’ya pas que la pratique du sport en elle-même, mais aussi les métiers qui s’y rattachent. En plus d’autres domaines liés à la culture, le tourisme et d’autres activités civiques et citoyennes où ces jeunes peuvent aussi trouver leur place.

En attendant, il paraît qu’il est urgent de ne rien faire, comme d’habitude. Au mieux on organisera des « assises du sport », énième raout d’auto célébration et rédaction des recommandations que les principaux intéressés s’empresseront d’oublier, une fois les petits fours avalés et les selfies de circonstance publiés sur les réseaux sociaux.

Les présidents de fédérations sportives quant à eux, resteront encore un demi-siècle supplémentaire à leur place, car il paraît qu’il n’est pas du tout urgent d’en faire autre chose que des présidents à vie…!
 
Rédigé par Rachid Boufous
 



Jeudi 15 Août 2024

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