Par Rachid Boufous
Il y’a de quoi vu que ce sport bénéficie de toutes les attentions, les infrastructures et les budgets qui vont avec. Les autres sports malheureusement stagnent, même l’athlétisme que les marocains ont trusté durant deux décennies avec de grands champions comme Aouita, Nawal, Bidouane est aujourd’hui orphelin malgré les résultats merveilleux réalisés par Soufiane Belkali sur 3000 m steeple.
Dans le présent gouvernement le sport a été rattaché à l’éducation nationale, à sa tête Chakib Benmoussa, polytechnicien, ancien ministre de l’intérieur, ancien ambassadeur à Paris et président de la commission pour le nouveau modèle de développement. On ne pouvait pas faire mieux comme ministre devant associer l’éducation au sport et révolutionner la destinée des jeunes au Maroc, en leur redonnant de l’espoir et surtout et un objectif dans la vie y compris à travers le sport.
En attendant, cela reste un vœu pieux, le ministre étant péniblement sorti d’un long conflit larvé avec les instituteurs, le voici confronté à une grève des étudiants en médecine qui ne trouve toujours d’issue. Donc pas vraiment le temps de consacrer aux fédérations sportives et leurs présidents et présidentes qui continuent à se la couler douce sans réelle remise en cause ou en question.
Pourtant les autorités locales dans plusieurs villes ont mis en place des terrains de proximité et des salles de sports en grand nombre. Et c’est toujours un plaisir de voir les jeunes pratiquer le sport dans leurs quartiers jusqu’à des heures tardives. Le potentiel et l’énergie sont là, mais ne sont malheureusement pas prises en main par les fédérations.
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a tenu quant à lui le 8 mai 2024 un atelier de restitution pour la présentation des conclusions de son avis : "Les jeunes NEET : quelles perspectives d’inclusion socio-économique". Il en découle que dans les zones urbaines, la proportion des jeunes NEET en 2022 s’élève à 21,8%, ce qui correspond à près de 771.000 jeunes. Cette proportion est encore plus marquée dans les zones rurales, avec 30,3% des jeunes en situation de NEET, soit environ 715.000 individus, ce qui représente presque 1,5 million de personnes au total.
En élargissant cette tranche d’âge jusqu’à 35 ans, le nombre de jeunes NEET atteint les 4,3 millions, témoignant ainsi de l’ampleur du défi à relever en matière d’inclusion socio-économique des jeunes au Maroc
Or face à ce problème important qui touche la jeunesse marocaine, le sport demeure un formidable réceptacle pour juguler cette masse d’énergie jeune. Et il n’ya pas que la pratique du sport en elle-même, mais aussi les métiers qui s’y rattachent. En plus d’autres domaines liés à la culture, le tourisme et d’autres activités civiques et citoyennes où ces jeunes peuvent aussi trouver leur place.
En attendant, il paraît qu’il est urgent de ne rien faire, comme d’habitude. Au mieux on organisera des « assises du sport », énième raout d’auto célébration et rédaction des recommandations que les principaux intéressés s’empresseront d’oublier, une fois les petits fours avalés et les selfies de circonstance publiés sur les réseaux sociaux.
Les présidents de fédérations sportives quant à eux, resteront encore un demi-siècle supplémentaire à leur place, car il paraît qu’il n’est pas du tout urgent d’en faire autre chose que des présidents à vie…!