Écouter le podcast en entier :
Mobilisation, annexion et nouvelles règles d’engagement nucléaire !
Cette mobilisation de réservistes a été décrite en Europe comme un aveu de faiblesse, alors que l'armée russe a essuyé, ces dernières semaines, des revers face aux forces ukrainiennes.
En programmant un référendum d'annexion par la Russie de la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine dès les 23 au 27 septembre et annonce de référendums visant à annexer les trois autres régions de l'est et du sud de l'Ukraine contrôlées en partie par Moscou.
Poutine redessine les frontières de la Russie comme pour la Crimée en 2014.
Le président russe a accusé l'Occident de tenter d'affaiblir, de diviser et de détruire la Russie et n'a pas hésité à brandir la menace d'une réponse nucléaire en précisant que ce n’est pas du Bluff.
Quelle est donc la doctrine d’utilisation de l’arme atomique pour la Russie ?
La doctrine nucléaire du Kremlin est précisée dans un document de sept pages intitulé « Les fondements de la politique de la Fédération de Russie en matière de dissuasion nucléaire » :
Le pays peut recourir à l’arme atomique en « réponse à l’emploi contre [la Russie] et/ou contre ses alliés d’armes nucléaires et d’ADM, et aussi en cas d’agression contre la Fédération de Russie à l’aide d’armes habituelles quand l’existence même de l’État est menacée ».
Concrètement, quatre situations pouvant mener à l’utilisation de l’arme nucléaire par la Russie :
une réponse à une attaque de missiles balistiques ;
une réponse à une attaque nucléaire ou d’armes de destruction massive ;
une attaque sur des sites nucléaires russes ;
une réponse à une attaque « conventionnelle » « qui mettrait en péril l’existence même de l’État » de Russie.
Ainsi, si demain les quatre régions de l'est et du sud de l'Ukraine deviennent russes après les référendums annoncés, toute attaque sur le sol de ces dernières, même conventionnelle, pourrait justifier l’utilisation, pour Poutine, de l'arme nucléaire.
Message reçu 5 sur 5 par les Etats-Unis : mobilisation, annexion et nouvelles règles d’engagement nucléaire !
Réponse du président américain Joe Biden : “Ne le faites pas, ne le faites pas, ne le faites pas”.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a dénoncé une «rhétorique nucléaire dangereuse», tout en rappelant « qu’une guerre nucléaire ne devrait jamais être déclenchée et ne peut être gagnée.»
Alors bluff ou pas, qu'est qu'un bluff ?
Le bluff psychologique joue sur un coup particulier. En affichant une ligne de jeu irrationnelle, il peut induire les adversaires en erreur et les pousse à la faute.
Le bluff rationnel s'insère dans une stratégie globale. En affichant volontairement un comportement parfois erratique, il entretient l'incertitude des adversaires et les empêche d'analyser de manière précise les lignes de jeu suivies.
Alors, si Poutine rate son bluff, se couchera-t-il comme au poker.
Adnane Benchakroun