Pourquoi la sardine est-elle devenue un luxe au Maroc ?


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 22 Janvier 2025

La petite sardine qui défie l’économie marocaine
Pêche miraculeuse ou prix abyssaux : le paradoxe marocain



Repos biologique : un impératif écologique mais un défi économique

La sardine, poisson emblématique des assiettes marocaines, connaît une flambée des prix sans précédent, suscitant des interrogations sur l'équilibre entre préservation écologique et justice économique. Alors que la période de repos biologique des sardines perturbe le marché, les pratiques spéculatives et l’intermédiation illégale amplifient les tensions. Quels sont les véritables enjeux derrière cette situation, et comment garantir l’accès équitable à ce produit essentiel pour des millions de Marocains ?

Le repos biologique, mis en place pour protéger les cycles reproductifs des sardines, constitue une réponse scientifique aux défis de surpêche. Dans les ports stratégiques comme Boujdour, Dakhla ou encore Agadir, cette période s’étend de six semaines à deux mois, visant à renouveler les stocks halieutiques. Si cette mesure est indispensable pour préserver la durabilité de la ressource, elle réduit considérablement l’offre sur le marché, laissant le champ libre à la spéculation.

Les données montrent une baisse notable des captures de sardines, enregistrant un recul de 23 % en 2024. Cette diminution, bien que compensée par une hausse des prises de maquereaux et anchois, ne suffit pas à répondre aux besoins des consommateurs, particulièrement dans les régions centrales. En conséquence, les prix des sardines ont explosé, atteignant parfois 40 dirhams le kilogramme, soit le double des plafonds recommandés par les autorités.

Face à cette situation, la secrétaire d’État chargée de la pêche maritime, Zakia Driouch, a rappelé les efforts consentis pour améliorer les infrastructures de commercialisation. Avec la création de dizaines de marchés de gros et de points de vente à travers le pays, le gouvernement a tenté de rapprocher les produits de la mer des consommateurs. Pourtant, ces efforts peinent à freiner les pratiques spéculatives dans les circuits informels, qui continuent de dominer une part significative du marché.

En outre, la fermeture temporaire de zones de reproduction, notamment au large d’Asfi, s’inscrit dans une stratégie globale visant à protéger les jeunes sardines. Cependant, ces mesures, même soutenues par des études scientifiques, soulèvent des questions sur leur impact économique à court terme pour les pêcheurs et les consommateurs.

Les défis climatiques, tels que le réchauffement des eaux, aggravent les déséquilibres biologiques. Depuis janvier 2025, des mesures innovantes, comme la suspension des flottes côtières spécialisées le long des côtes d’Agadir, témoignent de l’urgence d’adapter les politiques publiques. Mais ces initiatives suffiront-elles à stabiliser les prix tout en préservant l’équilibre écologique ?

La flambée des prix des sardines pose un dilemme pour le Maroc : comment concilier impératifs environnementaux et accessibilité économique ? Sans une régulation plus stricte des circuits informels et des pratiques spéculatives, le poisson le plus populaire du pays risque de devenir un luxe pour de nombreux ménages.

sardines, pêche maritime, prix des sardines, surpêche, repos biologique, spéculation, durabilité, climat, Maroc, consommation





Mercredi 22 Janvier 2025
Dans la même rubrique :