Des signaux persistants et alarmants laissent croire que oui  et que l'humanité serait entrain de vivre le début de la 6e « extinction de masse », la première depuis l'arrivée des hommes sur la planète.  

Oui, la destruction de la nature est une menace pour l'Homme autant que le réchauffementU car une biodiversité et des écosystèmes préservés sont la clé du Développement durable.

 De plus, les écosystèmes ont la capacité de compenser à hauteur de 37 % la hausse de la température mondiale , ils doivent donc être sains !

Toutefois, des écosystèmes et une biodiversité menacée peuvent compromettre l’atteinte de 80 % des Objectifs de Développement Durable.
Depuis 1990, la Terre a perdu 28,7 millions d’hectares de forêts des puits de carbone (absorption du CO2). 

Par ailleurs, un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction et plus de 90 %des stocks de poissons marins sont en baisse ou sont surexploités.

 Les preuves sont incontestables : notre destruction de la biodiversité et des services écosystémiques a atteint des niveaux qui menacent notre bien-être au moins autant que les changements climatiques induits par l'Homme !». Ce terrible postulat annoncé par Robert Watson, président de Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) donne le ton et prend des allures de chant du cygne en brossant un « sombre inventaire de la nature vitale pour l'humanité ». 


En effet, au terme de près de trois ans de travail, le groupe d'experts de l' IPBES  avait élaboré un rapport de 1.800 pages, véritable Bible et « référence scientifique en matière de biodiversité comme le sont ceux du Giec pour le climat ».

Ainsi, beaucoup espèraient que cette évaluation de la biodiversité – de la grande variété du vivant -  serait le prélude à l'adoption d'objectifs ambitieux lors de la réunion en 2020 en Chine des États membres de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15). 

Un vœux pieux ? 

Il convient de souligner , en effet , que  quasiment aucun des 20 objectifs précédemment définis pour 2020, qui visaient une vie "en harmonie avec la nature" d'ici 2050, ne seront atteints .

 La Terre est en train d' agoniser et l'humanité vit à crédit et il est urgent de rappeler qu'un quart des 100.000 espèces évaluées – soit une portion minime des 8 millions estimées sur Terre - sont déjà menacées d'extinction, sous pression de l'agriculture, de la pêche, de la chasse, ou encore du changement climatique. 

Mais , une accélération rapide imminente du taux d'extinction des espèces  est attendue par les scientifiques. Et entre 500.000 et un million devraient devenir à leur tour menacées, dont « beaucoup dans les prochaines décennies 

Les générations actuelles ont la responsabilité de léguer aux générations futures une planète qui n'est pas irrémédiablement endommagée par les activités humaines et  la science nous dit ce que nos savoirs traditionnels signalaient depuis des décennies: la Terre est en train de mourir .

De façon urgente  , un accord international pour la nature est essentiel et  vital , pour restaurer la moitié du monde naturel aussi vite que possible  !

Ainsi ,  la refonte des politiques mondiales pour les axer autour de la préservation de l'environnement et la réduction drastique de l'impact dévastateur de l'activité humaine sont-elles d' une exigence absolue . Des réalités incontestables qui se heurteront sans doute tristement à de nombreuses résistances compte tenu de l'ampleur des réformes à conduire et du poids des contraintes géopolitiques à infléchir.

 Nous n'avons pourtant plus le choix, il est encore temps d'agir...


Hafid Fassi Fihri