Plaidoyer de M. Hassan Sentissi, Président de l’ASMEX, pour une vraie politique d'exportation

Lors d'une rencontre sous le thème « La création massive d’emplois de qualité : défis et perspectives »




Voici, la feuille de route de l’Association Marocaine des Exportateurs « ASMEX » présentée M. Hassan Sentissi

Cette thématique de "La création massive d’emplois de qualité : défis et perspectives" m’interpelle en ma qualité de Président de l’Association Marocaine des  Exportateurs « ASMEX », qui œuvre depuis sa création il y a plus de 40 ans, à accompagner les exportateurs marocains dans le développement de leur compétitivité à l’international, et dans la diversification tant du panier de l’offre exportable que de ses débouchés.
 
Il est vrai, nous ne pouvons que nous en féliciter, pour l’émergence de plusieurs secteurs innovants : automobile, aéronautique, … qui ont connu, grâce à la Clairvoyance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, et à la politique volontariste du Gouvernement, des développements importants et qui ont permis à notre pays d’être aujourd’hui une plateforme d’exportation pour de grands groupes internationaux.
 
Ces développements attirent actuellement les convoitises de grandes firmes multinationales grâce notamment à la stabilité de notre pays, à la qualité de sa main d’œuvre et aux incitations à l’investissement de la nouvelle charte.
 
Face à ses performances, il y a lieu de souligner que nos exportations restent toujours très limitées face à nos importations. 
 
Selon une dernière étude réalisée par l’ASMEX en partenariat avec le Ministère de l’Industrie et du Commerce et l’AMDIE : 
 
Notre commerce extérieur représente uniquement 0,30% dans le commerce mondial.
Nos exportations sont adressées à 1/3 des marchés mondiaux avec une grande concentration sur l’Union Européenne et la prédominance de deux pays, l’Espagne et la France.
Les 2/3 des grands marchés importateurs nous échappent encore.
 
La création massive d’emplois de qualité, objet de notre thématique, ne peut se renforcer que par le développement d’une industrie nationale exportatrice. L’export créé plus de valeur et en conséquence nécessite des emplois qualifiés qui puissent relever les défis de l’international.
 
L’exportation joue un rôle crucial dans la création d'emplois en stimulant la croissance économique, en diversifiant les industries, en augmentant la demande de travailleurs qualifiés, en générant des effets de multiplication et en attirant des investissements étrangers. 
 
Par conséquent, les politiques visant à promouvoir les exportations peuvent être un moyen efficace de stimuler l'emploi et de favoriser le développement économique.
 
Tous les avantages dont bénéficiaient auparavant, nos entreprises exportatrices ont été abandonnés pour sortir, soit disant, de la liste grise européenne.
 
Elles font face aujourd’hui à plusieurs difficultés d’ordre financier, logistique, réglementaire,… qui réduisent leur compétitivité face à une concurrence de plus en plus rude.
 
Le contexte mondial actuel est en plein mutation et il convient de mettre en place des accompagnements à même de soutenir notre industrie nationale.
 
Je rappelle, encore une fois, qu’il est impensable de continuer à exporter des produits en l’état brut par le fait que nos entreprises ne trouvent pas, par exemple, des emballages qui répondent aux exigences internationales, ou sont proposés à des prix exhorbitants lorsqu’ils sont produits sur le marché local.
 
Si nous devons maintenir, voire améliorer nos parts de marchés sur notre principal partenaire qui est l’Union Européenne, les perspectives offertes par d’autres destinations s’annoncent prometteuses et appellent à plus de synergie publique-privé pour s’y positionner : 

Les marchés des pays islamiques et du monde arabe offrent plusieurs opportunités si ce n’est que pour les produits labellisés Halal. Notre part de marché sur cet important business est epsilon. Je rappelle, dans ce cadre, que l’ASMEX œuvre avec IMANOR pour la reconnaissance du Label Halal national. Plusieurs actions ont été menées notamment en Afrique et dernièrement sur le marché russe dont le potentiel est très important. 
 
L’entrée en application de l’Accord portant création de la zone de libre-échange africaine « ZLECAf » ouvre aujourd’hui d’importantes opportunités qu’il faut saisir moyennant une stratégie claire et rigoureuse. Nous ne sommes pas seuls. La concurrence se renforce et n’attends pas. 
 
Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, a appelé, dans l’un de ses brillants discours en direction de l’Afrique, les africains à recourir à l’expertise africaine afin de mieux développer le commerce intraafricain. 
 
Ainsi, en favorisant les compétences africaines, les pays du continent peuvent devenir moins dépendants des expertises étrangères. Cela renforce l'autonomie et l'indépendance des nations africaines dans la prise de décisions stratégiques et le développement de politiques adaptées à leurs besoins spécifiques

​Pour ce, des mécanismes d’accompagnement et d’appui doivent être mis en place à l’instar notamment de :

La création d’une Exim Bank marocaine pour régler les problèmes de paiement de nos exportations dans plusieurs pays. Ce mécanisme a réussi dans plusieurs pays anglosaxons leaders en matière d’exportation ;

La mise en place d’une assurance publique nationale pour couvrir les risques, combien sont nombreux, rencontrés pas nos entreprises exportatrices dans plusieurs marchés ;

L’encouragement de l’investissement dans une flotte nationale à travers l’implication de l’Etat en matière de garantie des investissements, et ce, afin de desservir directement les marchés à plus fort potentiel pour nos exportations. Cette flotte devrait renforcer la souveraineté économique de notre pays. 

La création d’antennes promotionnelles qui puissent assurer une veille sur les marchés cibles, alimenter nos exportateurs en informations et les soutenir pour saisir les opportunités ;

L’accompagnement du processus de décarbonation des industries exportatrices afin de répondre aux exigences des marchés internationaux et notamment ceux de l’Union Européenne ;

La création d’un Institut de formation sur les métiers du commerce international afin de mettre à la disposition des entreprises exportatrices des compétences qui puissent relever les défis ;

L’autorisation des entreprises à s’équiper de sources d’énergie propre de moyenne et haute tension, afin de leur permettre de réduire leur dépendance de l’utilisation des énergies fossiles dont notre pays est importateur et de réduire, ainsi, leurs coûts de revient et améliorer en conséquence leur compétitivité ; 

Voici, la feuille de route de l’Association Marocaine des  Exportateurs « ASMEX »
 


Dimanche 31 Mars 2024

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