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Peut-on encore gouverner avec éthique dans un monde algorithmique ?


Rédigé par La Rédaction le Vendredi 25 Avril 2025



Le pouvoir caché des algorithmes et L’illusion de la gouvernance automatique

La gouvernance repose historiquement sur des principes humains : la justice, la transparence, la responsabilité. Mais à l’heure où les algorithmes prennent des décisions, où les intelligences artificielles orientent nos comportements, et où le pouvoir devient code, une question vertigineuse s’impose : peut-on encore gouverner avec éthique dans un monde régi par la machine ?

Le rapport stratégique 2024-2025 de l’IRES s’empare de ce sujet en rappelant que le virtuel influence désormais le réel avec une intensité inédite. De la fiscalité à la sécurité, de l’éducation à la santé, l’IA s’immisce partout — sans toujours qu’on sache comment elle décide.

Les algorithmes ne sont pas neutres. Derrière leur apparente objectivité se cachent des biais, des valeurs implicites, et souvent des logiques commerciales. Ils sont conçus par des humains, entraînés sur des données historiquement inégalitaires, et calibrés pour maximiser l’efficacité, parfois au détriment de l’équité.

Le problème, c’est que leurs décisions sont souvent opaques, voire indéchiffrables même pour leurs créateurs. Comment rendre des comptes dans un monde où les décisions sont prises par des “boîtes noires” ?
Quand l’éthique devient technique

L’IRES appelle à une gouvernance du numérique basée sur l’éthique algorithmique. Cela suppose plusieurs exigences :

La transparence des algorithmes : comprendre comment une décision est prise.
L’auditabilité : pouvoir vérifier la conformité des décisions avec des principes moraux et juridiques.
La traçabilité : documenter les choix faits par les systèmes d’IA.

Mais surtout, il faut introduire l’éthique dès la conception des technologies. Cela implique de mobiliser non seulement des ingénieurs, mais aussi des philosophes, des juristes, des sociologues. Car coder, c’est déjà choisir.

Le rapport met en garde contre la tentation de déléguer la gouvernance aux machines. L’argument de l’efficacité (automatiser pour aller plus vite, réguler pour éviter l’erreur humaine) ne doit pas cacher le risque de déshumanisation. Il est plus facile de se défausser sur un algorithme que d’assumer une décision politique impopulaire.

L’éthique, dans ce contexte, devient un acte de résistance : celui de réaffirmer la primauté de la dignité humaine sur la performance technique.

Mais l’éthique algorithmique est-elle autre chose qu’une vitrine rassurante ?

Ne sommes-nous pas déjà dans un monde où la décision morale est remplacée par l’optimisation statistique ? Les règles de l’IA sont écrites par ceux qui dominent l’économie numérique. Croire que l’on pourra les "éthiciser" sans redistribuer les pouvoirs, c’est confondre cosmétique et réforme. Peut-être que la vraie question n’est pas : "comment gouverner avec éthique ?" mais plutôt : "comment reprendre le pouvoir sur ceux qui programment le monde ?"





Vendredi 25 Avril 2025

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