Peut-être faut-il penser à la fois Ghaza et Taza, sans céder à la simplification

À Rabat, les foules défilent. Elles scandent des slogans de solidarité inconditionnelle avec Ghaza, elles dénoncent la normalisation avec l’État d’Israël. Dans les rues, dans les voix, dans les regards : la cause palestinienne reste un cri de justice, un repère moral indéfectible. Pour beaucoup, penser Ghaza avant Taza est une évidence affective, religieuse, historique.
Et pourtant… L’État marocain laisse faire. Il ne réprime pas cette expression populaire, il la tolère, parfois même l’encadre. Pourquoi ? Parce qu’il sait. Il sait que cette cause est fondatrice dans l’imaginaire collectif. Il sait que la censurer, ce serait risquer une fracture inutile. Il sait que l’émotion palestinienne est une soupape, une mémoire, une morale.
Mais dans les coulisses diplomatiques, l’État pense autrement. Il pense un peu et aussi « Taza avant Ghaza », selon cette vieille expression bien connue. C’est-à-dire : il pense d’abord aux intérêts nationaux, à l’unité territoriale, à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Il a ses raisons, ses cartes, ses partenaires. L’Espagne, l’Allemagne, la France — et surtout les États-Unis — ont reconnu ou soutenu, de fait ou de droit, la position marocaine après la normalisation. Le lien est évident, même s’il est rarement avoué.
Alors que faire, nous, intellectuels ? Nous qui croyons à la solidarité entre les peuples mais aussi à la souveraineté des États ? Comment ne pas se sentir écartelé entre un idéal de justice globale et une realpolitik assumée ?
Peut-être faut-il accepter cette tension comme une composante de notre époque. Peut-être faut-il penser à la fois Ghaza et Taza, sans céder à la simplification. Refuser l’indifférence envers la Palestine, tout en comprenant les logiques d’État. Questionner sans diaboliser. Alerter sans saboter.
Ce n’est pas confortable, mais c’est ce que requiert l’intelligence politique : vivre avec les contradictions, les analyser, les exposer, pour mieux les transformer, un jour, en convergence.
Et pourtant… L’État marocain laisse faire. Il ne réprime pas cette expression populaire, il la tolère, parfois même l’encadre. Pourquoi ? Parce qu’il sait. Il sait que cette cause est fondatrice dans l’imaginaire collectif. Il sait que la censurer, ce serait risquer une fracture inutile. Il sait que l’émotion palestinienne est une soupape, une mémoire, une morale.
Mais dans les coulisses diplomatiques, l’État pense autrement. Il pense un peu et aussi « Taza avant Ghaza », selon cette vieille expression bien connue. C’est-à-dire : il pense d’abord aux intérêts nationaux, à l’unité territoriale, à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Il a ses raisons, ses cartes, ses partenaires. L’Espagne, l’Allemagne, la France — et surtout les États-Unis — ont reconnu ou soutenu, de fait ou de droit, la position marocaine après la normalisation. Le lien est évident, même s’il est rarement avoué.
Alors que faire, nous, intellectuels ? Nous qui croyons à la solidarité entre les peuples mais aussi à la souveraineté des États ? Comment ne pas se sentir écartelé entre un idéal de justice globale et une realpolitik assumée ?
Peut-être faut-il accepter cette tension comme une composante de notre époque. Peut-être faut-il penser à la fois Ghaza et Taza, sans céder à la simplification. Refuser l’indifférence envers la Palestine, tout en comprenant les logiques d’État. Questionner sans diaboliser. Alerter sans saboter.
Ce n’est pas confortable, mais c’est ce que requiert l’intelligence politique : vivre avec les contradictions, les analyser, les exposer, pour mieux les transformer, un jour, en convergence.