Par Aziz Boucetta
Au Maroc, nos partis politiques ont cette particularité de s’éteindre presque totalement après leur passage au pouvoir, tout relatif, que leur procure leur présence au gouvernement. Ils y siègent, s’y plaisent assez, voyagent, font des lois qui restent pour la plupart dans des tiroirs et repartent… pour l’oubli. Petit tour d’horizon de rappel pour ce début 2023.
Ainsi, par exemple de la jadis flamboyante USFP. Ce parti, né sous le sigle UNFP, fit les beaux jours de l’activité politique de ce pays et les grands moments du militantisme courageux et désintéressé, avec des noms aussi prestigieux que Bouabid, el Youssoufi, Benjelloun, el Forkani et d’autres noms non moins illustres. Puis, un jour de l’an de grâce 1998, ce parti accède au gouvernement, y demeure un temps respectable, dirige un cabinet, figure dans le suivant, dans le sens de la figuration, puis disparaît des radars, livré à des luttes fratricides qui l’érodent presque définitivement.
Où en est l’USFP aujourd’hui ? Personne ne le sait vraiment et, plus grave, nul ne s’en préoccupe réellement.
Et puis le PJD. Lui, il jaillit triomphalement en 2011, à grandes foulées dans la foulée du 20 février. Abdelilah Benkirane est « impérial », bouscule tout sur son passage, tel une tornade détruisant tout sur son passage. Il réussit de grandes réformes, comme celles de la compensation ou des retraites, et fait réélire son parti en 2016, caracolant crinière au vent avec une grande longueur d’avance sur ses poursuivants, pourtant dopés.
Mais un grain de sable étrangement bleu grippe la machine ; blocage, crise politique puis institutionnelle, et le roi relance la machine, nomme Saâdeddine Elotmani, qui remplace Abdelilah Benkirane à la chefferie du parti aussi, et la descente aux enfers commence. Les Frères fraternisent avec à peu près tout le monde, mais la flamme de leur lanterne s’éteint et leur âme s’étiole. Aux élections de 2021, c’est la chute finale. Ssi Benkirane revient pour redresser la barre, mais le cœur n’y est plus, pas plus que le punch, et le PJD connaît alors ce qu’il y a de pire pour un parti politique, l’indifférence générale.
Quant à l’Istiqlal, après avoir dirigé un gouvernement falot en 2007, il ouvre en 2012 la parenthèse Chabat qui l’abat après sa brutale fermeture. En 2017 surgit Nizar Baraka, bon technocrate petit-fils de et gendre de… Des vents porteurs le hissent au sommet du parti, avant que des vents sahariens contraires ne l’y ballottent. Discret par nature, M. Baraka entre discrètement au gouvernement Akhannouch et s’y fait encore plus discret. Acculé par les siens, il recule pas à pas, sursoit encore et encore à la tenue du congrès de son parti, et au gouvernement, il marche sur l’Eau, faisant le moins de vagues possibles.
L’Istiqlal fut flamboyant, comme jadis l’USFP et comme l’USFP, il risque l’extinction, sauf avis contraire, externe.
Le PPS, lui, est un survivant, comme son secrétaire général. Il survit aux... élections, aux changements de majorité, aux aléas de la situation politique, aux grondements de tonnerre venus du ciel. Il survit en surveillant les opportunités dans l’art desquelles il est passé maître. Et attend son heure, pour revivre.
Ainsi, par exemple de la jadis flamboyante USFP. Ce parti, né sous le sigle UNFP, fit les beaux jours de l’activité politique de ce pays et les grands moments du militantisme courageux et désintéressé, avec des noms aussi prestigieux que Bouabid, el Youssoufi, Benjelloun, el Forkani et d’autres noms non moins illustres. Puis, un jour de l’an de grâce 1998, ce parti accède au gouvernement, y demeure un temps respectable, dirige un cabinet, figure dans le suivant, dans le sens de la figuration, puis disparaît des radars, livré à des luttes fratricides qui l’érodent presque définitivement.
Où en est l’USFP aujourd’hui ? Personne ne le sait vraiment et, plus grave, nul ne s’en préoccupe réellement.
Et puis le PJD. Lui, il jaillit triomphalement en 2011, à grandes foulées dans la foulée du 20 février. Abdelilah Benkirane est « impérial », bouscule tout sur son passage, tel une tornade détruisant tout sur son passage. Il réussit de grandes réformes, comme celles de la compensation ou des retraites, et fait réélire son parti en 2016, caracolant crinière au vent avec une grande longueur d’avance sur ses poursuivants, pourtant dopés.
Mais un grain de sable étrangement bleu grippe la machine ; blocage, crise politique puis institutionnelle, et le roi relance la machine, nomme Saâdeddine Elotmani, qui remplace Abdelilah Benkirane à la chefferie du parti aussi, et la descente aux enfers commence. Les Frères fraternisent avec à peu près tout le monde, mais la flamme de leur lanterne s’éteint et leur âme s’étiole. Aux élections de 2021, c’est la chute finale. Ssi Benkirane revient pour redresser la barre, mais le cœur n’y est plus, pas plus que le punch, et le PJD connaît alors ce qu’il y a de pire pour un parti politique, l’indifférence générale.
Quant à l’Istiqlal, après avoir dirigé un gouvernement falot en 2007, il ouvre en 2012 la parenthèse Chabat qui l’abat après sa brutale fermeture. En 2017 surgit Nizar Baraka, bon technocrate petit-fils de et gendre de… Des vents porteurs le hissent au sommet du parti, avant que des vents sahariens contraires ne l’y ballottent. Discret par nature, M. Baraka entre discrètement au gouvernement Akhannouch et s’y fait encore plus discret. Acculé par les siens, il recule pas à pas, sursoit encore et encore à la tenue du congrès de son parti, et au gouvernement, il marche sur l’Eau, faisant le moins de vagues possibles.
L’Istiqlal fut flamboyant, comme jadis l’USFP et comme l’USFP, il risque l’extinction, sauf avis contraire, externe.
Le PPS, lui, est un survivant, comme son secrétaire général. Il survit aux... élections, aux changements de majorité, aux aléas de la situation politique, aux grondements de tonnerre venus du ciel. Il survit en surveillant les opportunités dans l’art desquelles il est passé maître. Et attend son heure, pour revivre.
Et le RNI advient. Porté par son président actuel qui a su livrer de dirhomériques batailles, il conquiert de haute lutte sa pole position qui le fait sortir de son rôle technocratique bleu ciel. De son rôle d’appoint, il a appris à faire le coup de poing, mais de relief et de grandeur, point. Aziz Akhannouch rassemble une majorité vite fait mais pas si bien fait, lance son gouvernement et nombre de grands chantiers qui sont ceux du roi, se tait, ne dit rien, essaie tant bien que mal de délivrer ce qu’on lui a demandé et essuie critique après critique, sans broncher. Après la déliquescence des grands partis après le gouvernement, que pensez-vous qu’il arrivera au RNI après son rayonnement ? De Crésus, il connaîtra la crise, peut-être définitive. Il est facile de remplacer un chef de parti, plus difficile de trouver un autre chef aussi nanti.
Venons-en au cas très particulier du PAM, né de rien et allant vers nulle part. Il a connu une pléthore de chefs mais aujourd’hui, il n’a même pas su et pu composer un Politburo. Son chef actuel a une haute opinion de lui-même. Le parti, c’est lui, la loi, c’est lui, le renouvellement du barreau, c’est toujours lui, mais le problème, c’est lui. Quand on enfile une chaussure à la pointure trop grande, on finit par trébucher et tomber. Là, il vacille, tangue, tient encore debout, mais la chute se rapproche, et menace d’être moche.
Et Ssi Ouzzine, au MP ? Et bien il est là, mais avec un MP plus catastrophique qu’il ne l’a jamais été. Il affectionne de parler, d’attaquer, de tacler, faire le show, et aime s’entendre le faire, donc il n’a plus le temps de faire quelque chose d’un parti qui n’est plus grand-chose depuis des décennies… comme l’UC qui n’est que l’ombre de ce qu’elle n’aurait jamais dû être.
La gauche « radicale », pour sa part, continue de dérouler des discours qui font plaisir aux anciens gauchistes, aux intellectuels peu exigeants, mais à la jeunesse, numérique et portée sur l’avenir, un discours même vrai mais aux accents du passé ne peut séduire.
Alors, notre « démocratie », dans tout cela ? Cette démocratie qui devrait servir de plateforme et de base arrière interne à nos combats extérieurs, quel rôle de médiation peut-elle assurer entre les nantis et les petits, pour les grands et la résolution des grands problèmes ? Comment assurer un réel développement quand de telles structures sont chargées de le mettre en œuvre ?
Comment expliquer cette démocratie aux démocraties européennes qui se prennent à douter du Maroc ? Comment être convaincant dehors quand dedans, de tels partis feignent d’animer une vie partisane ? Comment notre diplomatie peut-elle sérieusement se déployer quand derrière, sur son sol, la vie politique est aussi atone, qu’elle suscite autant d’indifférence ?
On dit assez souvent qu’ « on » ne les pas laissé s’épanouir, nos partis, mais force est de reconnaître qu’ils n’ont, de leur côté, pas fait grand-chose pour qu’ « on » les laisse faire et être. Le gain facile et les avantages immédiats sont certes tellement plus simples, mais l'intérêt de l'Etat et les intérêts des citoyens sont bien plus importants.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost