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Paris s’aligne sur Rabat, Alger en deuil


Rédigé par le Mercredi 31 Juillet 2024

La reconnaissance de la marocanité du Sahara par la France est l’aboutissement logique d’un constat : la communauté internationale penche en faveur de l’autonomie des provinces du Sud pour clore définitivement cette affaire.



La lettre adressée par le président français, Emmanuel Macron, à SM le Roi Mohammed VI à travers laquelle il annonce la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara a suscité, comme prévu, l’ire de l’Algérie, qui a annoncé le retrait de son ambassadeur à Paris.

Inutile de préciser qu’Alger n’est pas allée jusqu’à la rupture des relations diplomatiques avec la France. Ce n’est pas sans rappeler que l’Algérie a retiré son ambassadeur à Madrid, en mars 2022, après la reconnaissance par l’Espagne de la marocanité du Sahara, avant qu’il ne retourne en poste un peu plus d’un an et demi plus tard.

Alger, qui a toujours crié à qui veut l’entendre, ne pas être partie prenante au conflit du Sahara, ne cesse pourtant de prouver par ces prises de position contre l’intégrité territoriale du royaume et les pays qui le soutiennent qu’elle est le principal obstacle à la résolution définitive d’un conflit qui dure depuis un demi-siècle.

Ténacité marocaine

A la fin des années 70 du siècle dernier, peu de pays occidentaux croyaient en la capacité du Maroc, qui venait à peine de récupérer ses provinces du Sud et entamait une longue et pénible guerre contre les séparatistes du polisario, à résister aux assauts de ces derniers, soutenus par l’Algérie et les pays du bloc prosoviétique.

Les rapports de la CIA datant de cette époque et devenus par la suite accessibles au grand public sont édifiants à ce sujet. On ne donnait pas cher de la pérennité du régime marocain face à la déferlante marxiste « révolutionnaire » coalisée contre le royaume.

C’était mal connaître la combativité et la persévérance des soldats des Forces Armées Royales, ainsi que l’attachement et la détermination du peuple marocain à récupérer et conserver les provinces du Sud du royaume qui lui avaient été arrachées par l’Espagne colonialiste.

Non seulement le Maroc a militairement tenu le coup, stérilisant définitivement la stratégie des polisariens du « hit and run » par l’édification du « Mur de sécurité », jusqu’à la signature du cessez-le-feu sous l’égide des Nations Unies, mais sa diplomatie n’a pas cessé de marquer des points depuis lors.

Un pas après l’autre

Outre le soutien indéfectible à la cause marocaine des pays arabes du Golfe et des pays amis du Maroc en Afrique, la reconnaissance de la marocanité du Sahara par la première puissance mondiale, les Etats-Unis, en décembre 2020, puis celle de l’ancien colonisateur des provinces du Sud, l’Espagne, en mars 2023, ont conforté de manière décisive la position marocaine et incité d’autres pays occidentaux, telle l’Allemagne en août 2022, à apporter leur appui à la proposition marocaine d’autonomie élargie comme unique solution au conflit.

A la date d’aujourd’hui, quelques 90 pays soit reconnaissent formellement la marocanité du Sahara, soit considèrent le plan d’autonomie comme la solution au problème.

Avec la fraîche reconnaissance française, ce sont désormais deux pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu qui soutiennent la position marocaine. Il est fort probable, d’ailleurs, que le Royaume Uni suive le mouvement.

Pour leur part, la Russie et la Chine ne votent pas contre les résolutions du CS de l’Onu relatives à l’affaire du Sahara, Moscou, pourtant alliée d’Alger, se contenant de s’abstenir de voter. 

Moscou ne semble pas plus intéressée par Alger qu’en tant que client de ses systèmes d’armement, soignant, en parallèle, ses relations économiques avec Rabat. D’ailleurs, jusqu’à présent, les dirigeants algériens n’ont toujours pas avalé l’affront que leur a infligé la Russie en ne soutenant pas la candidature de l’Algérie à l’adhésion au bloc des Brics.

Fin de partie

L’Algérie, dont la diplomatie n’est plus que l’ombre de celle qu’elle fut à une certaine époque, ne peut que compter les déceptions qui lui sont infligées au sujet du Sahara marocain et larmoyer à ce sujet à travers ses médias aux ordres.

Une guerre contre le Maroc n’est pas possible pour l’Algérie, qui en rêve pour détourner l’attention de son opinion publique des difficultés internes, car aucune des grandes puissances ne veut d’une conflagration en Méditerranée occidentale.

La reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara est, toutefois, le coup de grâce pour les dirigeants algériens, qui considèrent l’ancienne puissance colonisatrice comme leur marraine. 

C’est également le reflet de la lassitude de Paris face à l’incompétence, l’amateurisme et l’entêtement idéologique des décideurs algériens, alors que le président Macron avait clairement fait le choix du renforcement des relations avec Alger, dès le début de son premier mandat, en 2017, au détriment de celles avec le Maroc.

Solder les comptes

Dans les camps de Tindouf, en Algérie, c’est beaucoup moins la consternation, suite à la décision française, que la confirmation d’une impression déjà ancienne que l’ambition polisarienne d’un Etat sahraoui indépendant n’est qu’une chimère et l’a toujours été.

Ecouter les conversations entre les habitants des camps de Lahmada sur des groupes Whatsapp, que des internautes marocains se plaisent à recueillir et diffuser sur les plateformes des réseaux sociaux, est fort instructif sur leur état d’esprit.

Plus personne ne croit en les perspectives de création d’une république sahraoui dans les provinces du Sud du Maroc, les plus endoctrinés se lamentant sur l’incapacité de la direction polisarienne à y parvenir. Les autres se posent surtout des questions de ce que sera leur destinée.

Après plus d’un demi-siècle d’affrontements militaires et diplomatiques, le Maroc a définitivement remporté la partie, mais le problème n’est pas enterré pour autant.

Le Maroc a encore besoin de boucler cette affaire au niveau des Nations Unies et de garder à l’esprit que l’existence des camps polisariens à ses frontières Sud est porteuse de menaces d’ordre terroriste liées au contexte sécuritaire au Sahel.

Pour l’instant, il faut savourer à sa juste valeur ce nouveau succès remarquable de la diplomatie marocaine.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 31 Juillet 2024

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