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Par Taoufiq Boudchiche, Economiste.
On comptait au 15 décembre dernier 214 personnels de santé morts et 247 blessés, 81 journalistes tués (le chiffre est monté à 90 depuis hier 24 décembre), 163 bâtiments de la presse détruits, 23 hôpitaux, 53 cliniques et 51 ambulances ont été ciblées, sur 36 hôpitaux, seuls 18 fonctionnent encore, 282 écoles endommagées, 1312 installations industrielles détruites, 137 mosquées et églises endommagées, 1,9 million de personnes déplacées, soit 80 % de la population. Plus de 1 million de personnes déplacées (Source : /infodujour.fr).
Une action meurtrière assumée par Israël malgré l’onde de choc planétaire à l’encontre de cette réponse terriblement disproportionnée.
A cette échelle là, aucun prétexte, ni justification n’est acceptable. Il est évoqué des objectifs d’éradiquer le Hamas. Seuls le spectacle tragique de zones dévastées, de femmes et d’enfants assassinés, amputés et/ou blessés est constaté sur le terrain malgré les tentatives de servir à l’opinion publique des images de victoire contre l’organisation militaire du Hamas.
L’action armée, malgré cette ampleur, n’a pas permis en sus de libérer les otages mais plutôt de faucher encore plus de vies israéliennes (trois otages victimes de tirs israéliens) et dont il faut espérer la libération tant qu’ils sont encore en vie. En plus, de la catastrophe humanitaire délibérément organisée.
Le visage des victimes (source : idem)
L’équation est simple. Le droit à l’existence d’un peuple peut-il rendre acceptable le droit de coloniser et de supprimer un autre peuple ?
Il faudra un jour y répondre de manière claire et convaincante au-delà des entourloupes de langage (lutte contre l’antisémitisme, lutte contre le terrorisme, droit à se défendre…). Car cela devient insupportable à l’intelligence humaine sauf à donner raison aux extrémistes qui pensent qu’aucune paix n’est possible jusqu’à la fin de l’éternité.
La morale internationale et le droit international qui président à la régulation des conflits mondiaux n’ont plus de réponse tant les tentatives de raisonner les dirigeants d’Israël n’ont aucune prise sur leurs intentions. Une offensive militaire insensée motivée par le désir de vengeance et inédite, depuis la seconde guerre mondiale, par l’ampleur des dégâts sur des populations civiles désarmées. Et, fort probablement, pour des motifs moins avouables de politique intérieure.
La diplomatie et la politique sont en échec. Le droit à l’existence d’Israël s’appuie sur la puissance militaire et de plus en plus sur le délire messianique. L’argument d’un Etat d’Israël démocratique ne tient pas non plus au regard des éléments établis par les organisations humanitaires (notamment l’apartheid prévalant contre les palestiniens et arabes israéliens).
Le droit à exister du peuple de Palestine est fondé, quant à lui, sur l’esprit de résistance au départ à caractère laïc, du temps de l’OLP. Aujourd’hui, incarné à Gaza par le Hamas, il est soutenu par une foi religieuse intransigeante promettant la victoire finale.
Sans un arbitrage international fort et, des concessions de part et d’autre, ce conflit qui dure depuis 75 ans avec son lot de tragédies récurrentes ne cessera de miner la paix dans le monde et alimenter racismes et extrémismes.
La Région paie à travers les souffrances actuelles, le prix de l’absence de concrétisation des initiatives de paix depuis plus de deux décennies.
Notamment, celle proposée par les pays arabes en 2002 lors du sommet des Chefs d’Etat réunis à Beyrouth (terre contre paix). Et, démontre qu’aucun soft power aussi raffiné soit-il, ni puissance de feu, ne pourront occulter ces terribles réalités.