PME des services : grandes oubliées du nouveau dispositif d’investissement ?

Alors que la nouvelle Charte de l’investissement promettait un tournant décisif pour les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), un décret fraîchement adopté par le Conseil de gouvernement vient tempérer cet espoir.
Censée concrétiser les engagements de l’article 20 de la loi-cadre 03-22, la mise en œuvre du dispositif de soutien aux TPME a enfin été précisée jeudi. Trois types de primes ont été officiellement introduites :
Une prime pour l’emploi stable, visant à inciter à la création de postes durables au sein des TPME.
Une prime territoriale, conçue pour corriger les déséquilibres régionaux et encourager l’investissement dans les zones moins développées.
Une prime pour les activités prioritaires, ciblant les secteurs jugés stratégiques pour relancer l’économie nationale.
Le dispositif fixe un plafond d’investissement à 50 millions de dirhams et s’adresse aux entreprises dont le chiffre d’affaires annuel se situe entre 1 et 200 millions de dirhams.
Mais un point de crispation majeur émerge déjà : les PME opérant dans les services en sont exclues. Une décision qui interroge, voire surprend, à l’heure où les services représentent un pan vital de l’économie marocaine, notamment dans les domaines du numérique, du tourisme, de la formation ou encore de la santé privée.
Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement, a confirmé ces seuils et modalités lors d’une conférence de presse, mais sans vraiment justifier l’exclusion du secteur tertiaire.
Pourquoi cet oubli ?
L'exclusion des PME de services semble incohérente avec les ambitions affichées d’un développement territorial équilibré et d’un renforcement du tissu productif. Car dans de nombreuses régions, les services sont parfois les seules activités génératrices d’emploi stable.
De plus, en écartant une large frange des entrepreneurs urbains, ce décret risque de renforcer le sentiment d’abandon parmi les porteurs de projets dans des domaines à forte valeur ajoutée mais sans actifs matériels lourds (informatique, design, conseil...).
Une charte à géométrie variable ?
Si l’intention initiale de soutenir les TPME est louable, sa concrétisation soulève déjà des critiques sur le choix des bénéficiaires et la cohérence sectorielle. Dans un pays où les investissements se concentrent souvent dans les mêmes zones et les mêmes secteurs, cette sélection rigide pourrait produire l’effet inverse de celui recherché.