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Numérisation et Fiscalité: Le grand marchandage du Maroc avec les GAFAM à Riyad


Rédigé par le Vendredi 19 Juillet 2024

Dans un monde de plus en plus digitalisé, les géants de la technologie, souvent désignés par l'acronyme GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft), jouent un rôle prépondérant dans l'économie mondiale. Cependant, leur influence croissante pose également des défis réglementaires et fiscaux majeurs, particulièrement dans les pays en développement comme le Maroc. Réunis à Riyad, sous l'égide du Conseil des ministres arabes de la communication de la Ligue arabe, des représentants de plusieurs nations arabes, dont le Maroc, se sont engagés dans des pourparlers cruciaux visant à dompter ces colosses du numérique.



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Le Royaume prend les devants pour protéger ses intérêts :

Ces négociations s'inscrivent dans une tentative de créer un cadre fiscal et réglementaire adapté aux spécificités des économies arabes. Le Maroc, en participant activement à ces discussions, cherche à balancer entre l'ouverture nécessaire pour attirer les investissements technologiques et la protection de son espace économique et culturel contre une éventuelle hégémonie numérique. Ce n'est pas simplement une question de fiscalité; c'est aussi une question de souveraineté et d'autonomie culturelle dans un monde numériquement connecté.

La participation du Maroc à ces discussions est guidée par des objectifs stratégiques définis par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. L'un des principaux objectifs est d'assurer que les entreprises de la sphère GAFAM contribuent équitablement aux caisses de l'État marocain, reconnaissant ainsi l'importance du marché marocain dans leurs opérations globales. Le gouvernement marocain vise également à canaliser ces contributions pour dynamiser et diversifier son secteur médiatique, renforçant ainsi sa compétitivité dans une économie mondiale où le contenu numérique est roi.

Toutefois, cette démarche n'est pas exempte de défis. La régulation de géants du numérique qui bénéficient d'une architecture globale sophistiquée pour optimiser leurs obligations fiscales nécessite une coopération régionale, voire mondiale, pour être efficace. De plus, la lutte contre la désinformation et la surveillance des contenus inappropriés posent des questions éthiques et techniques complexes, surtout quand elles intersectent avec les normes de la liberté d'expression.

À terme, le Maroc ne cherche pas seulement à taxer ces entreprises mais aussi à instaurer des partenariats stratégiques. L'idée est de bénéficier des retombées technologiques et publicitaires, transformant ainsi ces interactions en un levier de développement durable. Ce modèle de coopération pourrait servir de référence à d'autres nations en quête d'équilibre entre croissance économique et indépendance numérique.
 
Le pari du Maroc est ambitieux: intégrer les flux mondiaux de la technologie et de l'innovation tout en préservant ses intérêts nationaux. Les résultats de ces négociations détermineront non seulement le paysage fiscal et réglementaire marocain mais aussi la place du Maroc sur l'échiquier numérique mondial. Ceux-ci mettent en lumière une interrogation fondamentale: peut-on vraiment réguler des entités aussi puissantes que les géants du numérique, ou le Maroc est-il destiné à jouer selon les règles qu'ils dictent?

Mots-clés: Fiscalité numérique, GAFAM, Maroc, Ligue arabe, Régulation du contenu en ligne






Mohamed Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 19 Juillet 2024

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