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Par Aziz Boucetta
Les commentaires ont fusé, ceux des analystes, des connaisseurs, de quelques pourfendeurs, d’une multitude de sachants, et aussi des inévitables péroreurs. Les sélectionneurs de salon, qui voyaient un tel à la place d’un tel, qui auraient mis celui-là en avant et laissé celui-ci sur le banc de touche… Tout cela est normal et bien ordinaire, mais un sélectionneur qui absout ses joueurs, assume le résultat, affirme accepter ce qui se produira, c’est rare, et il est bien de le relever. Cet homme s’appelle Walid Regragui.
C’est cela le football, on gagne ou on perd, mais le beau football, c’est gagner avec panache et perdre avec dignité, c’est avancer avec fierté et s’incliner avec élégance. C’est ainsi que s’est comportée notre équipe et il faut l’en féliciter. Le football est devenu plus qu’un jeu, mais le reflet de l’image d’un pays, d’une société, d’un public. D’une nation. Nous avons découvert une immense équipe au Qatar, et en Côte d’Ivoire, elle l’est resté, s’accaparant au passage le cœur de millions d’Ivoiriens.
Et quand on dit immense équipe, ce ne sont pas seulement les joueurs sélectionnés, mais toute la structure, joueurs bien évidemment, mais aussi staff technique et fédération. En trois ans, nous avons bâti une sélection, trouvé un sélectionneur, investi la CAF et la FIFA, obtenu l’organisation de la CAN 25 et du Mondial 2030. Oui, le Maroc est influent dans les instances africaines, et même mondiales, de football, et cette influence est constructive, non agressive, comme l’attestent nos crétins de voisins. Et nos clubs sont surtitrés, portés et soutenus par des publics connus et connaisseurs, réputés pour leurs tifos aussi spectaculaires qu’intelligents.
C’est à cet aune qu’il faut mesurer le niveau du foot national, et pas seulement aux résultats obtenus lors d’une compétition, qui n’est finalement qu’une parmi tant d’autres. Et si on doit...absolument fulminer contre une élimination en compétition continentale africaine, alors qu’on se souvienne que la même équipe, le même staff qui se sont inclinés face à l’Afrique du Sud sont ceux qui ont porté le Maroc dans le dernier carré mondial des nations du football mondial, voici à peine un an, un record difficilement battable par les Africains… et même par le Maroc !
Alors revenons sur le court parcours des Marocains dans cette CAN ivoirienne… Avec notre public sympathique, nos influenceurs empathiques et nos internautes créatifs et prolifiques, nous avons su gagner les cœurs des Ivoiriens mais aussi de tant d’autres nations du continent. Le sélectionneur Walid Regragui a été sanctionné suite à une algarade avec un joueur congolais et, sans colère, résigné et acceptant son sort, il a assisté au match contre la Zambie à partir des tribunes, mais tout le monde se souvient de cette marque d’affection des joueurs à leur coach quand le Maroc a inscrit l’unique but du match contre la Zambie (photo). Un geste du cœur qui n’est pas sans rappeler « la saga des mères » au Qatar.
Le foot est une communion, et que l’on se souvienne donc de cet accueil en forme de triomphe romain, au retour de nos jeunes du Qatar. Nous arrivâmes en demi-finale du Mondial, et aujourd’hui, nous jouâmes les 8èmes de finale de la CAN. Dans les deux cas, nous eûmes le mot ‘’finale’’, et avec le temps, la persévérance et la patience, le travail et le sérieux (la fameuse ‘’jiddiya’’, n’est-ce pas…), nous finirons par remporter une finale de quelque chose.
Considérer que nous avons perdu en Côte d’Ivoire revient à penser que ce match sud-africain était une finalité, un but, un objectif ultimes, après lesquels le néant. Non, il ne s’agissait que de l’étape d’un long parcours dans lequel nous avons, finalement, l’avantage d’avoir un groupe, un sélectionneur, une fédération (une fois qu’elle sera apurée de ses ripoux) et son influent et compétent président (qui gagnerait à être un peu déchargé pour être plus efficace), un centre de formation de haut niveau, et un public de plus en plus mature.
Le reste n’est que péripéties où il n’y a ni victoires ni défaites, et encore moins définitives, mais des efforts, une organisation et des valeurs éternels. L’échec, comme on dit, n’est pas de tomber, mais de rester à terre. Cela vaut pour le foot, et pour tout le reste…
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost