Par Ali Bouallou
Frédéric Beigbeder, illustre homme de lettres et des médias français dont les bienséances ont défrayé la chronique plus d’une fois, a partagé dans un roman-mémoires en 2012, « L’amour dure trois ans », sa vision de l’amour dans le couple hétérosexuel. La même année, il l’a adapté à l’écran avec la participation remarquable et remarquée de la délicieuse Louise Bourgouin et d’autres non-moindres acteurs.
Pour faire court, il s’agissait pour Frédéric Beigbeder, avant tout, de solder des comptes pour ensuite dresser un tableau sombre, agrémenté d’un réalisme masculin univoque, du processus amoureux au sein du couple.
Celui-ci passe par trois phases inéluctables que je nommerai ainsi, l’euphorie exaltante, le « détachement attachant » pour finir en séparation salvatrice. Le tout s’opère dans un délai de trois ans pour reprendre de plus belle après chaque rupture et de manière itérative.
Nombreux sont ceux qui se retrouveront dans cette vision Beigbedienne de la relation à deux mais nombreux aussi qui la contesteront. Notamment ceux qui assument parfaitement la deuxième phase, ou qui la subissent pour des raisons exogènes au sens large, leur vie durant sans arriver à la séparation.
Est-ce que l’unique et courte vie justifie une telle décision car il n’est pas de plus terrible punition que d’aller à l’encontre de son bien-être !? La grande majorité répondra par la positive et vivra toute une existence, donc plus de trois ans, dans une sorte de bonheur-malheur alterné où les moments de vraie satisfaction amoureuse se décomptent au fur et à mesure que le temps passe.
L’amour finit par ne plus être attendu. Il n’est plus question d’avoir une raison d’aimer mais une bonne façon d’exister. La recherche du sentiment de paix intérieur prend le dessus pour endiguer les scènes de guéguerre intellectuelle qui s’imposent de façon naturelle puisque les moments d’intimité apaisante se raréfient !
La passion amoureuse, l’amour d’autrui, certains l’appelleront après coup dérèglement hormonal, fera place à l’Amour de Soi dans le meilleur des cas et au pire à une dépression chronique. Positivons et restons sur ce caractère commun aux plus sensibles d’entre nous qu’est l’amour de soi.
Cette prise de conscience pendant la phase du détachement attachant procure un sentiment fort de liberté. Tout est permis car plus rien n’est enfuit. La parole se libère et l’action aussi. Le travail initiatique commence alors pour combler le manque de l’autre malgré sa proximité, mais aussi et surtout pour prouver et se prouver.
Le premier amour de soi est corporel. Il s’agit de se réapproprier son physique indépendamment d’autrui. S’accepter tel est le premier défi pour assoir son identité et sa présence au sein de la communauté.
Le second amour de soi est spirituel. Lorsque certains trouveront le chemin vers l’amour de soi dans le sport, la musique, la peinture, l’art ou la culture, d’autres le trouveront dans la méditation, la religion ou la philosophie.
Une fois entamé, le travail initiatique ne doit en aucun cas cesser. C’est le seul gage de la longévité de la phase du détachement attachant car une vie sans initiation équivaut à une société désordonnée où les hommes sont d’un côté et les femmes de l’autre, une vie où les inégalités homme/femme se renforceront puisque les canaux de communication seront complètement brisés.
Une vie sans parcours initiatique, c’est donner raison à Frédéric Beigbeder !
Ali Bouallou
Pour faire court, il s’agissait pour Frédéric Beigbeder, avant tout, de solder des comptes pour ensuite dresser un tableau sombre, agrémenté d’un réalisme masculin univoque, du processus amoureux au sein du couple.
Celui-ci passe par trois phases inéluctables que je nommerai ainsi, l’euphorie exaltante, le « détachement attachant » pour finir en séparation salvatrice. Le tout s’opère dans un délai de trois ans pour reprendre de plus belle après chaque rupture et de manière itérative.
Nombreux sont ceux qui se retrouveront dans cette vision Beigbedienne de la relation à deux mais nombreux aussi qui la contesteront. Notamment ceux qui assument parfaitement la deuxième phase, ou qui la subissent pour des raisons exogènes au sens large, leur vie durant sans arriver à la séparation.
Est-ce que l’unique et courte vie justifie une telle décision car il n’est pas de plus terrible punition que d’aller à l’encontre de son bien-être !? La grande majorité répondra par la positive et vivra toute une existence, donc plus de trois ans, dans une sorte de bonheur-malheur alterné où les moments de vraie satisfaction amoureuse se décomptent au fur et à mesure que le temps passe.
L’amour finit par ne plus être attendu. Il n’est plus question d’avoir une raison d’aimer mais une bonne façon d’exister. La recherche du sentiment de paix intérieur prend le dessus pour endiguer les scènes de guéguerre intellectuelle qui s’imposent de façon naturelle puisque les moments d’intimité apaisante se raréfient !
La passion amoureuse, l’amour d’autrui, certains l’appelleront après coup dérèglement hormonal, fera place à l’Amour de Soi dans le meilleur des cas et au pire à une dépression chronique. Positivons et restons sur ce caractère commun aux plus sensibles d’entre nous qu’est l’amour de soi.
Cette prise de conscience pendant la phase du détachement attachant procure un sentiment fort de liberté. Tout est permis car plus rien n’est enfuit. La parole se libère et l’action aussi. Le travail initiatique commence alors pour combler le manque de l’autre malgré sa proximité, mais aussi et surtout pour prouver et se prouver.
Le premier amour de soi est corporel. Il s’agit de se réapproprier son physique indépendamment d’autrui. S’accepter tel est le premier défi pour assoir son identité et sa présence au sein de la communauté.
Le second amour de soi est spirituel. Lorsque certains trouveront le chemin vers l’amour de soi dans le sport, la musique, la peinture, l’art ou la culture, d’autres le trouveront dans la méditation, la religion ou la philosophie.
Une fois entamé, le travail initiatique ne doit en aucun cas cesser. C’est le seul gage de la longévité de la phase du détachement attachant car une vie sans initiation équivaut à une société désordonnée où les hommes sont d’un côté et les femmes de l’autre, une vie où les inégalités homme/femme se renforceront puisque les canaux de communication seront complètement brisés.
Une vie sans parcours initiatique, c’est donner raison à Frédéric Beigbeder !
Ali Bouallou