Par Aziz Boucetta
Elle est certes incontournable pour mettre les présumés terroristes hors de nuire, mais une fois qu’ils le sont, leur « extraction » de leur pensée et leur émancipation de leur « communauté » deviennent nécessaires. C’est le programme « Moussalaha », réconciliation en VO.
Que faire des milliers de personnes appréhendées, jugées et condamnées pour affaires liées au terrorisme ? Selon le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), la police marocaine a démantelé depuis 2002 plus de 2.000 cellules terroristes et a interpellé plus de 3.500 personnes dans le cadre d'affaires en relation avec l’extrémisme religieux et le terrorisme qui va avec, et sans compter la coopération internationale (Espagne, France, Belgique, Burkina Faso, Russie, Etats-Unis…). Ces gens sont en prison, venant de tous les horizons et milieux ou revenant aussi du Sahel ou de Mésopotamie.
La plupart d’entre eux ont été condamnés pour des crimes de sang ou pour leur volonté agissante à en commettre. Mais, pour autant, ce ne sont pas des criminels comme les autres. Ils sont imbibés d’une idéologie aussi orientée que dangereuse, aussi stupide que létale. Leurs condamnations sont lourdes, dépassant généralement les 20 ans de prison et allant souvent à la perpétuité et, quand ces gens ont assassiné, la peine capitale est prononcée, bien que jamais exécutée depuis 1993.
Remarquons que pour ces procès, il y a rarement Amnesty, France24, HRW, RSF ou Freedom machin… Et pour cause ! Dans les pays occidentaux ciblés par des attentats et victimes de l’idéologie religieuse extrémiste ou de la « pensée » suprémaciste, les procès tournent le plus souvent au show politico-judiciaire où les accusés semblent bénéficier de procès équitables mais sont en réalité traités d’une manière sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. Mais cela est une autre affaire…
Au Maroc, les autorités ont compris que les personnes coupables de crimes ou d’intentions de crimes terroristes de nature religieuse sont d’abord des victimes de la société et de sa propension à jeter les gens dans la précarité, de l’ignorance, de la mésestime de soi, de l’ « angélisme » religieux auquel les préparent et les intègrent leurs recruteurs... Aussi, mieux que les politiques de déradicalisation qui, ailleurs et le plus souvent sont vouées à l’échec car mal conçues et mal appliquées, le royaume a lancé un programme de « désidéologisation » appelé Moussalaha. La religion d’Etat du pays et l’institution de la commanderie des croyants aident fortement en cela.
A la manœuvre, des spécialistes comme l’érudit Ahmed Abbadi ou l’intellectuel nippo-marocain El Mostafa Rezrazi et d’autres encore qui prennent sur leur temps, abattent un monumental travail bénévole et paient de leurs personnes. Cela consiste à aller dans les prisons, rencontrer ces condamnés, ci-devant des monstres froids qui aiment la mort des autres autant qu’ils haïssent leurs vies. On les soumet à des simulations discursives sur leurs intentions, pour mieux déconstruire leur raisonnement, on leur enseigne une contextualisation de certains versets, on leur explique des propos de théologiens musulmans portés sur le jihad à leur époque, on les confronte avec des « repentis » convaincus et désormais possiblement convaincants.
Et de fait, l’approche marocaine se fonde sur l’incontournable et nécessaire intervention policière d’empêchement de nuire, puis sur une action judiciaire de condamnation, et enfin sur une vaste opération de réhabilitation/réadaptation cognitive pour ceux qui l’acceptent, et qui représentent l’écrasante majorité des condamnés. Cette approche rejoint celle de 2003 quand au lendemain des attentats meurtriers de Casablanca, le roi Mohammed VI avait lancé une très large politique de restructuration du quartier de Sidi Moumen, vivier terroriste par excellence. Le quartier est devenu un lieu de vie, rompant avec sa tradition de fabrication de semeurs de mort.
Et au final, depuis 2017, sur les 156 détenu(e)s gracié(e)s ou libéré(e)s (sur un total de 222), ci-devant criminel(le)s terroristes ou potentiellement meurtriers(ères), il n’y a eu qu’un seul cas de récidive, dans un acte de droit commun. Le programme Moussalaha devient exportable et attire les missi dominici de plusieurs Etats, occidentaux ou africains, avec un intérêt évident de la part, par exemple, du FBI américain.
A force de recevoir les leçons du Nord, le Maroc a finalement compris ces leçons et se présente comme étant à même d’en donner à son tour. Il ne le fait pas, pas plus qu’il ne refuse la coopération de ceux des pays amis, victimes du terrorisme religieux et désireux de dépasser le stade du tout-répressif.
Que faire des milliers de personnes appréhendées, jugées et condamnées pour affaires liées au terrorisme ? Selon le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), la police marocaine a démantelé depuis 2002 plus de 2.000 cellules terroristes et a interpellé plus de 3.500 personnes dans le cadre d'affaires en relation avec l’extrémisme religieux et le terrorisme qui va avec, et sans compter la coopération internationale (Espagne, France, Belgique, Burkina Faso, Russie, Etats-Unis…). Ces gens sont en prison, venant de tous les horizons et milieux ou revenant aussi du Sahel ou de Mésopotamie.
La plupart d’entre eux ont été condamnés pour des crimes de sang ou pour leur volonté agissante à en commettre. Mais, pour autant, ce ne sont pas des criminels comme les autres. Ils sont imbibés d’une idéologie aussi orientée que dangereuse, aussi stupide que létale. Leurs condamnations sont lourdes, dépassant généralement les 20 ans de prison et allant souvent à la perpétuité et, quand ces gens ont assassiné, la peine capitale est prononcée, bien que jamais exécutée depuis 1993.
Remarquons que pour ces procès, il y a rarement Amnesty, France24, HRW, RSF ou Freedom machin… Et pour cause ! Dans les pays occidentaux ciblés par des attentats et victimes de l’idéologie religieuse extrémiste ou de la « pensée » suprémaciste, les procès tournent le plus souvent au show politico-judiciaire où les accusés semblent bénéficier de procès équitables mais sont en réalité traités d’une manière sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. Mais cela est une autre affaire…
Au Maroc, les autorités ont compris que les personnes coupables de crimes ou d’intentions de crimes terroristes de nature religieuse sont d’abord des victimes de la société et de sa propension à jeter les gens dans la précarité, de l’ignorance, de la mésestime de soi, de l’ « angélisme » religieux auquel les préparent et les intègrent leurs recruteurs... Aussi, mieux que les politiques de déradicalisation qui, ailleurs et le plus souvent sont vouées à l’échec car mal conçues et mal appliquées, le royaume a lancé un programme de « désidéologisation » appelé Moussalaha. La religion d’Etat du pays et l’institution de la commanderie des croyants aident fortement en cela.
A la manœuvre, des spécialistes comme l’érudit Ahmed Abbadi ou l’intellectuel nippo-marocain El Mostafa Rezrazi et d’autres encore qui prennent sur leur temps, abattent un monumental travail bénévole et paient de leurs personnes. Cela consiste à aller dans les prisons, rencontrer ces condamnés, ci-devant des monstres froids qui aiment la mort des autres autant qu’ils haïssent leurs vies. On les soumet à des simulations discursives sur leurs intentions, pour mieux déconstruire leur raisonnement, on leur enseigne une contextualisation de certains versets, on leur explique des propos de théologiens musulmans portés sur le jihad à leur époque, on les confronte avec des « repentis » convaincus et désormais possiblement convaincants.
Et de fait, l’approche marocaine se fonde sur l’incontournable et nécessaire intervention policière d’empêchement de nuire, puis sur une action judiciaire de condamnation, et enfin sur une vaste opération de réhabilitation/réadaptation cognitive pour ceux qui l’acceptent, et qui représentent l’écrasante majorité des condamnés. Cette approche rejoint celle de 2003 quand au lendemain des attentats meurtriers de Casablanca, le roi Mohammed VI avait lancé une très large politique de restructuration du quartier de Sidi Moumen, vivier terroriste par excellence. Le quartier est devenu un lieu de vie, rompant avec sa tradition de fabrication de semeurs de mort.
Et au final, depuis 2017, sur les 156 détenu(e)s gracié(e)s ou libéré(e)s (sur un total de 222), ci-devant criminel(le)s terroristes ou potentiellement meurtriers(ères), il n’y a eu qu’un seul cas de récidive, dans un acte de droit commun. Le programme Moussalaha devient exportable et attire les missi dominici de plusieurs Etats, occidentaux ou africains, avec un intérêt évident de la part, par exemple, du FBI américain.
A force de recevoir les leçons du Nord, le Maroc a finalement compris ces leçons et se présente comme étant à même d’en donner à son tour. Il ne le fait pas, pas plus qu’il ne refuse la coopération de ceux des pays amis, victimes du terrorisme religieux et désireux de dépasser le stade du tout-répressif.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost