Mondial, premières leçons… premières interrogations...




Par Aziz Boucetta

La Coupe du monde n’est pas finie mais au vu des espoirs suscités par les vaillanets et valeureux jeunes de l’équipe nationale, on peut déjà tirer des leçons. Mais d’abord, bravo et félicitations aux Français et à leurs talentueux joueurs, qui méritent leur finale (en dépit de l’arbitrage qui reste de l’entière et peut-être indigne responsabilité de la FIFA), autant que les Argentins d’ailleurs… et retournons à nos affaires, avec quelques remarques.

1/ La psychologie collective. « Nya » aura été le maître-mot de cette Coupe du monde, marocaine à plus d’un titre, même sans LE titre. Un ami français a demandé à traduire ce mot… difficile. Il est un mélange d’espoir, de conviction, d’assurance en soi, de foi… Cette Nya a très largement compensé les blessures, les doutes, l’ « effroi » de se savoir porter les espoirs de tout un peuple, de toute une civilisation et, pourquoi pas, d’une grande partie de l’humanité, eu égard aux centaines de millions de personnes, peut-être des milliards) qui suivaient ce match et qui vibraient en rouge et vert. Hoalid Regragui avait demandé à sa nomination la désignation d’un staff de « psys » de toutes spécialités, et il avait raison. Cela manque au Maroc, et cela devrait être… On en a vu les extraordinaires résultats.

2/ La capacité à aller loin. Quand on veut, on peut, et on y réussit, aux yeux du monde pour le foot, à bas bruit pour tant de choses qui se font dans ce pays, de l’anticipation et la préparation en amont et en toute discrétion de la pandémie Covid à l’émergence géopolitique, en passant par la protection sociale ou la melkisation de terres aux femmes, et même aux douces et certaines avancées des droits de ces mêmes femmes. Puisse le Maroc réaliser encore et encore des choses et puisse ce gouvernement réussir dans les tâches qu’il s’est fixées pour son mandat. Restons positifs, maintenons allumée cette flamme du Mondial pour tout le reste.

3/ Les valeurs marocaines. Sber (intraduisible), Nya, Nefs, l’abnégation, le don de soi, l’esprit de sacrifice, la patience et le souffle long, ridat al walidine… voilà les valeurs véhiculées et portées par nos jeunes au Qatar, et ce sont les mêmes valeurs qui ont supporté cette nation tout au long des siècles, pour se maintenir envers et contre tout. Elles ont enchanté le monde et désormais, « Morroco is not… Monaco ! ». Le Maroc a hurlé ses valeurs à la face du monde. Merci à nos jeunes, merci Ssi Regragui.

4/ La géopolitique du sport. Exhiber le drapeau palestinien n’était pas le fruit du hasard… nous autres Marocains savons que ce genre d’action n’est pas fortuit ni laissé à la volonté d’un membre du staff, exalté ; et la Une du Jerusalem Post est là pour prouver que ce geste a été accepté pour ce qu’il est, en l’occurrence l’équilibre dont a toujours (ou presque) fait montre notre...pays. 


Par ailleurs, le Qatar, qui a ouvert le stade aux détenteurs d’un passeport marocain, sans billets, prouve la reconnaissance de l’émirat pour le soutien du Maroc durant les heures difficiles de 2017… Enfin (liste non exhaustive), le Maroc a conquis sa place de leader du monde arabe et de l’espace africain, le temps d’une Coupe du monde. Il lui appartient de consolider et pérenniser cette position.

5/ la RAM et le gros couac de la billetterie. Des comptes devraient être demandés, pour savoir ce qui s’est réellement passé. Une commission d’enquête pourrait, et devrait, être ouverte, pour rester dans la magie de l’exploit des Rouge et Vert et pour ne pas ternir cette immense joie collective, assombrie par l’amateurisme de certains… à moins que certaines rumeurs de manipulation, manœuvres et pressions étrangères ne deviennent des informations…

6/ La hargne et la haine. La hargne et le racisme de certains médias français et allemands, belges, espagnols, et la haine et le bellicisme du régime algérien. Il faudra rester en veille et en éveil, et s’inquiéter des réactions de franche hostilité de ces gens-là. Merci à Emmanuel Macron pour ses félicitations au roi Mohammed VI et merci à lui d’avoir pensé à honorer nos joueurs d’une visite à leur vestiaire et des mots qu’il a eus à leur adresse. Mais ne baissons pas le bras pour le reste (condescendance aux visas, Sahara…). Veille et éveil sur de possibles révélations post-Coupe du monde.

7/ Le formidable soutien mondial. Elon Musk, Antony Blinken, Sundar Pichai (patron de Google), tant de chefs d’Etat arabes et africains, tant d’anciennes étoiles du foot et d’autre chose… Pourquoi toutes ces illustres personnalités ont-elles soutenu, encouragé, cité le Maroc et pas d’autres ? Il s’est produit quelque chose, qu’il est encore trop tôt pour déchiffrer, et ce quelque chose pousse et hisse le soft power marocain au firmament. Et que Joe Biden visionne la demi-finale avec des chefs d’Etat africains, et Aziz Akhannouch, n’est pas anodin. Il s’est vraiment produit quelque chose.

 

En attendant de mieux comprendre ce qui s’est passé, pourquoi, comment… ce sont là quelques simples remarques qui donnent à réfléchir sur le chemin parcouru, en silence, et sur ce qui reste à faire, pour renforcer, consolider, assurer et affermir l’avenir. Mais l’avenir devra également apporter son lot de révélations sur tant de choses qu’il serait aujourd’hui prématuré d’aborder (l’étrange agressivité franco-allemande à l’endroit du Qatar et sa quasi simultanéité avec l’enquête de corruption au parlement européen qui implique le Qatar, la discrétion de l’émir Tamim à la demi-finale, l’arbitrage et la responsabilité de la FIFA…).

Pour l’instant, le Maroc, et quel que soit le résultat du match de classement, s’est surclassé. Puisse-t-il, encore une fois, savoir maintenir la flamme allumée par une vingtaine de jeunes, leur encadrement, leur leader et leur public, au Maroc et dans le monde. Bravo et merci à tous.
 

Aziz Boucetta sur  https://panorapost.com/



Jeudi 15 Décembre 2022

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