Vu les mutations de la société marocaine, en matière de solidarité, de protection et de cohésion sociales, l’Etat assume une grande responsabilité et est appelé à jouer un rôle croissant. Les perspectives d’un Maroc social assurant la protection sociale à l’ensemble de ses citoyens et citoyennes, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, personnes en situation de handicap restent des objectifs à moyen terme. Les objectifs d’un tel Maroc, qui coïncident avec les Objectifs du Développement Durable (ODD),ne pourraient nullement être atteints sans s’appuyer sur une approche genre qui tient compte des rôles assumés par les femmes au sein des familles, en s’appuyant le plus souvent sur leur travail invisible ainsi que sur leur indéniable et immense don de soi, non évalué et peu reconnu.
Rappelons que l’étude « budget-temps » du HCP montre que les femmes travaillent sept fois plus au service de la communauté, de la famille et du foyer. Il y a lieu d’identifier les rôles joués par la famille et en évaluer l'apport par rapport aux missions de l'Etat, étant entendu que la famille, du fait de la solidité des liens affectifs et solidaires, déploie une grande ingéniosité pour assumer ces rôles en dépit de la rareté des ressources dont elle dispose.
Parmi ces missions, nous relevons:
o A l'égard des enfants, les familles constituent l’espace d’accueil et de vie des enfants et sont censées garantir l’ensemble de leurs droits: en matière de survie, de nutrition, comme l’allaitement, de sécurité alimentaire, d’hygiène, de santé, d’éducation, de socialisation et de sécurité. Ce sont les femmes qui en assument la plus grande partie.
o A l'égard de l'enfant en situation de handicap, cette mission est plus lourde et plus coûteuse ; elle sollicite un dévouement tout à fait exceptionnel et est entièrement dévolue aux femmes (la mère en général) ; il est étrange de constater que le législateur qui prévoit pour la femme divorcée qui se remarie la déchéance de la garde de son enfant âgé de sept ans et plus, fait exception pour l’enfant malade ou l’enfant handicapé (article 175.2 du code de la famille).
o A l’égard de l’adulte en situation de handicap avec ou sans revenu, c’est le plus souvent une femme qui en a la charge (mère, épouse, sœur, fille), que le handicap soit physique ou mental.
o A l'égard des personnes âgées, alors que l’Etat est attaché à l’idée généreuse que les familles doivent assurer leur devoir de solidarité à l’égard des personnes âgées, il semble ignorer le fait que ce sont les sacrifices des femmes de la famille qui sont le plus souvent sollicités.
o A l’égard de tous les membres provisoirement ou durablement en situation précaires, on ne compte pas le nombre de mères discrètement sollicitées par leurs enfants, même si elles n’ont pas de revenu propre.