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Médecins sans mise à jour : le Maroc va-t-il oser imposer la formation continue ?


Une réunion décisive entre l’Ordre des médecins et le ministère de la Santé est prévue cette semaine.
Les professionnels de santé réclament un dispositif clair et obligatoire pour la formation continue.
L’attente d’élections à l’Ordre national des médecins ajoute à la pression.



Par Dr Anwar CHERKAOUI

Cette semaine, les blouses blanches retiennent leur souffle. Une réunion de la dernière chance est enfin annoncée entre l’Ordre national des médecins et le ministère de la Santé et de la Protection sociale. En jeu ? Rien de moins que l’avenir de la formation médicale continue (FMC) au Maroc. Ce serpent de mer administratif pourrait bien sortir de l’eau… ou replonger pour quelques années encore.

Depuis des mois, l’Ordre frappe à toutes les portes avec un dossier structuré, des propositions réalistes, et une volonté farouche d’inscrire la FMC dans un cadre légal obligatoire. Une exigence logique dans un pays où les avancées médicales vont à une vitesse fulgurante, et où le maintien à jour des connaissances est littéralement une question de vie ou de mort. Mais en face, l’écho institutionnel ressemble à celui d’un amphithéâtre vide : deux ministères concernés, deux logiques, aucune synchronisation.

Le ministère de l’Enseignement supérieur ? Il renvoie la balle à celui de la Santé. Ce dernier, de son côté, évoque des complications juridiques, des décrets d’application non finalisés, et des responsabilités floues. Un jeu de renvoi bureaucratique si rodé qu’on croirait assister à un match de tennis sans arbitre. Pendant ce temps, sur le terrain, les médecins font de leur mieux, parfois à leurs frais, pour se former via des webinaires, des colloques internationaux, ou des modules en ligne improvisés.

Mais ce bricolage individuel a ses limites. La FMC ne peut pas reposer uniquement sur la bonne volonté des praticiens. Elle doit être pensée comme une obligation structurée, équitable, validée par l’État, et intégrée dans le parcours professionnel. Car aujourd’hui, un médecin peut exercer trente ans sans actualiser formellement ses connaissances, sans conséquence aucune. Un non-sens à l’heure où l’intelligence artificielle entre dans les cabinets, où les vaccins à ARN changent les protocoles, et où le patient marocain devient de plus en plus informé, donc plus exigeant.

C’est pourquoi la réunion de cette semaine fait figure d’électrochoc attendu. Les attentes sont fortes : les médecins veulent des engagements clairs, un calendrier de mise en œuvre, et surtout, une sortie du flou réglementaire. Ce flou qui permet à certains de ne rien faire sans être inquiétés, et à d’autres de se démener sans reconnaissance.

Autre dossier épineux sur la table : la tenue des élections ordinaires de l’Ordre national des médecins, qui se fait désirer. Sans renouveau démocratique, difficile de parler de modernisation de la profession. Là encore, les praticiens espèrent des annonces concrètes. Un calendrier, une transparence, une nouvelle impulsion.

Le contexte politique n’est pas anodin. Entre les tensions sociales dans le secteur de la santé, le déficit de médecins dans certaines régions, et les attentes de la jeunesse médicale, le statu quo n’est plus tenable. La FMC ne doit plus être perçue comme une option, mais comme un pilier fondamental de la qualité des soins. Dans certains pays, elle conditionne même la réinscription à l’ordre professionnel.

Au Maroc, le moment semble venu d’en finir avec les demi-mesures. Comme le disait un célèbre clinicien : “Ce que nous ignorons aujourd’hui sera une erreur médicale demain.” Il serait dommage que cette phrase prenne un sens prophétique.

Rendez-vous donc cette semaine pour une séance qui, on l’espère, ne sera pas une consultation sans ordonnance.



Lundi 21 Avril 2025


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