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Par MUSTAPHA SEHIMI
Une passation pacifique
I1 vaut de noter que c'est la première fois depuis l'indépendance du pays en 1960, qu'une passation de pouvoir se déroule de manière pacifique, sans coup d'État, bien qu'elle s'opère en l'espèce cette fois-ci entre deux ex-généraux... Dans l'espace sahélien, la Mauritanie se distingue par cet aspect particulier: celui de la stabilité sécuritaire et politique. Depuis 2011, elle n'a connu aucun acte terroriste de la part des groupes jihadistes. Le précédent président était arrivé à la tête du pays en août 2008, suite à un coup d'État, puis président de la République élu en 2009 jusqu'à 2014.
Au cours de ses deux quinquennats, il a engagé avec succès la lutte contre la menace terroriste, notamment aux côtés de l'actuel président, chef d'état-major général des armées ministre de la Défense. La politique globale a reposé sur trois axes: consolidation des acquis sécuritaires, désenclavement et renforcement de la présence et de l'autorité de l'État sur les territoires, initiatives de cohésion sociale et de dialogue religieux. Dans ce registre, il faut mentionner la lutte contre la pauvreté ainsi que le rattrapage en faveur des composantes les plus défavorisées de la population. Ce mandat a été confié à une nouvelle agence gouvernementale, " Taazour", en charge de la lutte contre les inégalités et 1'exclusion, surtout par suite des conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19 puis de 1'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Au début de 2021, le président Ghazouani a organisé une concertation nationale avec l'opposition et la société civile pour débattre de différentes problématiques: processus démocratique, unité nationale, bonne gouvernance, préservation de l'environnement lutte contre les effets du changement climatique, souveraineté nationale, etc. Mais ce processus n'a pas été finalement poursuivi; il a ainsi évolué vers des concertations thématiques. Conduit par le ministre de l'Intérieur avec les partis politiques, il a abouti en septembre 2022 à un consensus sur l'agenda électoral des élections législatives, régionales et municipales pour le 13 mai 2023 et l'élection présidentielle à l'été 2024. Dans cet intervalle, la justice mauritanienne a été saisie des conclusions d'une commission d'enquête parlementaire sur la gestion des affaires publiques durant les deux quinquennats du président Abdel Aziz (2009-2019). Des poursuites ont été ensuite engagées en mars 2019 contre l'ancien Président ainsi que deux de ses anciens Premiers ministres, des anciens membres du gouvernement, des hommes d'affaires et certains de ses proches pour des chefs de corruption, de blanchiment d'argent ou encore d'enrichissement illicite. Un procès historique de l'ancien président et de ses co-accusés a été ouvert à la fin janvier 2023. Il a été condamné à cinq ans de prison...
Une économie volatile en croissance
L'économie mauritanienne est structurellement volatile par suite de sa dépendance par rapport aux cours internationaux des minerais. Après la récession en 2020 (-0,9 %) et un léger rebond en 2021 (+2,4 %), une forte croissance a eu lieu en 2022 (+ 5,2 %) avec la bonne performance du secteur extractif et du secteur agricole. L'inflation reste forte autour de 10%, impactée par l'augmentation des prix des matières premières et du fret. Pour 2023, la croissance a été de 4,3% avec des prévisions de taux à la hausse de 5,7% en 2024 puis de 6,6% en 2025. Le niveau de la dette reste stable, autour de 60 %, avec un risque modéré. Il faut faire référence enfin aux récentes découvertes de nouveaux gisements d'hydrocarbures ; elles vont faire à terme de ce pays 1'un des leaders de gaz africains après le Nigéria, l'Algérie et le Mozambique.
Une transition pacifique et démocratique saluée par la communauté internationale: telle est la Mauritanie de 2024. Une diplomatie de bon voisinage et de coopération avec des positions équilibrées. Et une neutralité positive dans le dossier du Sahara marocain, malgré les fortes pressions de son voisin de l'est, l'Algérie...
Par MUSTAPHA SEHIMI sur quid.ma -
I1 vaut de noter que c'est la première fois depuis l'indépendance du pays en 1960, qu'une passation de pouvoir se déroule de manière pacifique, sans coup d'État, bien qu'elle s'opère en l'espèce cette fois-ci entre deux ex-généraux... Dans l'espace sahélien, la Mauritanie se distingue par cet aspect particulier: celui de la stabilité sécuritaire et politique. Depuis 2011, elle n'a connu aucun acte terroriste de la part des groupes jihadistes. Le précédent président était arrivé à la tête du pays en août 2008, suite à un coup d'État, puis président de la République élu en 2009 jusqu'à 2014.
Au cours de ses deux quinquennats, il a engagé avec succès la lutte contre la menace terroriste, notamment aux côtés de l'actuel président, chef d'état-major général des armées ministre de la Défense. La politique globale a reposé sur trois axes: consolidation des acquis sécuritaires, désenclavement et renforcement de la présence et de l'autorité de l'État sur les territoires, initiatives de cohésion sociale et de dialogue religieux. Dans ce registre, il faut mentionner la lutte contre la pauvreté ainsi que le rattrapage en faveur des composantes les plus défavorisées de la population. Ce mandat a été confié à une nouvelle agence gouvernementale, " Taazour", en charge de la lutte contre les inégalités et 1'exclusion, surtout par suite des conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19 puis de 1'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Au début de 2021, le président Ghazouani a organisé une concertation nationale avec l'opposition et la société civile pour débattre de différentes problématiques: processus démocratique, unité nationale, bonne gouvernance, préservation de l'environnement lutte contre les effets du changement climatique, souveraineté nationale, etc. Mais ce processus n'a pas été finalement poursuivi; il a ainsi évolué vers des concertations thématiques. Conduit par le ministre de l'Intérieur avec les partis politiques, il a abouti en septembre 2022 à un consensus sur l'agenda électoral des élections législatives, régionales et municipales pour le 13 mai 2023 et l'élection présidentielle à l'été 2024. Dans cet intervalle, la justice mauritanienne a été saisie des conclusions d'une commission d'enquête parlementaire sur la gestion des affaires publiques durant les deux quinquennats du président Abdel Aziz (2009-2019). Des poursuites ont été ensuite engagées en mars 2019 contre l'ancien Président ainsi que deux de ses anciens Premiers ministres, des anciens membres du gouvernement, des hommes d'affaires et certains de ses proches pour des chefs de corruption, de blanchiment d'argent ou encore d'enrichissement illicite. Un procès historique de l'ancien président et de ses co-accusés a été ouvert à la fin janvier 2023. Il a été condamné à cinq ans de prison...
Une économie volatile en croissance
L'économie mauritanienne est structurellement volatile par suite de sa dépendance par rapport aux cours internationaux des minerais. Après la récession en 2020 (-0,9 %) et un léger rebond en 2021 (+2,4 %), une forte croissance a eu lieu en 2022 (+ 5,2 %) avec la bonne performance du secteur extractif et du secteur agricole. L'inflation reste forte autour de 10%, impactée par l'augmentation des prix des matières premières et du fret. Pour 2023, la croissance a été de 4,3% avec des prévisions de taux à la hausse de 5,7% en 2024 puis de 6,6% en 2025. Le niveau de la dette reste stable, autour de 60 %, avec un risque modéré. Il faut faire référence enfin aux récentes découvertes de nouveaux gisements d'hydrocarbures ; elles vont faire à terme de ce pays 1'un des leaders de gaz africains après le Nigéria, l'Algérie et le Mozambique.
Une transition pacifique et démocratique saluée par la communauté internationale: telle est la Mauritanie de 2024. Une diplomatie de bon voisinage et de coopération avec des positions équilibrées. Et une neutralité positive dans le dossier du Sahara marocain, malgré les fortes pressions de son voisin de l'est, l'Algérie...
Par MUSTAPHA SEHIMI sur quid.ma -