Écouter le podcast de cet article :
On a souvent dit, ici et là, que le Maroc avait besoin de technocrates et de pas beaucoup de politiques.
On s’est trompés car les deux, laissés en roue libre, sont insupportables. Les politiques parlent souvent pour ne rien dire et comptent peu, les technocrates comptent toujours à n’en plus finir et s’expriment peu, ou pas. Et au final, les ennuis demeurent.
Prenons le cas de ce qu’on appelle notre diaspora, par exemple. Cinq millions de personnes, 15% de la population, des milliards en transferts qui pleuvent, des compétences en série et en réseaux… Une richesse incomparable, à tous points de vue. Mais une richesse dont on ne voit que l’aspect matériel ! Ce que nos gens à l‘étranger peuvent penser, on s’en moque, ce qu’ils peuvent subir, on s’en fiche. Ils sont riches, ils envoient de l’argent, c’est bien et c’est tout.
Et pourtant, à intervalles réguliers, leur cas est évoqué par le chef de l’Etat, dans des discours à la nation, comme celui du 20 août 2022 où le roi avait consacré la moitié de son adresse aux Marocains du monde.
Il avait appelé à plus et mieux prendre en considération ce qu’ils sont et ce qu’ils font, à comprendre leurs préoccupations, à les accompagner et les soutenir dans ce qu’ils entreprennent, et à améliorer ce qui doit l’être pour leur bien-être. Avec cette phrase : « Loin d’être l’apanage des immigrés de première génération, les attaches humaines solidement tissées avec le Maroc et la fierté de lui appartenir constituent un patrimoine qui se transmet de père en fils. C’est avec enthousiasme que les troisième et quatrième générations le revendiquent, d’ores et déjà, à leur tour ».
Fort bien, ce discours a été prononcé voici onze mois. Qu’a fait le gouvernement Akhannouch depuis ? Affirmer ‘rien’ serait nihiliste, mais dire ‘presque rien’ serait réaliste. Deux ou trois...réunions d’incantations de grands principes et d’évocations respectueuses du discours royal ne font pas une politique.
Et de politique pour les Marocains du monde, jusqu’à présent, personne n’en voit vraiment. Au contraire, pourrions-nous même hasarder…
On s’est trompés car les deux, laissés en roue libre, sont insupportables. Les politiques parlent souvent pour ne rien dire et comptent peu, les technocrates comptent toujours à n’en plus finir et s’expriment peu, ou pas. Et au final, les ennuis demeurent.
Prenons le cas de ce qu’on appelle notre diaspora, par exemple. Cinq millions de personnes, 15% de la population, des milliards en transferts qui pleuvent, des compétences en série et en réseaux… Une richesse incomparable, à tous points de vue. Mais une richesse dont on ne voit que l’aspect matériel ! Ce que nos gens à l‘étranger peuvent penser, on s’en moque, ce qu’ils peuvent subir, on s’en fiche. Ils sont riches, ils envoient de l’argent, c’est bien et c’est tout.
Et pourtant, à intervalles réguliers, leur cas est évoqué par le chef de l’Etat, dans des discours à la nation, comme celui du 20 août 2022 où le roi avait consacré la moitié de son adresse aux Marocains du monde.
Il avait appelé à plus et mieux prendre en considération ce qu’ils sont et ce qu’ils font, à comprendre leurs préoccupations, à les accompagner et les soutenir dans ce qu’ils entreprennent, et à améliorer ce qui doit l’être pour leur bien-être. Avec cette phrase : « Loin d’être l’apanage des immigrés de première génération, les attaches humaines solidement tissées avec le Maroc et la fierté de lui appartenir constituent un patrimoine qui se transmet de père en fils. C’est avec enthousiasme que les troisième et quatrième générations le revendiquent, d’ores et déjà, à leur tour ».
Fort bien, ce discours a été prononcé voici onze mois. Qu’a fait le gouvernement Akhannouch depuis ? Affirmer ‘rien’ serait nihiliste, mais dire ‘presque rien’ serait réaliste. Deux ou trois...réunions d’incantations de grands principes et d’évocations respectueuses du discours royal ne font pas une politique.
Et de politique pour les Marocains du monde, jusqu’à présent, personne n’en voit vraiment. Au contraire, pourrions-nous même hasarder…
Récemment, le chef du gouvernement a signé en grande pompe et en fanfare un protocole avec le président de la Royal Air Maroc. On y apprend qu’en 2037, nous aspirons à 65 millions de voyageurs et qu’à cette date, la flotte aérienne devra être de 200 avions, contre 50 aujourd’hui.
C’est cela, encore une fois, les technocrates : faire des annonces, en attendre un effet, et tenter d’y faire accroire les autres. Les autres…Ces mêmes autres, Marocains du monde de leur état, qui doivent payer des fortunes pour rentrer au pays en avion de la même Royal Air Maroc. Selon l’Avis du CESE de novembre 2022, les deux tiers de nos Marocains du monde sont dans la catégorie d’âge 25-45 ans, soit des ménages de trois ou quatre personnes.
Venir d’Amérique du Nord, par exemple, à des prix aussi hauts que l’altitude des avions correspondants (15.000-20.000 DH par personne pour un vol aller/retour) n’est pas encourageant pour « maintenir solidement les attaches des 3ème et 4ème générations » de Marocains qui, d’ores et déjà, commencent à renoncer au voyage au Maroc. Hasardeux pour la 5ème génération, à l’horizon 2037, qui pourrait reléguer le royaume, terre d’origine, à une simple destination touristique soumise à l’analyse de la rentabilité et de la comparaison avec d’autres pays (Espagne, Cuba, Mexique, Thaïlande, Turquie…).
Les Marocains vivant en Amérique du Nord et un nombre croissant de ceux installés en Europe pourraient désormais s’interroger de plus en plus avant de venir au Maroc en été car, outre les prix prohibitifs de l’avion, ils sont globalement insatisfaits concernant les services liés à l'investissement et aux problématiques foncières, concernant l’accès à l’information, la corruption et l’abus d’influence… (Avis du CESE, toujours le même). Il est vrai que les services consulaires vont de mieux en mieux, mais cela n’est pas suffisant.
Un an après le discours royal sur les Marocains du monde, notre gouvernement devrait établir un bilan de ce qui a été fait, s’interroger sur les vérités assommoirs du CESE, admettre et reconnaître les lacunes, et définir un programme d’action intelligent et intelligible, réalisable et crédible.
La culture de l’effet d’annonce est rarement annonciatrice de véritables effets.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
C’est cela, encore une fois, les technocrates : faire des annonces, en attendre un effet, et tenter d’y faire accroire les autres. Les autres…Ces mêmes autres, Marocains du monde de leur état, qui doivent payer des fortunes pour rentrer au pays en avion de la même Royal Air Maroc. Selon l’Avis du CESE de novembre 2022, les deux tiers de nos Marocains du monde sont dans la catégorie d’âge 25-45 ans, soit des ménages de trois ou quatre personnes.
Venir d’Amérique du Nord, par exemple, à des prix aussi hauts que l’altitude des avions correspondants (15.000-20.000 DH par personne pour un vol aller/retour) n’est pas encourageant pour « maintenir solidement les attaches des 3ème et 4ème générations » de Marocains qui, d’ores et déjà, commencent à renoncer au voyage au Maroc. Hasardeux pour la 5ème génération, à l’horizon 2037, qui pourrait reléguer le royaume, terre d’origine, à une simple destination touristique soumise à l’analyse de la rentabilité et de la comparaison avec d’autres pays (Espagne, Cuba, Mexique, Thaïlande, Turquie…).
Les Marocains vivant en Amérique du Nord et un nombre croissant de ceux installés en Europe pourraient désormais s’interroger de plus en plus avant de venir au Maroc en été car, outre les prix prohibitifs de l’avion, ils sont globalement insatisfaits concernant les services liés à l'investissement et aux problématiques foncières, concernant l’accès à l’information, la corruption et l’abus d’influence… (Avis du CESE, toujours le même). Il est vrai que les services consulaires vont de mieux en mieux, mais cela n’est pas suffisant.
Un an après le discours royal sur les Marocains du monde, notre gouvernement devrait établir un bilan de ce qui a été fait, s’interroger sur les vérités assommoirs du CESE, admettre et reconnaître les lacunes, et définir un programme d’action intelligent et intelligible, réalisable et crédible.
La culture de l’effet d’annonce est rarement annonciatrice de véritables effets.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost