"Nous avons la possibilité d'écrire l'histoire", lance Walid Regragui, qui vise un premier quart de finale de Coupe du monde pour son pays.
"Nous sommes une équipe difficile à jouer", annonce le sélectionneur des "Lions de l'Atlas", meilleure défense du tournoi avec le Brésil et la Croatie, un seul but encaissé.
Personne n'a réussi à marquer de but à cette équipe au Mondial sauf le Maroc lui-même, contre son camp, sur une déviation de Nayef Aguerd imparable pour son gardien Yassine Bounou, contre le Canada (2-1).
L'ancien capitaine Mehdi Benatia parle d'une "très belle équipe, une génération très forte. Regragui a la mentalité espagnole, il joue un beau football en 4-3-3 et surtout sait manager les hommes".
La "Roja" reste favorite pour le sélectionneur marocain. "Si on élimine l'Espagne ce sera une belle surprise. Ils ont l'ADN des grandes compétitions qu'on n'a pas, nous ça fait 36 ans qu'on n'a pas joué un 1/8 de finale".
- "Ils sont patients" -
C'était au Mexique, en 1986, la RFA s'était imposée sur un coup franc lointain de Lothar Matthaüs à la 88e.
"Je l'ai dit aux joueurs", annonce Regragui: "86, ils ne peuvent plus rejouer le match, ils ne peuvent plus aller en quarts. Nous il nous reste 24 heures, on peut le faire".
Il a un plan pour contrer la machine à passes de Luis Enrique. "Ils savent ce qu'ils proposent et sont patients, avec une possession qui fait mal à l'adversaire, mais qui fait mal aussi au public des fois", glisse le coach marocain, décrivant une équipe qui a "70% de possession".
Le ballon, "ils vont l'avoir, il faut qu'on l'accepte. On a laissé le ballon à la Croatie (0-0) et à la Belgique (victoire 2-0)", rappelle Regragui.
Les Espagnols envisagent le même type de match. Les Marocains "vont sans doute nous attendre derrière", explique Carlos Soler à l'AFP. "Donc on devra faire un match où on devra beaucoup se dépenser physiquement, bouger le ballon rapidement d'un côté à l'autre, et être plus verticaux quand on le pourra".
Le milieu offensif est prêt à croiser son coéquipier du Paris Saint-Germain Achraf Hakimi. "Avant le Mondial, on plaisantait sur ça. On se disait: +On se recroise en huitièmes !+ Et voilà, c'est arrivé. Mais depuis, on ne s'est pas parlé, non".
Ils n'ont donc pas comparé les styles de leurs sélections.
- Luis Enrique s'agace -
A ce propos, Luis Enrique s'est agacé en conférence de presse qu'on caricature son jeu de passes courtes.
"Nous on veut amener le ballon dans les meilleures conditions aux attaquants. Si pour ce faire, il faut lancer un ballon long, le gardien le fera", peste le sélectionneur espagnol.
"Quand ça marche, je soutiens que l'on doit jouer comme ça, mais quand ça ne marche pas aussi", insiste Luis Enrique. "On va continuer à jouer en relançant court, de derrière".
Au-delà de l'opposition de style, ce deuxième Maroc-Espagne en Coupe du monde, après le 2-2 d'il y a quatre ans en poules, évoque de très vieux souvenirs, avec Ferenc Puskas dans un second rôle.
En 1961, les deux équipes avaient disputé un barrage transcontinental pour le Mondial-1962 au Chili.
L'Espagne s'était imposée 1-0 à Casablanca dans la confusion, pour le premier des quatre matches disputés par le génial Hongrois sous le maillot de la Roja, à une époque où l'on pouvait encore jouer pour deux sélections nationales.
Le public marocain avait contesté le but car quelqu'un avait pénétré sur la pelouse au moment du but. L'arbitre avait quand même validé le but, mais le préposé au marquoir ne l'avait pas compris. Alerté, il n'avait fait évoluer le score à 1-0 que dans les derniers instants de la rencontre, dans l'incompréhension générale.
Au retour, la Roja s'était imposée 3-2 dans la souffrance, sortant même sous une bronca malgré la qualification.
Cette fois tout est plus clair, le tableau d'affichage est électronique, et le style de jeu des deux équipes est bien identifié.
LODJ avec AFP