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Maroc-Algérie : vol au-dessus d’un nid de frelons


Rédigé par le Samedi 20 Janvier 2024

Un récent rapport peu rassurant de l’Institut royal espagnol « Elcano » traite d’un possible conflit entre le Maroc et l’Espagne.



Les relations, déjà mauvaises, entre le Maroc et l’Algérie, pourraient s’aggraver et, éventuellement, tourner au conflit armé, s’est alarmé l’Institut royal espagnol « Elcano », dans un rapport récemment publié.

Pour le think-tank espagnol, crée en 2001 et sis à Madrid, une telle perspective n’est pas seulement fort inquiétante, mais carrément épouvantable, autant pour l’Espagne que pour les autres pays de l’Union européenne, vu leur proximité géographique et leurs liens socioéconomiques avec les pays du Maghreb.

Bien des signes en provenance du pays voisin de l’Est du Maroc viennent, en effet, conforter le rapport alarmiste de l’Institut royal Elcano.

Bien avant que la mobilisation de troupes et la concentration de forces armées aux frontières ne viennent révéler de franches intentions d’agression militaire, des manifestations diplomatiques, économiques et médiatiques d’hostilité dirigée contre le pays voisin peuvent constituer des indices suffisants pour avertir d’une probabilité élevée de déflagration guerrière.

Des sottises égrenées en chapelet

Les récentes mesures dernièrement prises par l’Algérie à l’encontre du Maroc, l’incitation à la haine des Algériens envers les Marocains, entretenue par des médias aux ordres de la junte au pouvoir dans le pays voisin de l’Est du royaume, peuvent effectivement être interprétées dans un tel sens.

Alors que les frontières entre les deux pays voisins maghrébins sont closes depuis 2014, Alger a décidé de rompre carrément ses relations diplomatiques avec Rabat, en août 2021, puis d’interdire son espace aérien aux avions civils et militaires marocains et de fermer le gazoduc Maghreb-Europe, transitant par le royaume, en septembre et octobre de la même année.

Comme aucune de ses mesures de franche inimitié n’a abouti aux résultats escomptés par le régime algérien, à savoir mettre économiquement le Maroc à genoux, et face au discrédit qu’entraînent de tels échecs auprès d’une population algérienne, déjà fortement mécontente de ses actuels dirigeants, Alger s’est engagée dans une fuite en avant en doublant la mise.

Le coût de la haine

Dans une note datée du 10 janvier 2024, l’Association professionnelle algérienne des banques et des établissements financiers a sommé ses banques, dans le cadre des opérations de commerce extérieur, « de refuser toute opération de domiciliation pour les contrats de transport qui prévoient le transbordement/transit par les ports marocains ».

Il est évident qu’une telle démarche n’aura pas plus d’impact contraignant sur le Maroc que n’en ont eu les précédentes. Le port de Tanger-Med, le premier visé par la décision algérienne, a enregistré une hausse de son trafic de l’ordre de 12% en glissement annuel.

Inauguré en 2007, le port de Tanger-Med a été agrandi, en 2019, devenant ainsi le premier port et la première plateforme de conteneurs en Méditerranée. Il est, maintenant, prévu d’en renforcer les capacités avec un investissement de l’ordre de 7 milliards de dirhams.

Même si les décideurs algériens affirment le contraire, il y a bien renchérissement des coûts des importations et exportations du pays voisin de l’Est.

Profitant de la stupide décision d’Alger de se priver du transbordement et transit de ses marchandises par le port de Tanger-Med, le groupe français CMA CGM, qui n’est pas moins que le leader mondial du transport maritime, a décidé de hausser le prix du fret entre la France et l’Algérie de 30%.

Il est fort probable que les Espagnols fassent de même et augmentent leurs prix du fret avec l’Algérie.

Isolement en extension

D’après le site d’information Maghreb Intelligence, les services de renseignement algériens auraient aussi élaboré un rapport sur la crise entre l’Algérie et le Mali, remis à la présidence et à l’état-major des armées.

Ledit rapport prévient les dirigeants du pays voisin de l’Est que, faute d’une amélioration des relations entre Alger et Bamako, le Maroc va étendre son influence dans toute la sous-région du Sahel, à travers son initiative pour l’accès du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad à l’océan atlantique, de manière à briser leur enclavement.

Déjà en mauvais termes avec le Maroc, à l’Ouest, et la Libye, à l’Est, l’isolement de l’Algérie, du fait de l’initiative marocaine, ne fera que s’étendre, au Sud, aux pays du Sahel.

C’est dans le cadre de cette politique algérienne, dont l’unique ambition est de mettre bâtons dans les roues du Maroc, que s’inscrit le récent ballet diplomatique entre Alger et Nouakchott.

Un aride libre-échange

Le ministre mauritanien des affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, a été reçu, le 16 janvier, par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, une visite à Alger suivie par celle du président du parlement mauritanien, Mohamed Ould Meguett, du 19 au 22 janvier.

Il est question de la prochaine conclusion d’un accord de libre-échange entre l’Algérie et la Mauritanie, aussi porteur que le projet de route entre Tindouf et Zouerate, qui n’est pas prêt de voir le jour au vu des énormes difficultés techniques d’un tracé qui devrait traverser une zone désertique ensablée.

Mais là encore, la Mauritanie va bien finir par prendre conscience de l’importance vitale de ses relations avec le Maroc pour les gâcher en échange d’illusoires promesses algériennes.

Taxes en hausse, approvisionnement en baisse

Au début du mois de janvier et en application d’une loi de finances rectificative adoptée en juillet 2023, les autorités mauritaniennes ont décidé d’augmenter de 171% les taxes douanières auxquelles sont soumis les camions marocains de transport des légumes et fruits.

Suite à quoi les exportations marocaines de légumes et fruits à destination du marché mauritanien ont reculé, entraînant une baisse des prix sur le marché du royaume, au grand bonheur des consommateurs marocains.

La raison invoquée par Nouakchott est « la protection de la production locale ». Un argument démenti par un membre du Forum mauritanien de protection des consommateurs, Awa Mohamed, qui précise que : « la Mauritanie ne produit que 10% de ses besoins en légumes ».

Ce sont, donc, les consommateurs mauritaniens qui feront les frais de cette décision, socialement déraisonnable, des autorités mauritaniennes.

La Mauritanie compte, selon l’Unicef, 2,3 millions de personnes, soit près de 57% de la population totale, vivant dans la pauvreté multidimensionnelle. Cela fait autant de militants mauritaniens pour un retour des taxes douanières sur les légumes et fruits marocains à leur précédent niveau.

Les Mauritaniens suivent, par ailleurs, de près l’actualité dans leurs pays voisins maghrébins. Ils sont tout aussi conscients des progrès concrets réalisés par le Maroc que du verbiage qui caractérise les décideurs politiques algériens, incapables d’améliorer la qualité de vie de leur propre population malgré les recettes des hydrocarbures. On n’échange pas des étalons contre des tocards.

Le mensonge comme arme ultime

Las, les dirigeants algériens, qui ont vu la réputation de leur pays sur le continent africain encore plus ternie par les mauvais comportements des supporters de leur équipe de football à la CAN2023 en Côte d’Ivoire, n’ont plus que le mensonge comme derniers recours.

La dernière trouvaille, en date du 16 janvier, de l’agence de presse algérienne, APS, est un soi-disant mandat d’arrêt international lancé par les autorités chypriotes contre de hauts responsables sécuritaires marocains.

Ce que le porte-parole du ministère des affaires étrangères de Chypre, Theodoros Gotsis, s’est empressé, le 19 janvier, de démentir. « Ces allégations sont totalement infondées » a-t-il déclaré à l’agence marocaine de presse, MAP.

Si l’armée algérienne est aussi médiocre que la classe politique dirigeante du pays voisin de l’Est, les Forces Armées Royales du Maroc n’ont pas trop de soucis à se faire. Il n’en demeure pas moins que la prudence demeure de vigueur.

Personne plus que les Marocains, qui travaillent d’arrache-pied pour développer leur pays, ne tient autant à la paix avec les voisins de l’Est.

Le seul hic est, comme l’a fait dire dans un vieux film un réalisateur français, Michel Audiard, à un célèbre acteur, Lino Ventura : « les c***, ça osent tout, c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît ».





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Samedi 20 Janvier 2024

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