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“Mari-cage” précoce dans le monde rural, dispostif pour mettre fin à une abjecte fatalité




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Par Najib Mikou

Notre pays persiste et signe : le mariage précoce, séquelle moyenâgeuse d’une société injuste, est bien encore là en plusieurs dizaines de milliers. N’en déplaise aux statistiques officielles qui le réduisent à une trentaine de milliers par an, ce qui est déjà beaucoup trop et inadmissible, un nombre important de mariages précoces, relève de l’informel à l’image d’activités importantes de notre Économie.

Les chiffres du HCP, sont par conséquent, loin de traduire la véritable dimension du phénomène qui reste quasiment rural. La Fatiha et d’autres us et coutumes, font l’affaire, aussi bien de dizaines de milliers de “marivampires”, que de parents débordés, résignés, qui dissimulent ensemble, leur “acte complice” pour échapper à l’officiellement interdit, mais au socialement toléré. 

Ceci dit, le “Sacrifice” … de filles à peine pubères et sans défense, ne se limite malheureusement pas aux seules “chanceuses” du mari-cage. Le “reliquat” en très grand nombre, prend le chemin … du travail à domicile chez des familles dans les villes. Tous les moyens sont “bons” pour réduire le nombre de bouches à nourrir ou plutôt, pour se servir de sa progéniture pour assurer un revenu salvateur pour des parents économiquement vulnérables. Si des thèses recourent au culturel pour expliquer le social, l’économique s’impose sans conteste, comme argument structurel. Il suffit de savoir que 92% des parents de ces victimes, sont sans emploi ou en chômage déguisé. Face à cela, suffirait-il de sévir, moyennant des lois dissuasives et des contrôles draconiens ? 

 Si de telles lois restent nécessaires pour éviter que de très jeunes innocentes soient mises en danger par des adultes sans scrupule, sans repères, il n’en demeure pas moins que des solutions économiques et sociales doivent être inventées et activées de toute urgence, pour mettre fin à des situations de vulnérabilité économique et sociale insupportables, qui rongent notre cohésion sociale et témoignent d’une société d’injustices, d’inégalités et de frustrations sociales abyssales.

Trois pistes majeures, complémentaires et structurantes, devraient être empruntées, dans ce sens : 

Une Économie Sociale et Solidaire propulseur de croissance économique

L’Economie Sociale et Solidaire, devrait complètement basculer d’une perception strictement vivrière et sans  perspectives, vers celle qui en fait l’un des véritables propulseurs de la croissance économique et du développement social dans notre pays. Les atouts et potentialités de notre pays et de notre monde rural en particulier, dans ce domaine, sont réellement considérables et peuvent se développer encore davantage. Ils constituent l’ingrédient nodal d’une véritable révolution industrielle dans le monde rural, dont les coopératives, les Plate-formes de Collect et de Valorisation(PCV) et les Sociétés de Mutualisation et de Commercialisation(SMC), seront les acteurs majeurs, et dont la Formation Professionnelle sera l’outil d’accompagnement, et ce dans le cadre d’une articulation novatrice,  ambitieuse et génératrice de prospérité.

Un Enseignement ascenseur intellectuel et social

L’Enseignement devrait complètement basculer d’une perception strictement citadine, totalement déphasée et inadaptée à notre monde rural, vers celle qui en fait un Enseignement jouant pleinement son rôle d’ascenseur intellectuel, économique et social de nos filles et garçons dans le monde rural. 

Un Enseignement porté par des Centres du Savoir et de l’Epanouissement(CSE) où l’enfant reçoit des leçons concentrées en trois jours pleins par semaine, tout en y étant hébergé, nourri, contrôlé médicalement, puis transporté jusqu’à chez lui à la fin du 3ème jour. 

Un Enseignement également porté par une discrimination positive, qui accorde aux bons élèves, des places dans les internats des lycées citadins, et aux bons bacheliers des bourses à l’étranger et/ou des places hors quota, dans les formations assujetties à de fortes moyennes et aux concours. 

Une Santé innovante pour une meilleure mobilisation des ressources

La Santé devrait basculer de la logique de l’hôpital citadin, vers le Centre Médical dans le Chef-lieu et le Camp Ambulant de Proximité(CAP)  dans les zones rurales reculées. Ces deux structures médicales devraient être dotées de corps médicaux et paramédicaux publics non permanents, qui se relaient à la semaine, de façon à ce que l’intervention de ces corps dans le monde rural ne soit pas une sanction, mais un acte d’engagement supportable pour eux et pour leurs familles. De même que ces structures devraient bénéficier des services des médecins du privé, qui devraient y assurer une présence indemnisée ou bénévole, d’une journée par médecin et par mois, au titre du Service Rendu à la Nation(SRN). 

Ce n’est qu’au prix de ces trois pistes, que le monde rural cessera d’être le strict pourvoyeur aliéné de matières premières à bas prix et de force de travail inadaptée, pour devenir un véritable bassin et moteur de croissance économique, de développement humain, de stabilité sociale et de sécurité écologique.  

Trois pistes qui s’avéreraient être in fine, des autoroutes de prospérité équitablement partagée, où notre Maroc, porté par toutes ses femmes et tous ses hommes en même temps, et par son monde urbain et son monde rural à la fois, avancerait de plain pied et avec détermination vers le développement escompté.

Najib Mikou  
Consultant en Prospective et Etudes Stratégiques



Samedi 3 Juin 2023


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