La marque espagnole de fast fashion Mango a récemment franchi un cap en remplaçant certains mannequins humains par des avatars générés par intelligence artificielle (IA) dans ses campagnes publicitaires. Lors d’une interview, le PDG Toni Ruiz a expliqué que cette initiative vise à accélérer la création des visuels publicitaires tout en garantissant que les vêtements, disponibles à l'achat, ne sont pas modifiés. Une mention explicite indique également que les images ont été réalisées à l’aide de l’IA, afin d’éviter toute confusion auprès des consommateurs.

Pour l’instant, cette nouveauté concerne uniquement la rubrique "Teen" de Mango, mais elle soulève déjà des questions : toutes les morphologies seront-elles représentées ? Les mannequins humains finiront-ils par disparaître des plateformes de vente en ligne ?

Mango défend l’utilisation de l’IA comme un levier de rapidité et de rentabilité. "Il s’agit d’une création de contenu plus rapide", souligne Toni Ruiz. Fini les séances photo chronophages, les collections peuvent être mises en ligne en un clin d'œil, ce qui confère à Mango un avantage concurrentiel non négligeable dans un secteur où la réactivité est cruciale. 

Côté finances, les avatars IA coûtent bien moins cher que des mannequins humains. Moins de frais de production signifie davantage de marges pour l’entreprise. Dans un contexte où des marques prestigieuses comme Louis Vuitton ou Nike utilisent déjà des avatars IA, Mango ne fait que suivre une tendance qui bouleverse le mannequinat.

Loin de se limiter à la publicité, l’intelligence artificielle joue également un rôle clé dans la création des collections Mango. Elle peut suggérer des tissus, des coupes et même des motifs en adéquation avec l’esthétique de la marque. "Un robot peut désormais concevoir des vêtements conformes à notre ADN", confie Toni Ruiz. Un outil qui redéfinit les processus créatifs, mais qui pourrait aussi transformer les métiers du design.

L’intégration de l’IA dans le mannequinat remet en question l’avenir de nombreux métiers liés à l’industrie de la mode : photographes, maquilleurs, coiffeurs, et bien sûr, mannequins. Les avatars n'ont pas besoin de mises en beauté ni de séances photo, des tâches désormais simulées par des algorithmes sophistiqués. Si l’IA permet de réduire les coûts et de gagner en efficacité, elle risque aussi d’appauvrir l’essence même de la mode, faite de diversité et de créativité humaine.

Le recours croissant à l’IA dans le secteur soulève une question essentielle : la technologie peut-elle vraiment remplacer l’œil artistique et l’unicité humaine ? Si l’innovation est séduisante, elle s'accompagne du risque d'une déshumanisation de la mode. Le débat reste ouvert entre progrès technologique et préservation de la richesse humaine dans ce domaine.