Une ambition nationale contrariée par les réalités du terrain
Depuis plusieurs années, l’Algérie affiche sa volonté de développer un tissu industriel national capable de réduire sa dépendance aux importations et de créer de la valeur ajoutée locale. Le slogan “Made in Algeria” devait incarner cette renaissance industrielle. Pourtant, malgré des projets médiatisés et une rhétorique volontariste, le bilan reste largement en deçà des promesses.
L’exemple emblématique de cette politique industrielle est l’usine Fiat de Tafraoui, inaugurée fin 2023 avec l’objectif de produire 90 000 véhicules par an à partir de 2026. Ce projet, salué comme un jalon d’intégration industrielle, ne masque toutefois pas les limites du secteur. La production actuelle reste embryonnaire, l’essentiel des composants étant importé. Le taux d’intégration locale reste inférieur à 10 %, loin des standards internationaux requis pour parler de véritable industrie automobile.
Une industrie fragilisée par l’importation déguisée
L’Algérie a longtemps privilégié le montage local (“SKD/CKD”) au détriment de la fabrication. Cette stratégie, censée préparer une montée en gamme progressive, a en réalité servi d’alibi à une importation déguisée de véhicules ou d’équipements, sans création d’emplois significative ni transfert technologique réel.
Dans le secteur de l’électroménager, par exemple, des marques locales se contentent d’assembler des pièces venues d’Asie ou d’Europe, avec une faible valeur ajoutée. L’absence de stratégie industrielle à long terme, de normes de qualité claires, et de soutien à la recherche-développement limite la compétitivité des produits algériens.
Un environnement peu propice à l’initiative privée
Les industriels nationaux dénoncent un environnement hostile : bureaucratie paralysante, instabilité réglementaire, fiscalité incohérente, et surtout une absence de financement accessible pour les PME. Le capitalisme de connivence continue à orienter les marchés publics vers des cercles restreints, décourageant l’innovation et l’investissement à large échelle.
L’industrialisation ne se décrète pas : elle se construit à partir de politiques cohérentes, d’infrastructures logistiques efficaces, de formation professionnelle adaptée et de confiance entre l’État et les entrepreneurs. En l’état, l’Algérie ne remplit pas ces conditions.
Quelques avancées sectorielles, mais isolées
Des progrès notables sont toutefois enregistrés dans certains secteurs comme la sidérurgie, les engrais et le ciment, dont les exportations ont connu une hausse entre 2019 et 2023. Le pays a aussi vu ses exportations non liées aux hydrocarbures passer de 2 à 5 milliards USD, mais cela reste marginal à l’échelle de l’économie nationale.
Le gouvernement mise également sur l’extension du réseau ferroviaire pour dynamiser les flux de marchandises et faciliter le désenclavement industriel, en particulier dans le sud. Ces projets sont prometteurs mais devront impérativement s’accompagner d’une stratégie industrielle structurée et d’un cadre institutionnel stable.
Le “Made in Algeria” ne peut réussir qu’en se détachant du marketing politique pour devenir un levier de souveraineté économique. Cela suppose de s’attaquer aux racines du sous-développement industriel : monopoles, inertie administrative, dépendance technologique. En l’absence de ces réformes, le label risque de rester un symbole creux, déconnecté des réalités de la production locale.
L’exemple emblématique de cette politique industrielle est l’usine Fiat de Tafraoui, inaugurée fin 2023 avec l’objectif de produire 90 000 véhicules par an à partir de 2026. Ce projet, salué comme un jalon d’intégration industrielle, ne masque toutefois pas les limites du secteur. La production actuelle reste embryonnaire, l’essentiel des composants étant importé. Le taux d’intégration locale reste inférieur à 10 %, loin des standards internationaux requis pour parler de véritable industrie automobile.
Une industrie fragilisée par l’importation déguisée
L’Algérie a longtemps privilégié le montage local (“SKD/CKD”) au détriment de la fabrication. Cette stratégie, censée préparer une montée en gamme progressive, a en réalité servi d’alibi à une importation déguisée de véhicules ou d’équipements, sans création d’emplois significative ni transfert technologique réel.
Dans le secteur de l’électroménager, par exemple, des marques locales se contentent d’assembler des pièces venues d’Asie ou d’Europe, avec une faible valeur ajoutée. L’absence de stratégie industrielle à long terme, de normes de qualité claires, et de soutien à la recherche-développement limite la compétitivité des produits algériens.
Un environnement peu propice à l’initiative privée
Les industriels nationaux dénoncent un environnement hostile : bureaucratie paralysante, instabilité réglementaire, fiscalité incohérente, et surtout une absence de financement accessible pour les PME. Le capitalisme de connivence continue à orienter les marchés publics vers des cercles restreints, décourageant l’innovation et l’investissement à large échelle.
L’industrialisation ne se décrète pas : elle se construit à partir de politiques cohérentes, d’infrastructures logistiques efficaces, de formation professionnelle adaptée et de confiance entre l’État et les entrepreneurs. En l’état, l’Algérie ne remplit pas ces conditions.
Quelques avancées sectorielles, mais isolées
Des progrès notables sont toutefois enregistrés dans certains secteurs comme la sidérurgie, les engrais et le ciment, dont les exportations ont connu une hausse entre 2019 et 2023. Le pays a aussi vu ses exportations non liées aux hydrocarbures passer de 2 à 5 milliards USD, mais cela reste marginal à l’échelle de l’économie nationale.
Le gouvernement mise également sur l’extension du réseau ferroviaire pour dynamiser les flux de marchandises et faciliter le désenclavement industriel, en particulier dans le sud. Ces projets sont prometteurs mais devront impérativement s’accompagner d’une stratégie industrielle structurée et d’un cadre institutionnel stable.
Le “Made in Algeria” ne peut réussir qu’en se détachant du marketing politique pour devenir un levier de souveraineté économique. Cela suppose de s’attaquer aux racines du sous-développement industriel : monopoles, inertie administrative, dépendance technologique. En l’absence de ces réformes, le label risque de rester un symbole creux, déconnecté des réalités de la production locale.
Dossier spécial de "L'Eco Business" de ce week-end sur l'Algérie économiquement parlant :
1-L’illusion de la diversification économique en Algérie : entre annonces présidentielles et réalités structurelles
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité