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L'on dispose à cet égard, entre autres, d'une grille de lecture offerte par le Discours Royal du 20 août 2022. Qu'en est-il un an après ? Cette communauté est de l'ordre de 5,6 millions de personnes auxquelles il faut ajouter quelque 800.000 juifs marocains sépharades en Israël et d'autres encore dans la diaspora. Les liens des uns et des autres sont particuliers, c'est connu : un profond attachement au Royaume et à la défense de ses intérêts supérieurs. Mais ce qui reste encore à l'ordre du jour c'est cette question de principe posée par le Souverain, voici un an :"Qu'avons-nous fait pour renforcer le sentiment patriotique de nos immigrés ? Le cadre législatif en place et les politiques publiques tiennent-ils compte de leurs spécificités ? Les procédures administratives sont-elles adaptées à leurs attentes du moment ? Leur avons-nous assuré l'encadrement religieux et éducatif nécessaire ?".
Pas d'avancée...
À un premier niveau, celui du gouvernement, peut-on parler d'une avancée dans ce domaine ? Rien n'est moins sûr : après une réunion le 30 août dernier d'une commission interministérielle présidée par le chef de l'exécutif puis une autre en juin dernier, l'on en attend encore le résultat. Des sous-commissions auraient planché sur les multiples aspects de ce dossier, mais pour 1'heure des mesures concrètes peinent à être rendues publiques. Preuve dans ce domaine - comme dans tant d'autres- que des orientations Royales n'arrivent pas à être prises en compte et appliquées par le gouvernement. Même constat pour ce qui regarde les mesures d'accompagnement demandées en faveur des projets d'investissement des MMD : les banques, les institutions financières ont-elles innové en proposant des conditions de financement appropriées ? Voire.
Cela dit, les textes méritent d'être rappelés: tel l'article 16 la Constitution sur " la protection des droits et des intérêts légitimes" de tous les citoyens; tel aussi l'article 17 sur les MRE comme électeurs et éligibles; ou encore "leur participation aussi étendue que possible... aux institutions consultatives et de bonne gouvernance créées par la Constitution ou par la loi". Potentiellement, le champ de leur participation est important : il est pratiquement sans limite - comme tous les citoyens marocains. De fait, la concrétisation de tous ces droits reste encore bien formelle. Pour ce qui est de l'élection des membres de la Chambre des représentants, rien n'a été entrepris à ce jour : ni des circonscriptions électorales à l'étranger, ni le droit de voter et de se porter candidat ; ni des élus MRE au sein de cette institution. L'idée d'une refonte du CCME - pourtant consacré dans la nouvelle Constitution de 2011 en faveur d'un Conseil supérieur - n'avance pas aujourd'hui.
Une étude a été lancée par le CCME pour un benchmark de participation politique dans quinze pays retenus. Et après ? Manque, il faut bien le dire, une forte dose de volontarisme : du côté du département de l'Intérieur qui invoque des questions d'organisation logistique de la communauté MRE ; de celui aussi des partis politiques malgré un discours récurrent en la matière. Une représentation parlementaire des MRE - une bonne cinquantaine sur une base minimale de trois millions d'électeurs potentiels en âge de voter - réduirait d'autant le périmètre des partis... Aucun d'entre eux n'y souscrirait.
Un plafond de verre
Des annonces et des initiatives ont été faites. C'est le cas de la plateforme de monitoring "Mentor to Mentors" de la CGEM pour mobiliser les compétences des MDM, elle fait suite à, celle des Marocains entrepreneurs du Monde (MeM) lancée en 2017 et qui avait été baptisée " Treizième région" de la confédération patronale. Quel bilan aujourd'hui ? Personne n'en parle. A un autre niveau, le système bancaire, a-t-il été plus réactif ? Il faut rappeler que ce réseau gère plus de 60 % des transferts de la diaspora; que les dépôts des migrants sont pratiquement 24% de l'ensemble; que les transferts des MDM ont dépassé les 109 milliards de DH en 2022 (soit + 16,5% par rapport à 2021) et que cette tendance haussière se confirme pour les quatre premiers mois de 2023 avec une estimation de 114 milliards de DH à la fin de cette année, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib.
Tout paraît se passer comme si les MMD se heurtaient à une sorte de "plafond de verre" avec des particularités. La première : ils sont une précieuse manne pour la balance des paiements, leur attachement patriotique est salué de manière récurrente et même avec emphase, leurs potentialités et leurs compétences sont appréciées. La deuxième est celle-ci : tant de "résistances" freinent leur esprit d'entreprise dans le Royaume pour toutes sortes de raisons (corruption, bureaucratie, sécurité juridique, ...). Enfin, la dernière n'est pas la moins importante : celle de la place des MDM dans les domaines de la participation politique et de la représentation institutionnelle.
Dans son discours du 20 août 2022, le Souverain avait insisté sur cet aspect : "Il importe aussi, avait-il déclaré, de reconsidérer le modèle de gouvernance des institutions existantes afin d'en rehausser 1'efficience et la complémentarité ". Quel suivi à cet égard ?
Les uns et les autres paraissent bien regarder ailleurs... Continuer à louer les MDM et gérer un discours convenu: est-ce là une fatalité durable?
Au fond, ceci : le statu quo, le conservatisme et… la rente bancaire, et politique ! Un "marhaba" d'accueil qui ne dépasse pas les frontières du Royaume ?
Pas d'avancée...
À un premier niveau, celui du gouvernement, peut-on parler d'une avancée dans ce domaine ? Rien n'est moins sûr : après une réunion le 30 août dernier d'une commission interministérielle présidée par le chef de l'exécutif puis une autre en juin dernier, l'on en attend encore le résultat. Des sous-commissions auraient planché sur les multiples aspects de ce dossier, mais pour 1'heure des mesures concrètes peinent à être rendues publiques. Preuve dans ce domaine - comme dans tant d'autres- que des orientations Royales n'arrivent pas à être prises en compte et appliquées par le gouvernement. Même constat pour ce qui regarde les mesures d'accompagnement demandées en faveur des projets d'investissement des MMD : les banques, les institutions financières ont-elles innové en proposant des conditions de financement appropriées ? Voire.
Cela dit, les textes méritent d'être rappelés: tel l'article 16 la Constitution sur " la protection des droits et des intérêts légitimes" de tous les citoyens; tel aussi l'article 17 sur les MRE comme électeurs et éligibles; ou encore "leur participation aussi étendue que possible... aux institutions consultatives et de bonne gouvernance créées par la Constitution ou par la loi". Potentiellement, le champ de leur participation est important : il est pratiquement sans limite - comme tous les citoyens marocains. De fait, la concrétisation de tous ces droits reste encore bien formelle. Pour ce qui est de l'élection des membres de la Chambre des représentants, rien n'a été entrepris à ce jour : ni des circonscriptions électorales à l'étranger, ni le droit de voter et de se porter candidat ; ni des élus MRE au sein de cette institution. L'idée d'une refonte du CCME - pourtant consacré dans la nouvelle Constitution de 2011 en faveur d'un Conseil supérieur - n'avance pas aujourd'hui.
Une étude a été lancée par le CCME pour un benchmark de participation politique dans quinze pays retenus. Et après ? Manque, il faut bien le dire, une forte dose de volontarisme : du côté du département de l'Intérieur qui invoque des questions d'organisation logistique de la communauté MRE ; de celui aussi des partis politiques malgré un discours récurrent en la matière. Une représentation parlementaire des MRE - une bonne cinquantaine sur une base minimale de trois millions d'électeurs potentiels en âge de voter - réduirait d'autant le périmètre des partis... Aucun d'entre eux n'y souscrirait.
Un plafond de verre
Des annonces et des initiatives ont été faites. C'est le cas de la plateforme de monitoring "Mentor to Mentors" de la CGEM pour mobiliser les compétences des MDM, elle fait suite à, celle des Marocains entrepreneurs du Monde (MeM) lancée en 2017 et qui avait été baptisée " Treizième région" de la confédération patronale. Quel bilan aujourd'hui ? Personne n'en parle. A un autre niveau, le système bancaire, a-t-il été plus réactif ? Il faut rappeler que ce réseau gère plus de 60 % des transferts de la diaspora; que les dépôts des migrants sont pratiquement 24% de l'ensemble; que les transferts des MDM ont dépassé les 109 milliards de DH en 2022 (soit + 16,5% par rapport à 2021) et que cette tendance haussière se confirme pour les quatre premiers mois de 2023 avec une estimation de 114 milliards de DH à la fin de cette année, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib.
Tout paraît se passer comme si les MMD se heurtaient à une sorte de "plafond de verre" avec des particularités. La première : ils sont une précieuse manne pour la balance des paiements, leur attachement patriotique est salué de manière récurrente et même avec emphase, leurs potentialités et leurs compétences sont appréciées. La deuxième est celle-ci : tant de "résistances" freinent leur esprit d'entreprise dans le Royaume pour toutes sortes de raisons (corruption, bureaucratie, sécurité juridique, ...). Enfin, la dernière n'est pas la moins importante : celle de la place des MDM dans les domaines de la participation politique et de la représentation institutionnelle.
Dans son discours du 20 août 2022, le Souverain avait insisté sur cet aspect : "Il importe aussi, avait-il déclaré, de reconsidérer le modèle de gouvernance des institutions existantes afin d'en rehausser 1'efficience et la complémentarité ". Quel suivi à cet égard ?
Les uns et les autres paraissent bien regarder ailleurs... Continuer à louer les MDM et gérer un discours convenu: est-ce là une fatalité durable?
Au fond, ceci : le statu quo, le conservatisme et… la rente bancaire, et politique ! Un "marhaba" d'accueil qui ne dépasse pas les frontières du Royaume ?