Ce n’est pas tous les jours que la HACA procède à des suspensions de programmes, et on imagine que le CSCA n’y est pas allé de gaité de cœur. Mais les faits reprochés à la radio des frères Abou El Ghali, ne sont pas minces non plus. L’un de ses chroniqueurs vedettes, Rachid Achachi, n’a pas moins fait que de qualifier l’obligation du pass vaccinal de décision nazie.
Un seul extrait de ce qu’il a proféré suffirait à fixer sur l’extravagance du propos, sa légèreté aussi : « Je rappelle qu’à une époque en Allemagne, à l’époque de la dictature hitlérienne et du régime nazi, non mais j’assume ce que je vais dire parce que le parallèle est indiscutable et personne ne peut me contredire par rapport à ça et vous allez voir pourquoi ; il y avait une partie de la population Allemande [juive] qui a été déchue de beaucoup de [ses] droits. »
Le seul passage où il assure qu’il « assume ce que [il va] dire parce que le parallèle est indiscutable et personne ne peut [le] contredire par rapport à ça », mérite, au-delà d’une lecture sémantique, une analyse psychanalytique.
Une outrance de trop
Autorisée à la base pour promouvoir l’artisanat marocain, offrant depuis sa création certaines émissions de qualité, notamment le soir quand toutes les voix se taisent pour ne laisser la parole qu’à la musique, Luxe radio a fait le choix de cibler une niche, un public particulier, de « bobos » disait-on à une époque à Paris-rive-gauche, colline d’Anfa et forêt de Bouskoura, dit-on aujourd’hui à Casablanca.
Sans rien dénier de la qualité des Matins luxe et, surtout, de Avec ou sans parure, on a souvent au creux de l’oreille avec Luxe radio une boule soigneusement roulée de gauche-couscous assaisonnée d’altermondialiste offshore.
Dans ce registre, Rachid Achachi excelle, et depuis quelque temps, en déborde. Le chroniqueur qui ne manque ni de culture ni d’éloquence, donne l’impression, parfois désagréable, d’avoir l’ambition de vouloir, à défaut de pouvoir, changer à lui seul le Maroc qui irait sans doute mieux s’il se conformait à ses recettes.
Qu’il attrape l’hubris, c’est son droit. Mais de là à transformer la pass vaccinal en acte antisémite, il y a un holocauste et des ruines à ne pas enjamber.
Si l’on avait ses outrances, on irait chercher des causes œdipiennes à ses débordements. Mais comme on sait qu’il faut savoir raison garder, on se contentera de lui dire qu’en paroles comme en voiture, les excès de geschwindigkeit, ce n’est jamais bon.
Rédigé par Hassan Zakariaa sur https://quid.ma