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Les migrantes marocaines dans l’agriculture : entre précarité, discriminations et quête d’émancipation


Rédigé par le Jeudi 6 Février 2025

Le Policy Center For The New South a récemment publié une étude intitulée *« Parcours et défis des migrantes marocaines dans le secteur agricole : Cas de l’Andalousie et de la région Souss-Massa »*. Ce rapport propose une analyse comparative entre deux contextes distincts : les femmes migrantes internes employées dans la région de Souss-Massa et les migrantes marocaines exerçant en Espagne.



La migration n’est plus un phénomène exclusivement masculin. De plus en plus de femmes prennent le chemin de l’exil, poussées par divers facteurs, notamment les opportunités économiques et le regroupement familial. Comme dans de nombreux pays, le Maroc connaît cette évolution, notamment dans le secteur agricole. Pour mieux en comprendre les enjeux, le Policy Center For The New South a récemment publié une étude intitulée « Parcours et défis des migrantes marocaines dans le secteur agricole : Cas de l’Andalousie et de la région Souss-Massa ».

Ce rapport propose une analyse comparative de deux réalités distinctes : d’un côté, les migrantes internes travaillant dans la région de Souss-Massa, et de l’autre, les Marocaines exerçant en Espagne. L’objectif est de mettre en lumière les défis auxquels ces femmes font face sur les marchés du travail, tant nationaux qu’internationaux.

L’étude souligne une intersection de vulnérabilités pour ces migrantes. Au-delà des discriminations structurelles liées à la nature même de leur emploi, elles subissent des inégalités qui se renforcent mutuellement. « Dans le cas des femmes migrantes du secteur agricole, trois facteurs façonnent fortement leur expérience : le genre, l’origine et la classe sociale. Leur travail porte une stigmatisation sociale et est souvent associé à une appartenance à des groupes socio-économiques précaires », précise le rapport.

En outre, ces femmes se heurtent à des attentes contradictoires. Enracinées dans des normes traditionnelles, elles sont supposées gérer le foyer, s’occuper des enfants et assurer les tâches domestiques. Pourtant, leur réalité les oblige également à endosser le rôle de pourvoyeuses de revenus. Cet équilibre fragile entre responsabilités professionnelles et familiales génère un stress psychologique important, notamment en ce qui concerne la maternité.

Dans le cadre professionnel, les migrantes sont également confrontées à des violences et à du harcèlement fondés sur le genre, aggravés par l’absence de soutien institutionnel. L’étude met en évidence la situation particulièrement précaire des travailleuses en Espagne, notamment celles en situation administrative irrégulière. « La peur des représailles, comme la perte de leur emploi ou l’expulsion, empêche souvent ces femmes de dénoncer les abus », souligne le rapport.

Toutefois, la migration économique représente aussi une opportunité d’émancipation. « Pour nombre d’entre elles, intégrer la sphère économique signifie une rupture avec les contraintes familiales. Grâce à leur revenu, elles gagnent en autonomie et améliorent les conditions de vie de leur famille », observe l’étude.

Afin d’améliorer leurs conditions de travail, plusieurs pistes sont envisagées. L’élimination des critères de sélection discriminatoires, comme l’obligation d’être mère ou les exigences physiques, est une première étape. L’amélioration des contrats de travail, avec une meilleure prise en compte des droits sociaux et économiques des migrantes, est également essentielle.

Par ailleurs, des négociations sont en cours pour accorder des permis de travail de plus longue durée aux migrantes expérimentées, afin de simplifier les démarches administratives et leur permettre de mieux planifier leur avenir. L’étude insiste aussi sur la nécessité de mettre en place des services de proximité pour informer ces femmes de leurs droits et des ressources à leur disposition.

Enfin, le rapport rappelle l’importance du soutien aux initiatives portées par des organismes comme l’Anapec, qui accompagnent, forment et financent les projets des migrantes de retour au Maroc, favorisant ainsi leur autonomie financière.

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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 6 Février 2025

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