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Par Rachid Boufous
Décidément la démocratie au sein de ce parti, comme au sein des autres d’ailleurs, souffre du mal du siège éternel. Le chef refuse toujours de partir. Il veut rester le plus longtemps possible chef. Les hémorroïdes du pouvoir sans doute. Ça démange tellement le derrière des leaders politiques, qu’ils refusent de céder leur place à d’autres prétendants. Pire, ils estiment qu’ils sont les seuls aptes à pouvoir diriger leurs partis et que sans eux, celui-ci disparaîtrait immanquablement.
On pensait que le PJD était fait d’une autre glaise et qu’il allait montrer l’exemple face aux autres partis. Que Nenni ! Benkirane aime tellement le pouvoir qu’il tuerait le premier prétendant au poste de Secrétaire général, juste pour y demeurer éternellement. On a vu comment il a dézingué Ramid, Rabah et Othmani !
Il a très bien compris, qu’au pays des Sultans, le pouvoir ne se partage pas !...
Sauf que ni Benkirane ni les autres chefs de partis ne sont des Sultans, même s’ils adorent les atours et le faste des monarques. J’y suis, j’y reste ! Fhemtini Oulla Lla ?…
Pourtant Benkirane s’entête à vouloir rester à la tête de son parti. Il n’a pas compris, ou ne veut pas comprendre, que le Makhzen ne veut plus de lui ni de son parti. Il a servi d’alibi à un moment donné en 2011 et puis il a été jeté comme un kleenex usagé, par le système. Il a cru le bougre, qu’on l’avait choisi pour sauver le pays lors du printemps arabe ! D’ailleurs il n’a pas arrêté de le seriner à longueur des discours populistes qu’il affectionne. Il n’a pas compris comme d’autres que en dehors de la monarchie, personne n’est indispensable au Maroc, quel que soit son degré de vanité…
De plus, depuis le décès de son compagnon Abdallah Baha, Benkirane ne maîtrise plus son verbe et ne cesse de dire des conneries sur tous les sujets qu’il aborde, ce qui a eu l’heur d’exaspérer fortement le Makhzen, qui a décidé de se passer de lui…
C’est pour cela que le choix s’est porté sur Othmani à la Primature, avant de zapper tous les zoghbus du parlement, pour n’en laisser que 12 nains poilus siéger à la première chambre…
Ce fut donc un congrès sans surprises donc, où les lièvres Idrissi Azami et Bouanou ont joué les factotums de service contre Benkirane en se présentant contre leur père spirituel, histoire de dire que les règles démocratiques sont respectées. Ça la foutait mal de devoir être le seul candidat à se présenter à l’élection. Il faut sauvegarder les apparences, même si la « Démocrature » est de rigueur dans tous les partis et pas seulement au PJD…
Mais pour un parti qui se dit populaire et contenant le plus de membres, il n’ya eu que 1402 votants au congrès, Benkirane ayant eu 974 voix contre 374 pour Azami Idrissi et 42 pour Bouanou…
Il faut dire que cette fois ci, peu de délégués ce sont déplacés ou ont tout bonnement disparu depuis les dernières élections où le parti est passé de plus de 110 sièges au parlement à 12 sièges…
Les patrons des autres partis étaient présents en l’absence de ceux de la majorité gouvernementale, avec lesquels Benkirane reste très fâché. Pourtant, s’il compte revenir un jour au pouvoir, il devra composer avec eux, si toutefois son parti est invité à le faire, ce qui est loin d’être évident. Mais au Maroc, rien n’est impossible et les ennemis d’aujourd’hui deviennent demain, copains comme cochons, comme par enchantement…
Benkirane dans son discours d’investiture à vie, a fustigé le ministère de l’intérieur qui l’aurait privé de la subvention pour organiser son congrès, pour d’obscures raisons, qu’il n’a pas expliquées. Il a dit aux congressistes que c’était la première fois qu’ils se réunissaient grâce à l’argent du PJD et non à celui du Makhzen… Faut faire gaffe ! Ce genre de déclarations s’enregistrent et sans la mansuétude du Makhzen qui a voulu que le PJD existe en tant que parti politique, ses adhérents et « mourides » seraient encore à se réunir dans des cafés glauques à Sidi Bennour ou dans des cabines téléphoniques…
Toutefois le fait d’inviter un chef de parti mauritanien membre des frères musulmans et surtout ayant déclaré son soutien au polisario à maintes reprises, a été une erreur de la part du Marabout du PJD. L’intégrité du pays et la défense de la nation sont plus sacrés que des considérations fraternelles avec les frères musulmans d’où qu’ils viennent. Faut pas jouer avec ça Ssi Benkirane !
Déjà que l’on ne voit pas beaucoup les islamistes sortir défendre l’intégrité territoriale du pays préférant défendre gaza, il ne faut pas en plus inviter nos ennemis chez nous ! Il y’a des limites que l’on ne transgresse pas !
Maintenant, est-ce que le PJD a encore un venir politique ?
Je ne le crois pas, d’autant plus que son allié putatif qu’était Al Adl Wa Al ihsane en 2011, s’est détourné de lui et a certainement fait perdre le PJD aux dernières élections, beaucoup plus, que le quotient inventé par les hiérarques du ministère de l’intérieur pour l’affaiblir. Il est important de garder en tête qu’aujourd’hui que Al Adl reste la première force d’opposition au Makhzen, loin, très loin, de tous les partis de l’ancienne Koutla et des autres forces d’opposition du pays.
Cette secte islamiste, créé par Abdeslam Yassine, un ancien instituteur en rupture de ban avec la confrérie des Boutchichis de Madagh, continue à mobiliser des centaines de milliers de personnes au Maroc et à l’étranger, émettant des avis et communiqués politiques tout en refusant de se constituer en parti. C’est Al Adl qui continue à mobiliser en masse pour les manifestation pour Gaza à travers le pays. On a vu la dernière manifestation aux abords du port de TangerMed il y’a quinze jours encore. Il cherche l’affrontement avec les autorités pour se faire passer en victime à l’international, mais n’y arrive pas, vu l’intelligence des forces de l’ordre de ne jamais répondre à ses provocations.
Bref, on va continuer à se taper les sorties de route de Benkirane, 4 ans de plus, à partir de son salon du quartier des orangers, à ruminer son aigreur d’avoir été viré de la primature par son ennemi intime, Aziz le pompiste…
La réélection de Benkirane nous renseigne encore une fois que les choses ne sont prêtes à changer au bled et que les chefs politiques ne veulent pas faire place nette aux jeunes générations et aux nouvelles têtes, accrochées aux sièges de chefs de clans, quitte à en développer les hémorroïdes du pouvoir….
Rachid Boufous
28/04/2025